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Quand on débute l’escalade en falaise, arrive toujours un moment où l’on se demande : mais qui met les spits dans la montagne ? Est-ce que quelqu’un vient vérifier/remplacer ce bout de fer sur lequel je suspends ma vie ? Le film Le Jardin des Spits de Pema Vives répond à toutes ces questions avec de beaux portraits d’ouvreurs sévissant dans tout le pays.

Rencontre avec Pema qui nous dit tout sur son film.

Comment t’est venue l’idée du film ?

Pour son deuxième rassemblement annuel, « La Fête du Spit #2 », Greenspits a projeté le film Escalade Verbale, superbe documentaire sur l’escalade réalisé par Jean Kanapa en 1999. À la demande de Greenspits, j’ai réalisé un petit teaser en vue de cette projection, et de là est née l’envie commune de réaliser un documentaire qui ferait écho à Escalade Verbale, 20 ans plus tard.

Quant à ma motivation personnelle, j’ai commencé l’escalade assez tard, vers 28 ans, et je grimpais uniquement en falaise avec des potes débutants comme moi. Je n’avais alors aucune idée de comment étaient gérées les falaises, de qui équipait les voies, de comment fonctionnaient les topos… Je me disais genre que des gens étaient payés pour faire ça et que les clubs et municipalités géraient le truc, ou alors que les falaises sortaient de terre avec des spits déjà dessus. D’ailleurs, il faut pas trop en parler, mais j’ai tous les topos Rockfax du sud de la France sur mon étagère (rires) !

Et puis petit à petit, j’ai découvert l’envers du décor, au travers de rencontres et aussi en travaillant avec Greenspits, et je me suis dit qu’il était important de faire découvrir cet aspect de notre activité au plus grand nombre de grimpeurs et de les sensibiliser à ces problématiques, afin que chacun puisse avoir les clés en main pour devenir plus acteur de sa pratique, comme cela a été le cas pour moi. Et pour ça, quoi de mieux que de donner la parole aux équipeurs et d’écouter leurs précieux témoignages !

Comment s’est passé la production et réalisation de ce premier film ?

Pour le côté production, j’ai obtenu dès le départ une bourse du FODACIM, ce qui a été un élément décisif pour me lancer dans ce projet, et après ça avec Greenspits on a trouvé un premier partenaire assez vite, donc je savais que le film ne me coûterait rien, ce qui était déjà bien pour un premier film de cette ampleur ! Ensuite, on a eu la chance de trouver deux autres partenaires, et j’en profite d’ailleurs pour remercier tous nos partenaires, le FODACIM, Expérience Outdoor, Arkose et Climb’Up Fonds de Dotation !
Pour le côté réalisation, les trois premiers tournages qui ont eu lieu pendant l’été 2018 se sont vraiment bien déroulés et j’ai cru que l’affaire serait pliée à l’automne, mais j’étais loin du compte. Après ça, les galères ont commencé, entre la météo capricieuse, les soucis matériels, les incompatibilités d’agenda… Au final, j’ai tourné les dernières images pendant l’été 2020 ! Donc en tout, ça m’aura pris presque trois ans de la naissance du projet à son aboutissement.

Peux-tu nous parler plus précisément du concept du film ?

La réalisation du film n’était que le premier acte d’un projet imaginé en deux actes. Quand nous nous sommes lancés dans cette aventure avec Greenspits, notre volonté était de créer une cagnotte avec tous les bénéfices issus de la vente du film pour pouvoir ensuite financer des projets d’équipement et de rééquipement sur la base d’un appel à projets national. Bon, finalement, il n’y a pas vraiment eu de bénéfices, mais grâce à tous ceux qui ont participé au financement participatif et grâce aussi aux bénéfices réalisés lors de la Fête du Spit #5, on a quand même réussi à créer une cagnotte de 4 700 €. J’ai décidé de rejoindre Greenspits suite à la sortie du film car ça me tenait à cœur de mener cet appel à projets, et à l’heure où je vous parle, l’appel est terminé et 5 beaux projets vont pouvoir être soutenus, donc c’est vraiment génial ! Les détails arriveront bientôt sur la page Facebook de Greenspits.

Peux-tu nous présenter Greenspits et nous parler de la Fête du Spit ? En dehors de cet évènement, quelles sont les missions menées par cette association et comment le public peut-il participer ?

