Swissway to Heaven : Cédric Lachat selon Guillaume Broust

Swissway to Heaven : Cédric Lachat selon Guillaume Broust

Guillaume Broust est réalisateur depuis plus de vingt ans. Il a à son actif deux cents  documentaires outdoor. Escalade, alpinisme, ski, parapente, il a tout filmé. Pendant seize ans, il a été le réalisateur officiel de Petzl et c’est lui qui a mis en images tous les Petzl Roc Trips. Avec autant d’expérience, on est curieux de lui demander comment il a vécu la réalisation de Swissway to Heaven, et les nombreuses journées de tournage avec Cédric Lachat, un grimpeur pour le moins atypique…

Qu’est-ce que la cordée Nina Caprez-Cédric Lachat a de particulier en grande voie que n’avaient pas d’autres cordées que tu as pu filmer dans ta carrière ?

Ça s’engueule beaucoup plus ! Ils ont vécu longtemps ensemble, c’est comme un vieux couple. Mais en paroi, ils arrivent à transcender leur histoire commune. Eux-mêmes étaient surpris de l’alchimie qui opère entre eux dans la voie. Plus sérieusement, avec eux, j’ai surtout vécu l’efficacité. Ce ne sont pas que des grimpeurs, ils ont un énorme bagage technique.

Equiper une voie comme WoGü de haut en bas pour l’équipe de tournage, c’est une grosse mécanique. Ça veut dire porter jusqu’à 400 mètres de corde statique jusqu’en haut de la voie, équiper tous les relais, installer les fractios, penser aux chutes de pierre, gérer les frottements de la corde, retirer toutes les cordes quand on fait les images au drone, puis les remettre en place… En plus il y avait deux caméras, donc deux fois plus de cordes. J’ai vraiment apprécié le côté hyper sécu, hyper carré. L’efficacité à la suisse ! Mais dans ce genre d’environnement, quand tu as 300 mètres de vide en dessous, tu apprécies que rien ne soit laissé au hasard !

Swissway to Heaven - Lautrebrunnen © Guillaume Broust

Qu’est-ce que Cédric, par sa personnalité, apporte à l’aventure humaine que partage toute l’équipe de réalisation d’un film comme ça ?

Cédric, c’est un caractère très marqué, hors normes, avec un côté loufoque très attachant qui apporte de la bonne humeur et de la rigolade, et en même temps hyper carré. S’il annonce qu’on part à 8h, ce n’est pas 8h02 ! C’est aussi quelqu’un de très généreux, qui donne sans compter, quitte à le payer de sa personne.

Pour le film, il a énormément travaillé pour nous, pour la réalisation. Il a constamment mis tout en œuvre pour notre sécurité, géré les autorisations de vol du drone, l’arrêt du train à mi-parcours à l’Eiger, pris tous les billets… C’est surtout à ce niveau que je ressens la différence avec d’autres athlètes avec qui j’ai pu travailler. Avec Cédric, c’est plus facile parce que tu te sens épaulé et secondé dans l’organisation. C’est une machine d’efficacité.

Portrait Cédric Lachat © Guillaume Broust
Swissway to Heaven - Cédri Lachat & Nina Caprez - Wogü © Guillaume Broust

Est-ce que tant d’investissement au niveau de l’organisation est compatible avec la performance en escalade ?

Justement non, cela met en péril la performance de grimpeur, qui est un volet à part entière du film. La plupart des grimpeurs dans les films sont en mode « performance », et ils sont focalisés pour mettre toutes les chances de leur côté pour la réussite de l’exploit. Cédric s’est donné les moyens de faire un beau film, et il a donné beaucoup pour la réussite du film.

Concrètement, ça veut dire consacrer aux images une semaine de beau temps sur des créneaux météo déjà rares, et s’ajouter par la même occasion une semaine de fatigue, parce que qui dit images dit portages, manips de corde, et toute cette assistance technique que fournit Cédric sans ménager sa peine. Inévitablement, tout cela prend de l’énergie sur ses essais de grimpeur.

Au bout d’une cinquantaine de jours de tournage sur deux ans, il l’a même payé en problèmes de santé. Il y a très peu de grimpeurs qui font ça.

Swissway to Heaven - Wogü © Guillaume Broust

Comment tu te sens quand tu démarres un nouveau film d’escalade en paroi ? Qu’est-ce que ça représente de particulier pour un réalisateur ?

Pour les films outdoor, qu’on soit en paroi, sur la neige, la glace ou dans les airs, on est très contraint par l’environnement. Il faut en permanence s’adapter aux conditions du milieu dans lequel on est, en trouvant des combines. Il faut aussi s’adapter à l’action, pour essayer d’attraper l’instant clé, la bonne blague… On est vraiment en mode documentaire. Est-ce qu’il va enchaîner ou pas, est-ce qu’il va tomber ou pas, tout ça se décide dans l’instant, on ne sait pas ce qui va se passer, et pourtant c’est ce que fait le sportif, finalement, qui va faire le film !

Pour les films d’escalade en particulier, on est beaucoup bridé par la technique. On est sur une corde, on ne peut pas en bouger, et d’ailleurs on n’en a pas trop envie ! Ça verrouille pas mal le cadre.

Pour Swissway to Heaven, ça nous a incités à travailler beaucoup sur le son. Les dialogues sont très présents, le spectateur entre au cœur des discussions en paroi. Mais pour cela il fallait que les grimpeurs acceptent d’avoir en permanence un micro-cravate. Et quand tu es à vingt grammes près, en limite de capacité dans des longueurs en 8c, ça ou le drone qui te tourne autour, ça rajoute encore un frein à la réalisation sportive pure…

Est-ce qu’il y a une signature Guillaume Broust ?

J’ai à cœur de raconter les histoires dans l’humour, avec de la joie. Il faut du second degré et de l’autodérision pour travailler avec moi ! Alors oui, il y a cette signature, l’idée de démystifier ces aventures et de rendre les protagonistes plus humains, en s’éloignant du cliché de héros. Avec une bonne dose d’humour, suisse ou belge, de préférence !

Ce qui se retrouve aussi dans mes films, c’est le travail autour de la dimension musicale. J’aime filmer des musiciens et réintégrer leur musique dans le film, ou faire travailler des musiciens indépendants pour ajouter quelque chose d’original au son, comme on l’a fait justement pour Swissway to Heaven.

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🔎 Articles parus autour du film Swissway to Heaven :

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Swissway to Heaven - Lautrebrunnen © Guillaume Broust
Arves-en-Ciel : Toujours plus fou

Arves-en-Ciel : Toujours plus fou

Il fallait être assez fou pour y penser, encore plus pour le faire : tendre une highline de 480 m entre deux sommets des aiguilles d’Arves, dans le massif de la Maurienne, à 3 500 m d’altitude. Derrière la prouesse, il y a surtout une incroyable aventure humaine, que nous racontent, à deux voix, Antoine Cretinon, l’un des deux slackliners qui portaient le projet, et Antoine Mesnage, le réalisateur, lui aussi slackliner.  

 

Le projet est présenté comme difficile techniquement : qu’est-ce qui aurait pu tout faire rater ?

Antoine Cretinon : La réalisation a été complexe parce qu’elle nécessitait un parfait alignement de planètes. D’abord, obtenir les autorisations nécessaires à la mise en place d’une telle installation. Ensuite, avoir un créneau de trois jours de beau temps, sans vent. Le genre de fenêtre météo qui est rare à 3 500 m d’altitude ! Il fallait donc se tenir prêt à sauter sur l’occasion dès qu’elle se présenterait. Enfin, réunir une équipe solide et complémentaire, acclimatée et prête à faire de multiples allers-retours de portage avec aucune certitude sur le résultat final ! Clairement, le projet n’aurait pas réussi si on n’avait pas eu les bonnes personnes au bon moment, lors du bon créneau météo.

 

Arves-en-Ciel

📷 crédit photo : ©Antoine Mesnage

Une grande partie du film est réalisée avec des images de drone époustouflantes : est-ce que le drone donne ses lettres de noblesse au film de highline ? 

Antoine Mesnage : Le drone permet d’avoir une image stabilisée et qui tourne autour de la ligne à 360 degrés, et c’est vrai que pour filmer un personnage sur une highline, c’est-à-dire en lévitation au milieu de nulle part, il n’y a pas de meilleur rendu, comme dans le plan séquence où je tourne autour de Camille en plein ciel. Mais le drone ne restitue pas les émotions, celles qu’on ne peut saisir qu’avec un boîtier, en plan rapproché. Donc c’est un bon complément, mais ça ne peut pas être la seule source d’images.

Est-ce que l’utilisation du drone à plus de 3000 m faisait partie des difficultés ?

Antoine Mesnage : Ce qui est compliqué pour faire voler un drone, c’est le vent. Mais comme ça pose aussi un problème pour la highline, si les conditions sont bonnes pour la traversée, elles le sont aussi pour le drone. La difficulté vient plutôt de la longueur de la ligne, parce que le drone se trouve parfois très loin, et il faut bien anticiper le retour qui peut prendre trois ou quatre minutes. Lors du passage de ligne entre les deux aiguilles effectué par le deuxième drone, j’étais tellement concentré pour filmer cet instant décisif que je n’ai pas vu que mon drone n’avait plus que 4% de batterie ! La récupération a été un grand moment de stress où je redoutais à chaque seconde de le voir se crasher dans le vide…


Arves-en-Ciel

📷 crédit photo : ©Antoine Mesnage

Que faut-il pour faire un film de highline marquant, à part un décor exceptionnel ?

Antoine Mesnage : Dans le film, je ne voulais pas qu’il y ait plus de cinq minutes de highline, parce que même si les images sont belles, ce n’est pas très dynamique, voire un peu ennuyeux si ça dure trop. Je voulais surtout axer le film sur le défi logistique, la réflexion, le rêve qui animait ce projet, le déroulement, les difficultés liées à l’ampleur du projet. Ce qui fait le film, ce sont surtout les émotions qui se dégagent, l’équipe formidable qui s’est réunie autour de cette idée, et toute l’aventure humaine que cela représentait.

Qu’est-ce que ça apporte à un réalisateur de film de highline d’être pratiquant lui-même ?

Antoine Mesnage : Le fait de pratiquer me donne la vision de ce qui va être difficile, me permet de savoir à quel moment il va y avoir plus ou moins d’émotion, et de mieux anticiper pour capturer ce que je veux dans les images.

Combien de temps ça prend pour traverser 480 m de highline à plus de 3 000 m d’altitude ?

Antoine Cretinon : Ça dépend de la vitesse de marche. Théo Sanson, le premier à l’avoir traversée sans tomber, a mis 50 minutes environ ! Personnellement, j’ai mis 25 minutes, parce que je sais que je n’ai pas l’endurance pour tenir plus de 30 minutes sur une ligne.

On est six à avoir traversé : Théo Sanson, Julien Roux, Florent Berthet, Camille Le Guellaut, Antoine Mesnage et moi. Mais j’aimerais saluer aussi les nombreuses personnes qui se sont fait plaisir dessus : Célia, Julien, Maho, Damian, Philippe, et tous ceux qui nous ont aidés au portage : Nico, Greg, Lucie, Marie, Lucas, Michel, Guilhem… Et aussi saluer la performance de Damian, qui a traversé les 480 m de slack en poulie, avec un gros sac, pour laisser Camille et Flo revenir en slackant de l’aiguille Méridionale jusqu’à la Centrale où se trouvaient les autres. Cette highline, ce n’est pas un exploit individuel de quelques personnes, mais avant tout un magnifique travail d’équipe.

 

Arves-en-Ciel

📷 crédit photo : ©Antoine Mesnage

Est-ce que tu as le sentiment que la highline n’aura plus jamais la même saveur après une réalisation aussi exceptionnelle ?

Antoine Cretinon : Je me suis posé la question, en effet. Mais finalement, ça a plus eu un effet de booster. On a montré que c’était possible de mettre une si longue highline en haute montagne, alors au contraire, on s’enlève des barrières mentales et on s’autorise à rêver plus haut, plus long !

Qu’est-ce qui pourrait être encore plus fou maintenant ?