Greenspits, c’est une association environnementale et d’intérêt général qui œuvre pour la préservation des sites naturels d’escalade. C’est une asso qui a été fondée il y a 6 ans avec pour volonté de créer et d’accompagner une nouvelle communauté de grimpeurs investis et responsables. La Fête du Spit a été un bon point de départ et est devenue un moment fort de l’asso. C’est avant tout l’occasion de se rassembler autour de valeurs communes, de sensibiliser les grimpeurs au travers d’ateliers et de conférences, et de passer un super moment tous ensemble. Mais Greenspits mène également des actions tout au long de l’année, notamment en organisant des Clean up Days et en offrant un soutien matériel aux équipeurs locaux. L’asso vient aussi d’organiser sa deuxième semaine de transmission d’expérience autour du rééquipement, dont le but est autant d’apporter les bases théoriques que de transmettre nos valeurs aux grimpeurs désireux de participer à la pérennisation de notre activité. Sans oublier notre premier appel à projets. Bref, autant d’actions qui rencontrent un franc succès et ont pour vocation d’être pérennisées. Pour participer, rien de plus simple, il vous suffit d’adhérer à Greenspits et de rejoindre l’aventure !

Retour au film, est-ce que tu as des anecdotes de tournage à partager ?

Pour le premier tournage, je suis allé à Chambéry rencontrer Mathieu et sa compagne Amandine. Comme c’était une première pour moi et que je ne les connaissais pas du tout, j’étais naturellement bien stressé. Je me suis garé dans la petite pente devant leur maison et j’ai été accueilli par Mathieu. On a commencé à discuter tranquillement sur leur terrasse, puis Amandine est arrivée et m’a gentiment demandé si je n’avais pas des soucis de frein à main, car ma voiture était encastrée dans leur porte de garage ! Au final, plus de peur que de mal, mais comme entrée en matière, on a connu mieux (rires) !

Je pourrais aussi parler de l’interview de la dream team du Tarn où les objets sur la table avaient étrangement tendance à se déplacer tout seuls pour former de drôles de sculptures… Avis aux spectateurs attentifs !
Et sinon, de manière générale, je précise que toutes les scènes ont été tournées sur le vif, sans préparation, même celle où Armand sort la Dallas du garage à la main, sans aucun doute ma scène préférée du film (rires) !

De nombreux grimpeurs ouvreurs sont interviewés dans ton film, comment s’est fait le choix de ces protagonistes ?

Le choix n’a pas été simple évidemment, car les personnages passionnants ne manquent pas dans ce milieu. Je suis parti d’une liste d’environ 30 noms puis j’ai fait des recherches sur Internet pour affiner ma sélection. L’idée était d’avoir un panel d’équipeurs assez varié, tant au niveau de l’âge que de la zone géographique, mais aussi de présenter des fonctionnements différents, comme les équipeurs du Tarn ou Armand qui travaillent en étroite collaboration avec les collectivités et éditent des topos, les équipeurs d’Ubaye qui ont un fonctionnement plus associatif, ou encore des équipeurs comme Bruno, Antonin ou Mathieu qui sont plus des électrons libres.

Enfin pour être honnête, ça s’est surtout fait au feeling et je ne regrette vraiment pas mes choix ! Et surtout, je remercie chaleureusement les équipeurs qui ont tous répondu favorablement à ma sollicitation et accepté de me donner de leur temps, ce qui était vraiment une chance.

Pour l’anecdote, je me suis décidé à contacter Armand après avoir lu un portrait de lui sur le site d’Escalade-Alsace**, portrait juste mythique que je vous invite tous à aller lire !

Comment vois-tu l’avenir concernant les financements et l’entretien des voies en France ?

Sur ce point, je partage tout à fait le point de vue d’Olivier, d’ailleurs bien plus spécialiste que moi en la matière, quand il dit qu’il n’y aura pas une même formule applicable partout. Il y a des secteurs qui vont être entretenus bénévolement par les grimpeurs, d’autres qui vont être entretenus grâce à des clubs ou des associations, comme on peut déjà le voir aujourd’hui avec l’apparition d’associations locales qui mènent des actions de clean up, d’équipement ou de rééquipement, et enfin d’autres qui vont être entretenus par les collectivités quand il y a un enjeu touristique et que l’escalade les intéresse. Ça peut aussi être un mix de tout ça. En tout cas, c’est vraiment encourageant de voir toutes les nouvelles initiatives qui naissent aujourd’hui !

👉  Site de Pema Vives : www.pemavives.com

👉  Greenspits : www.greenspits.com et sur Facebook : @greenspits

🧗‍♂  Portrait d’Armand sur Escalade-Alsace

🎬  Lien Film Escalade Verbale :

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