Antoine Cretinon : Le fait d’avoir tendu une highline entre deux sommets aux aiguilles d’Arves ouvre le champ des possibilités ! Je pense notamment au massif du Mont-Blanc, où des « petites lignes » ont été ouvertes mais jamais de gros projets qui relient deux sommets distincts. Evidemment, j’ai plein d’idées en tête, et je ne dois pas être le seul ! Alors mon défi aujourd’hui, c’est de réunir ces rêveurs un peu « fous » pour créer quelque chose de beau, de grand, de surréaliste…

Quel est le Top 3 des highlines les plus improbables qui ont un jour été tendues et traversées ?

Antoine Cretinon : C’est très subjectif. Pour certains, le critère sera la longueur, sachant que le record est maintenant à 2 000 m ! Pour d’autres, ça sera la performance ou le spectacle. De mon côté, j’ai toujours été inspiré par la beauté éphémère et poétique de la highline. Si je dois en citer trois, je dirais d’abord la highline du Grépon, dans le massif du Mont-Blanc. Elle ne fait que 15 m, mais elle est comme la dernière pièce du puzzle qui complète l’authentique traversée Charmoz-Grépon. Elle a été ouverte par les Flying Frenchies, les pionniers de la highline en haute montagne, pour qui j’ai une profonde admiration. Une highline de 430 m a été installée et traversée par Pablo Signoret et Lukas Irmler avec des ancrages sur deux cascades de glace. Ça pousse le côté éphémère de la highline à l’extrême, j’adore ! Enfin j’ai également été beaucoup touché par le premier kilomètre traversé par Nathan Paulin et Danny Mensik à Aiglun. En plus de réaliser un record du monde, ils ont conservé l’idée de réaliser une ligne esthétique.

Liens utiles

🎥 Pour en savoir plus sur le réalisateur Antoine Mesnage :

https://www.instagram.com/antoine.mesnage

🤸 Son portrait vidéo :

https://youtu.be/vBg5MK4qH8E

🎬 Retrouvez le film Arves-en-Ciel dans le programme du Festival de Banff France

 https://www.banff.fr/films/

Arves-en-Ciel

📷 crédit photo : ©Antoine Mesnage

Ouvrir la voie, les coulisses de la grimpe…

Ouvrir la voie, les coulisses de la grimpe…

Quand on débute l’escalade en falaise, arrive toujours un moment où l’on se demande : mais qui met les spits dans la montagne ? Est-ce que quelqu’un vient vérifier/remplacer ce bout de fer sur lequel je suspends ma vie ? Le film Le Jardin des Spits de Pema Vives répond à toutes ces questions avec de beaux portraits d’ouvreurs sévissant dans tout le pays.

Rencontre avec Pema qui nous dit tout sur son film.

Comment t’est venue l’idée du film ?

Pour son deuxième rassemblement annuel, « La Fête du Spit #2 », Greenspits a projeté le film Escalade Verbale, superbe documentaire sur l’escalade réalisé par Jean Kanapa en 1999. À la demande de Greenspits, j’ai réalisé un petit teaser en vue de cette projection, et de là est née l’envie commune de réaliser un documentaire qui ferait écho à Escalade Verbale, 20 ans plus tard.

Quant à ma motivation personnelle, j’ai commencé l’escalade assez tard, vers 28 ans, et je grimpais uniquement en falaise avec des potes débutants comme moi. Je n’avais alors aucune idée de comment étaient gérées les falaises, de qui équipait les voies, de comment fonctionnaient les topos… Je me disais genre que des gens étaient payés pour faire ça et que les clubs et municipalités géraient le truc, ou alors que les falaises sortaient de terre avec des spits déjà dessus. D’ailleurs, il faut pas trop en parler, mais j’ai tous les topos Rockfax du sud de la France sur mon étagère (rires) !

Et puis petit à petit, j’ai découvert l’envers du décor, au travers de rencontres et aussi en travaillant avec Greenspits, et je me suis dit qu’il était important de faire découvrir cet aspect de notre activité au plus grand nombre de grimpeurs et de les sensibiliser à ces problématiques, afin que chacun puisse avoir les clés en main pour devenir plus acteur de sa pratique, comme cela a été le cas pour moi. Et pour ça, quoi de mieux que de donner la parole aux équipeurs et d’écouter leurs précieux témoignages !

Comment s’est passé la production et réalisation de ce premier film ?

Pour le côté production, j’ai obtenu dès le départ une bourse du FODACIM, ce qui a été un élément décisif pour me lancer dans ce projet, et après ça avec Greenspits on a trouvé un premier partenaire assez vite, donc je savais que le film ne me coûterait rien, ce qui était déjà bien pour un premier film de cette ampleur ! Ensuite, on a eu la chance de trouver deux autres partenaires, et j’en profite d’ailleurs pour remercier tous nos partenaires, le FODACIM, Expérience Outdoor, Arkose et Climb’Up Fonds de Dotation !
Pour le côté réalisation, les trois premiers tournages qui ont eu lieu pendant l’été 2018 se sont vraiment bien déroulés et j’ai cru que l’affaire serait pliée à l’automne, mais j’étais loin du compte. Après ça, les galères ont commencé, entre la météo capricieuse, les soucis matériels, les incompatibilités d’agenda… Au final, j’ai tourné les dernières images pendant l’été 2020 ! Donc en tout, ça m’aura pris presque trois ans de la naissance du projet à son aboutissement.

Peux-tu nous parler plus précisément du concept du film ?

La réalisation du film n’était que le premier acte d’un projet imaginé en deux actes. Quand nous nous sommes lancés dans cette aventure avec Greenspits, notre volonté était de créer une cagnotte avec tous les bénéfices issus de la vente du film pour pouvoir ensuite financer des projets d’équipement et de rééquipement sur la base d’un appel à projets national. Bon, finalement, il n’y a pas vraiment eu de bénéfices, mais grâce à tous ceux qui ont participé au financement participatif et grâce aussi aux bénéfices réalisés lors de la Fête du Spit #5, on a quand même réussi à créer une cagnotte de 4 700 €. J’ai décidé de rejoindre Greenspits suite à la sortie du film car ça me tenait à cœur de mener cet appel à projets, et à l’heure où je vous parle, l’appel est terminé et 5 beaux projets vont pouvoir être soutenus, donc c’est vraiment génial ! Les détails arriveront bientôt sur la page Facebook de Greenspits.

Peux-tu nous présenter Greenspits et nous parler de la Fête du Spit ? En dehors de cet évènement, quelles sont les missions menées par cette association et comment le public peut-il participer ?

Greenspits, c’est une association environnementale et d’intérêt général qui œuvre pour la préservation des sites naturels d’escalade. C’est une asso qui a été fondée il y a 6 ans avec pour volonté de créer et d’accompagner une nouvelle communauté de grimpeurs investis et responsables. La Fête du Spit a été un bon point de départ et est devenue un moment fort de l’asso. C’est avant tout l’occasion de se rassembler autour de valeurs communes, de sensibiliser les grimpeurs au travers d’ateliers et de conférences, et de passer un super moment tous ensemble. Mais Greenspits mène également des actions tout au long de l’année, notamment en organisant des Clean up Days et en offrant un soutien matériel aux équipeurs locaux. L’asso vient aussi d’organiser sa deuxième semaine de transmission d’expérience autour du rééquipement, dont le but est autant d’apporter les bases théoriques que de transmettre nos valeurs aux grimpeurs désireux de participer à la pérennisation de notre activité. Sans oublier notre premier appel à projets. Bref, autant d’actions qui rencontrent un franc succès et ont pour vocation d’être pérennisées. Pour participer, rien de plus simple, il vous suffit d’adhérer à Greenspits et de rejoindre l’aventure !

Retour au film, est-ce que tu as des anecdotes de tournage à partager ?

Pour le premier tournage, je suis allé à Chambéry rencontrer Mathieu et sa compagne Amandine. Comme c’était une première pour moi et que je ne les connaissais pas du tout, j’étais naturellement bien stressé. Je me suis garé dans la petite pente devant leur maison et j’ai été accueilli par Mathieu. On a commencé à discuter tranquillement sur leur terrasse, puis Amandine est arrivée et m’a gentiment demandé si je n’avais pas des soucis de frein à main, car ma voiture était encastrée dans leur porte de garage ! Au final, plus de peur que de mal, mais comme entrée en matière, on a connu mieux (rires) !

Je pourrais aussi parler de l’interview de la dream team du Tarn où les objets sur la table avaient étrangement tendance à se déplacer tout seuls pour former de drôles de sculptures… Avis aux spectateurs attentifs !
Et sinon, de manière générale, je précise que toutes les scènes ont été tournées sur le vif, sans préparation, même celle où Armand sort la Dallas du garage à la main, sans aucun doute ma scène préférée du film (rires) !

De nombreux grimpeurs ouvreurs sont interviewés dans ton film, comment s’est fait le choix de ces protagonistes ?

Le choix n’a pas été simple évidemment, car les personnages passionnants ne manquent pas dans ce milieu. Je suis parti d’une liste d’environ 30 noms puis j’ai fait des recherches sur Internet pour affiner ma sélection. L’idée était d’avoir un panel d’équipeurs assez varié, tant au niveau de l’âge que de la zone géographique, mais aussi de présenter des fonctionnements différents, comme les équipeurs du Tarn ou Armand qui travaillent en étroite collaboration avec les collectivités et éditent des topos, les équipeurs d’Ubaye qui ont un fonctionnement plus associatif, ou encore des équipeurs comme Bruno, Antonin ou Mathieu qui sont plus des électrons libres.

Enfin pour être honnête, ça s’est surtout fait au feeling et je ne regrette vraiment pas mes choix ! Et surtout, je remercie chaleureusement les équipeurs qui ont tous répondu favorablement à ma sollicitation et accepté de me donner de leur temps, ce qui était vraiment une chance.

Pour l’anecdote, je me suis décidé à contacter Armand après avoir lu un portrait de lui sur le site d’Escalade-Alsace**, portrait juste mythique que je vous invite tous à aller lire !

Comment vois-tu l’avenir concernant les financements et l’entretien des voies en France ?

Sur ce point, je partage tout à fait le point de vue d’Olivier, d’ailleurs bien plus spécialiste que moi en la matière, quand il dit qu’il n’y aura pas une même formule applicable partout. Il y a des secteurs qui vont être entretenus bénévolement par les grimpeurs, d’autres qui vont être entretenus grâce à des clubs ou des associations, comme on peut déjà le voir aujourd’hui avec l’apparition d’associations locales qui mènent des actions de clean up, d’équipement ou de rééquipement, et enfin d’autres qui vont être entretenus par les collectivités quand il y a un enjeu touristique et que l’escalade les intéresse. Ça peut aussi être un mix de tout ça. En tout cas, c’est vraiment encourageant de voir toutes les nouvelles initiatives qui naissent aujourd’hui !

👉  Site de Pema Vives : www.pemavives.com

👉  Greenspits : www.greenspits.com et sur Facebook : @greenspits

🧗‍♂  Portrait d’Armand sur Escalade-Alsace

🎬  Lien Film Escalade Verbale :

Transcontinental Race, le plaisir de souffrir

Transcontinental Race, le plaisir de souffrir

Parcourir des kilomètres à vélo en autonomie à travers toute l’Europe, ça peut paraître une bonne idée de vacances. Imaginez maintenant devoir faire en moyenne 235 km par jour pendant plus de 2 semaines, s’orienter dans des contrées inconnues et pédaler de jour comme de nuit sur tous types de route et vous aurez une petite idée de ce qu’est une course comme la Transcontinental Race. Cette classique dans l’ultra cyclisme attire un type particulier de coureurs : des guerriers et guerrières de la pédale, passionnés.ées de la chambre à air, un brin masochistes. Le réalisateur Antonin Soret-Michaud suit ces héros anonymes durant 3 éditions de la célèbre TCR, de 2016 à 2018, pour son film ONBOARD The Transcontinental Race.

Matthieu Lifschitz, l’un des protagonistes de cette aventure, répond à quelques questions.

Comment t’est venue cette passion pour la pratique du vélo et des courses d’ultra cyclisme ?

Par curiosité. N’ayant pas le permis de conduire, le vélo fut d’abord pour moi l’occasion d’aller découvrir ma région. Puis, petit à petit, j’ai rallongé les distances pour aller voir un peu plus loin.

Fasciné depuis toujours par les montagnes et n’habitant pas si loin des Alpes, j’ai rapidement entrepris des sortes de raids en solitaire pour y accéder sans non plus partir une semaine.

Pas que je tenais absolument à partir seul, c’est surtout que je ne trouvais personne dans mon entourage qui avait la même envie… Donc j’y suis allé.

De là, je me suis habitué à rouler longtemps en autonomie, et c’est au début des années 2010 que j’ai pris conscience qu’une discipline, correspondant aux mêmes critères que ma pratique, existait : la longue distance et les brevets Audax*. Les courses d’ultra distance en autonomie sont récentes et c’est à cette période qu’ont commencé à émerger quelques épreuves en dehors des brevets officiels de la Fédération française. J’y ai naturellement porté intérêt me retrouvant plus dans un univers en pleine croissance, jeune et moins engoncé de dogmes de vieux routiers en s’affranchissant de leurs habitudes et choix techniques.

Comment as-tu entendu parler de la TCR et quelle est ton histoire avec cette course ?

Comme beaucoup, c’est en découvrant le documentaire MELONS, TRUCKS & ANGRY DOGS** retraçant l’aventure de Recep Yesil and Erik Nohlin, sur la première Transcontinental en 2013, que j’ai eu le déclic.

À force de rencontrer des pilotes ou d’avoir des amis dans mon entourage qui s’y sont alignés, je me suis lancé. Trois fois, la première, la No5 en 2017 que j’ai abandonnée en Slovaquie dans les Hautes-Tatras au check point 3, après de plus de 2 000 km de course.

J’étais mal parti, pour tout un tas de raisons qui n’ont eu de cesse de s’aggraver sur la route. J’ai ensuite enchaîné la No6 et No7, respectivement en 2018 et 2019 en arrivant à chaque fois au terme.

La plus marquante est évidemment la No6 : c’était la revanche, le tracé était dans la plus pure tradition de la TCR avec un départ de Grammont, en Belgique. Puis, une longue traversée franchissant d’innombrables montagnes jusqu’aux Balkans où la donne change totalement. Partir dans ce sens et se retrouver dans des contrées très différentes des nôtres après plus de 3 000 km de course (et restant environ 1 000 km à parcourir) est autrement plus difficile que l’inverse comme sur la No7 (retrouver peu à peu une civilisation plus moderne et achalandée en partant des Balkans vers Brest en France).

Cette longue descente dans l’inconnu comme sur la No6 explose le compteur du dépaysement, cette sensation est unique.

Comment te prépares-tu pour ces courses ?

Je n’ai pas de préparation spécifique. Habitant dans le sud de la France, même s’il fait froid l’hiver, la météo est plus clémente que dans pas mal de régions. Donc, je roule à l’année sans trop de contraintes.

Parfois je sors par simple plaisir, parfois dans le cadre de reportages que je réalise pour le magazine 200.

Mis bout à bout, ça fait des bornes, et la variété de parcours disponibles dans les environs de Marseille où je réside, m’offre la possibilité de m’entraîner là où j’ai besoin de progresser, comme m’améliorer dans les ascensions escarpées ou au contraire savoir trouver un rythme soutenu et régulier sur des parcours plus roulants. Quelques semaines avant chaque course, je fais plus attention à ce que je mange ou bois, limitant tout ce qui pourrait affaiblir mon endurance comme trop de gras ou trop d’alcool, mais sans jamais trop me contraindre. Bien vivre, être bien dans sa tête et son corps, ce sont aussi des choses très importantes pour moi. N’ayant pas de prétention particulière en termes de classement, je peux me permettre cette souplesse en gardant comme simple cap d’être à l’aise. J’essaye de m’aligner sur au moins deux ou trois courses chaque année comme la Trans Pyrénées Race (organisée par Lost Dot comme la TCR) ou plus récemment la Two Volcano Sprint en Italie. Le tout ponctué de challenges non chronométrés ou de longues sorties entre amis, ça me fait un calendrier bien fourni !

 

Quel est ton plus beau souvenir et ton pire souvenir d’une course ?

Impossible de répondre catégoriquement, il y en a trop qui se valent. Mais le meilleur sur la TCR, c’est évidemment au check-point 2 de la No6, au sommet du Mangartsko Sedlo en Slovénie. J’étais submergé d’émotion, je savais bien que nous n’étions qu’à mi-course, mais pour la première fois, j’ai eu cette sensation que rien ne pourrait m’arrêter, que j’allais aller jusqu’au bout quoi qu’il arrive, que j’étais en train de vivre ma revanche tant attendue. J’étais bien, à ma place, totalement détaché de toutes les histoires du quotidien. C’était très troublant, mais exaltant, galvanisant.

Le pire ne fut pas un événement dantesque comme il peut arriver parfois avec des météos compliquées ou des chiens trop entreprenants, mais la lassitude. Je l’ai sentie à plusieurs reprises, c’est normal et il faut savoir jouer des montagnes russes émotionnelles. Mais la fois la plus marquante fut sur la No7 lors de la traversée finale de la France vers l’arrivée à Brest. Je me battais contre un fort vent de face pendant environ 1 000 km, réduisant à peu près tout : ma vitesse, mon moral, ma forme physique. J’ai fini par arriver, il était hors de question de baisser les bras après tant de chemin parcouru, mais ce désert d’émotion, ce vide de sensation est presque plus compliqué à surmonter que l’humidité tenace en Autriche ou pousser son vélo sur des kilomètres de parcours obligatoire inroulables au fin fond de la Serbie. Heureusement, à l’approche de l’arrivée, l’euphorie s’installe et les derniers kilomètres effacent d’un coup de baguette magique toutes ces petites peines. Il y a quand même plus dur dans la vie, la grande majorité des pilotes se rappellent toujours que ce n’est que du vélo, de ne pas prendre tout ça trop au sérieux.

Comment s’est passé pour toi le tournage du film d’Antonin ?

Ce que je peux dire, c’est qu’il [Antonin, le réalisateur] arrive toujours quand on s’y attend le moins. C’était très furtif, généralement distant, au pire quelques brèves questions pour nous faire réagir mais jamais plus. Et j’imagine que la véracité et la sensibilité du documentaire tient, entre autres, à ça. Cette capacité qu’il a d’être là sans être là, d’être bienveillant sans jamais interférer dans la course d’une quelconque aide. Avec le recul, ma mémoire met ces apparitions bout à bout et c’est un sentiment assez drôle, comme un personnage de dessin animé qui sort d’un tronc d’arbre ou d’un bosquet.

 

Peux-tu nous parler de ta prochaine course, la Three Peaks Bike Race ?

Ça sera un gros morceau. Comme pour beaucoup d’épreuves, les années passent et les parcours se corsent. Cette année, nous en aurons pour 2 600 km entre Vienne (Autriche) et Barcelone. Il faudra bien entendu valider les trois check point sur des sommets notoires en traversant les Alpes puis la France et les Pyrénées pour un total frisant les 40 000 m de dénivelé positif.

Les premiers ne mettront qu’une poignée de jours pour boucler cette affaire, mais si j’arrive à terminer l’épreuve en 10 ou 12 jours avant le « cut-off », ce sera déjà beau. Le calendrier de travail a été dense ces trois derniers mois et les sorties de longue distance moins intenses que les années précédentes pour les raisons sanitaires que l’on connaît. J’y vais pour me faire plaisir plus que par défi, j’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’ai pas traversé de frontières ni même roulé en continu pendant plusieurs jours et nuits. J’ai vraiment hâte, ça devrait être très fun. Cette épreuve me servira de curseur pour préparer mon objectif le plus important de cette année, la Trans Pyrénées Race No2 en octobre. Voir où j’en suis sur les longs enchainements de cols, peaufiner ma machine si besoin ou au contraire valider les petits ajustements fait pendant l’hiver… Toutes ces perspectives sont très enthousiasmantes pour fêter cette liberté de circulation retrouvée.

  • 4000 KM À TRAVERS L’EUROPE EN VÉLO
  • 17 JOURS DE COURSE
  • SANS ASSISTANCE ET EN AUTONOMIE
  • 4 POINTS DE CONTRÔLE
  • NAVIGATION LIBRE
  • 250 PERSONNES AU DÉPART
  • LES PREMIERS METTENT MOINS DE 9 JOURS
  • 50% NE FINISSENT PAS DANS LE TEMPS IMPARTI
  • SEULEMENT DEUX VOITURES DE COURSE SUIVENT LES COUREURS, AVEC À BORD L’ÉQUIPE MÉDIA.
  • EN 2019, LA COURSE EST GAGNÉE PAR UNE FEMME POUR LA PREMIÈRE FOIS, FIONA KOLBINGER.
  • FONDATEUR : MIKE HALL (1981-2017) DÉCÉDÉ DURANT LA INDIAN PACIFIC WHEEL RACE, FAUCHÉ PAR UNE VOITURE SUR LA ROUTE.
  • ORGANISATEUR ACTUEL : LOST DOT WWW.FACEBOOK.COM/LOSTDOT
  • SITE WEB DE LA COURSE : WWW.TRANSCONTINENTAL.CC

📸  @Matthieu Lifschitz

👉  Manivelle, le blog de Matthieu : manivelle.cc

*Brevet Audax :

Les brevets et randonnées cyclistes organisés selon la formule Audax sont des randonnées effectuées en groupe. Ces dernières sont ouvertes à tous les types de cycles uniquement mus par la force musculaire. A l’origine, le terme Audax (du latin signifiant « audacieux ») désignait uniquement les cyclistes capables d’effectuer 200 km entre le lever et le coucher du soleil. Un brevet Audax est une épreuve de régularité et d’endurance sur une moyenne roulante maximum de 22,5 km/h, dont les participants sont tenus de respecter le Code de la Route.

Source : https://www.ffct37.org/app/download/16993187/2015+R%C3%A8glement++brevet+Audax.pdf

**Épisodes : MELONS, TRUCKS & ANGRY DOGS
Yoann Stuck, le phénomène trail

Yoann Stuck, le phénomène trail

Août 2010. Le presque trentenaire Yoann Stuck, plus fêtard que sportif, fume clope sur clope, enchaîne les soirées et pèse 95 kg. Sur un coup de tête, il décide d’arrêter de fumer. Se dit que s’il ne trouve pas de quoi compenser, il va vite dépasser le quintal. C’est le déclic. Il enfile un short et part courir. 20 minutes… de pur cauchemar ! Aujourd’hui, dix ans plus tard, Yoann est devenu… traileur professionnel ! Rencontre autour d’un parcours atypique.

Fast-portrait

  • Yoann Stuck
  • 38 ans, en couple
  • Vit à côté de Lyon
  • Est originaire d’un petit village du Vaucluse, Châteauneuf-de-Gadagne (84)
  • Papa d’une petite fille de 6 ans

 

Yoann Stuck sur la 6000D

Ton parcours est pour le moins atypique. Peux-tu nous dire comment tu t’es mis à la course à pied ?

J’ai décidé d’arrêté de fumer en août 2010, sur un coup de tête. À l’époque, je sors beaucoup en semaine, bois des pintes de whisky Coca et je fume plus d’un paquet de clopes par jour… Bref, j’ai une hygiène de vie déplorable, je totalise 95 kg. Je me dis alors que si je ne trouve pas quelque chose pour « compenser », je vais vite dépasser le quintal. Alors j’ai chaussé ma paire de speakers, un tee-shirt en coton et un short de foot, et puis je suis parti courir. 20 minutes. Un cauchemar. Mais j’y suis retourné, j’ai allongé la distance… Finalement, j’y ai pris du plaisir, rencontré des coureurs, … De fil en aiguille, je me suis inscrit à une première course, puis à un premier club d’athlétisme, pour finalement arriver là où j’en suis aujourd’hui.

Comment ton entourage a-t-il vécu ta transformation ?

Ça dépend qui 🙂 ! Ma compagne a vécu un peu la même « transformation » avec moi, donc on était sur la même longueur d’onde. Ma maman, plutôt bien, même si elle ne se rendait pas vraiment compte de l’importance de ce changement… Et puis pour les copains, tout le monde n’a pas vraiment compris au départ un tel revirement… Mais aujourd’hui, je suis super content d’aller courir avec les mêmes potes avec qui je me mettais des mines le week-end !

Comment as-tu pris le virage trail / outdoor ?

Au départ… en me perdant ! En fait, je venais d’emménager sur Lyon et comme je ne connaissais ni grand monde ni trop le coin, courir était aussi le moyen de visiter les alentours. Et le gros virage, ça a été mon premier trail en montagne, le Marathon du Mont-Blanc ! Je prends un plaisir immense à courir au milieu de toutes ces élites que je suis sur les réseaux. J’aime aussi l’ambiance vraiment sympa aux abords des sentiers et je passe la ligne d’arrivée avec ma compagne et des amis. Un moment intense ! L’un de mes meilleurs souvenirs. J’ai grandi à la campagne. Je jouais toujours dehors, avec la garrigue en terrain de jeu, donc j’ai toujours aimé être dehors.

Tu portes toujours une attention toute particulière à ton mode de vie / ta nutrition ? (sans pour autant sacrifier à la petite bière d’arrivée… 😉)

J’évolue toujours en ce sens. Je me rends compte – et je partais de très loin ! -, de l’importance de l’alimentation dans ma vie de sportif, mais pas que. Pour ma santé générale, aussi. Je me rends aussi compte de l’impact de notre consommation sur l’environnement donc oui, j’ai une hygiène alimentaire au quotidien qui est aujourd’hui plutôt très bonne, je pense. J’ai essayé le cétogène cet hiver, là, on teste un mois végétarien. Sinon, je suis plutôt un mode alimentaire low carb (soit, pauvre en glucides) qui me convient très bien… mais j’ai beaucoup de mal à refuser la bière et les petits plaisirs. C’est important aussi, je crois.

Yoann Stuck

Tu es très présent sur les réseaux sociaux, notamment à travers des web-séries. Peux-tu nous en dire plus ? Pour ta série Adaptation sur YouTube, l’épisode 3 est pour bientôt ?

L’épisode 3 de ma série Adaptation, on vient de le tourner le week-end dernier ! Avec le contexte sanitaire actuel et l’absence de courses, j’ai eu cette idée de proposer des petits défis, des challenges qui me tenaient à cœur. J’en fais partager certains avec le petit groupe d’entraînement que je suis, avec les copains… et puis d’autres, je les ferai seul, en totalité ou en partie.

On a donc fait un premier épisode sur un off de la SaintéLyon (course qui a dû être annulée cette année), pour mettre en avant les organisateurs de course.

Le suivant, c’était pour mettre en avant ma station de cœur, La Plagne, et les répercussions du COVID-19 sur les stations cet hiver.

Le week-end dernier, l’histoire était plus personnelle puisque je voulais mettre en avant l’endroit où j’ai grandi : Châteauneuf-de-Gadagne et le Vaucluse plus généralement, ainsi que ma ville d’adoption : Lyon. Car je suis devenu la personne que je suis aujourd’hui en partant vivre à Lyon. Mais je ne serai pas non plus la personne que je suis, sans avoir grandi dans mon village.

On est donc partis samedi matin dernier de Lyon jusqu’à Avignon en vélo, pour donner un côté responsable et écologique à l’aventure et arriver dans l’après-midi. Ensuite, j’ai enchaîné le Wings for Life (course caritative organisée par Red Bull pour la recherche sur la moelle épinière) sur une App en partant d’Avignon avec pour objectif d’aller jusqu’au sommet du Ventoux, et donc par la même occasion de faire un FKT : 62,34 km, 2136 m D+ en un peu plus de 5h. Et il semblerait que pour le Wings for Life, j’ai fait premier français avec 52,8 km.

Mais j’ai encore en tête pas mal d’idées d’épisodes, peut-être plus en montagne cet été.

Et tes capsules vidéo Hiit & Eat sur Instagram ?

Pareil, le COVID-19 et le premier confinement m’ont donné l’idée de départ de faire du home trainer en interviewant en live sur Instagram des acteurs touchés par ce contexte sanitaire peu évident… Mes partenaires ont joué le jeu, mais pas que ! Des restos, des stations de ski, des athlètes… L’idée était de tirer du positif d’une situation négative. Ensuite, j’ai proposé des renfos accessibles à tous pour rester actifs, même chez soi. Et puis m’est venue, dans la foulée, l’idée de préparer un petit truc en parallèle – car je ne suis pas un grand cuisinier – s’est imposée : on dit bien « Après l’effort, le réconfort », non ?!

Yoann Stuck - iamwoodstuck

Ta journée-type ?

Je m’entraîne quasi 7j/7, parfois en biquotidien. Après, tout dépend des périodes de charges et des échéances à venir. 

Lever 7 h : Petit-déjeuner en famille. Je bosse toute la matinée après avoir amené ma fille à l’école. Je pars souvent faire ma première séance en fin de matinée et l’on déjeune aussi en famille. Je travaille l’après-midi jusque 16 h, puis seconde séance. Je re-travaille encore jusqu’au dîner. J’ai la chance de pouvoir m’organiser comme je veux car je travaille de la maison, mais, la contrepartie c’est qu’il n’y a jamais vraiment de coupure, pas de week-end ou de réelles vacances… Mon ordinateur et mon téléphone ne me quittent pas souvent… mais quand on aime son job, on ne travaille pas vraiment, si ?!

La course à pied, c’est pour toi un précieux outil de partage, non ?

Au départ, c’était surtout ma bulle, ma méditation, là où je trouvais mes meilleures idées. Et j’ai vu que les gens, autour de moi, se retrouvaient dans ce que je faisais, ce qui est vraiment top. Donc oui, c’est un bel outil de partage, tout comme les réseaux, même s’ils sont souvent critiqués.

Tes prochains projets et/ou objectifs et/ou dossards que tu vas épingler ?

J’adorerais pouvoir remettre un dossard pour le Marathon du Mont-Blanc mais je ne suis pas certain de ce qu’on aura le droit de faire ou non fin juin.
Sinon, je mets normalement deux dossards mais sur mon Gravel puisque je vais prendre le départ du Vélo Vert Festival à Villard de Lans début juin et du Festival Outdoor de la vallée verte à Chambon-sur-Lac, en Auvergne, fin juin. J’ai, depuis longtemps, très envie de mettre des dossards en vélo et j’ai eu un vrai coup de cœur pour le Gravel. Ce dernier va beaucoup se développer en France dans les prochaines années !

Ton rêve fou ?

Je souhaite m’orienter sur de la montagne pure. Le « toit du monde » me fait envie. Je souhaite surtout découvrir de nouvelles sensations et me sentir libre. Relier d’est en ouest les États-Unis avec mon Gravel serait aussi un beau projet… 

Un dernier message que tu aimerais adresser aux lecteurs du blog ?

Inspirez-vous des reportages du blog et allez prendre de la hauteur !

🏃‍♀ Pour en savoir plus sur Yoann :

www.anotherlife.fr

www.instagram.com/yoannstuck

« Black Ice », des grimpeurs comme les cascades de glace n’en ont jamais vus

« Black Ice », des grimpeurs comme les cascades de glace n’en ont jamais vus

Une bande de grimpeurs, qui se voient régulièrement à la salle, partent ensemble sur un trip cascade de glace. Rien d’extraordinaire ? Sauf quand cette salle, c’est Memphis Rox, un lieu communautaire dans une banlieue difficile de Memphis, que ces grimpeurs, ce sont pour la plupart des Afro-américains issus de milieux défavorisés avec des vies plus ou moins compliquées, et qu’aucun d’eux n’a jamais vu une cascade de glace…

Black Ice, c’est un trip dans la neige et le froid où chaque instant déborde d’une incroyable chaleur humaine. Après le film, on a qu’une envie : revoir cette fine équipe tellement attachante et savoir ce qu’elle devient…  Sara, directrice de la salle nous donne des nouvelles de chacun !

Black Ice - Memphis Rox

Comment va toute l’équipe qui s’est rendue au Montana ?

L’équipe de Rox va très bien ! J’ai du mal à croire qu’il s’est déjà écoulé plus d’un an depuis notre aventure en cascade de glace. Et du mal à croire aussi que le monde s’est mis à l’arrêt juste après notre retour de Bozeman.

Nos spectateurs ont été très touchés par l’histoire de S’lacio et voudraient avoir de ses nouvelles.

S’lacio continue à s’épanouir en tant que jeune adulte et passe le plus clair de son temps à Memphis Rox, pour grimper ou travailler. C’est le genre de jeune à rendre service chaque fois que l’occasion se présente. Si l’on a besoin d’aide pour transporter des cartons ou pour aider à l’organisation d’événements solidaires, on peut toujours compter sur lui. Il a une belle âme et nous sommes heureux de l’avoir dans notre communauté.

Black Ice - Memphis Rox

Et le reste de l’équipe ?

Aerial a été promue chef d’équipe, elle est impatiente de relancer notre activité Yoga.

Elisha fait un Master en sciences libraires à l’université du Tennessee Knoxville.

Chris a eu un petit garçon, qui est venu agrandir la famille en décembre, tout le monde va bien. Il a acheté une maison en février, il est très heureux d’être papa et propriétaire. Il continue de promouvoir la mission de Memphis Rox dans son rôle de directeur de l’action sociale.

Malik poursuit sa quête artistique et cinématographique tout en travaillant chez Memphis Rox. Ses œuvres sont exposées en ce moment au musée d’art local, le Brooks Museum.

Ken travaille à temps plein pour la société Nike et consacre ses week-ends à Memphis Rox en tant que chef d’équipe.

Tye est toujours ouvreur et essaye de passer des certifications plus élevées. Il voyage avec The North Face pour des shooting photos.

Josh continue d’ouvrir à la salle des voies de niveau mondial et crée des meubles uniques dans notre atelier communautaire.

Quel impact le film a eu sur leurs vies ?

Grâce à Black Ice, les grimpeurs reçoivent beaucoup de témoignages de sympathie et d’encouragements via les réseaux sociaux. Ils sont très reconnaissants pour les messages reçus du monde entier. Grâce à leurs rôles, Chris, Malik et S’lacio sont passés dans des émissions de télé, telles que CBS This Morning, ESPN et d’autres…

Est-ce qu’ils ont la possibilité de grimper souvent en extérieur ? Est-ce que certains auraient envie de repartir sur un trip cascade de glace ?

Oui et oui ! Nos ouvreurs Josh et Tye grimpent en extérieur, chaque fois qu’ils peuvent. La topographie de Memphis ne s’y prête pas, mais ils trouvent des spots à deux ou trois heures d’ici. Pour ce qui est de refaire de la cascade de glace, carrément ! Il faut juste qu’ils « s’échauffent » à l’idée encore un peu. Proposez-leur en plein mois d’août, au plus fort de la chaleur et, à mon avis, ils seront partants !

Malik & Conrad Anker - Black Ice

Est-ce qu’il y a des choses que l’on ne voit pas dans le film qu’ils voudraient partager ?

Ce dont ils parlent le plus évoque l’amitié et les liens créés autour des expériences partagées comme l’escalade de glace, dormir dans le froid, ou simplement les bons moments passés ensemble. Chris raconte que Ken, Brent et lui ont eu un soir une conversation autour du feu de camp, jusqu’à 2 heures du matin, par -15°.

Avez-vous un message pour le public français ?

On adorerait accueillir des gens de France à Memphis Rox ! Si vos lecteurs ou spectateurs passent chez nous, qu’ils se présentent, on se fera un plaisir de leur montrer Memphis Rox !

Verra-t-on un « Black Ice 2 » ?

Il ne faut jamais dire jamais !

Black Ice - Memphis Rox

🧗‍♂ Pour en savoir plus sur la salle « Memphis Rox » :

https://www.memphisrox.org

📸 Pour voir le travail de Malik :

https://www.malikthamartian.com