Louise Lenoble : « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie qu’en highline »

Louise Lenoble : « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie qu’en highline »

Louise Lenoble s’est mise à la highline il y a quatre ans. C’est elle que l’on voit sur la highline sous les aurores boréales de la nuit norvégienne du film Pathfinder – Life beyond fear. À ses débuts, Louise était morte de peur. La maîtrise progressive de cette peur panique l’a conduite à découvrir le bonheur et à revoir toutes ses priorités dans sa vie. Explications par Louise elle-même…

Louise Lenoble - Pathfinder

Le film évoque l’idée de « Life beyond fear », la vie au-delà de la peur. La peur est-elle à ce point indissociable de la highline ?

La peur a été un moteur dans ma pratique lorsque j’ai débuté. C’était une peur incontrôlable, une peur primitive de la mort, un instinct de survie qui me disait « mais qu’est-ce que tu fais ici, à 100 m au-dessus du vide, sur ce bout de textile de 2,5 cm ? », alors que je savais très bien que j’étais attachée et que je ne risquais rien. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie que lors de mes débuts en highline. J’en pleurais ! Et c’est cette émotion incontrôlable de peur qui m’a poussée à me dédier de façon proportionnelle en intensité dans la pratique de la highline. Je voulais comprendre pourquoi j’avais peur et voir si je pouvais contrôler cette peur. Pour le dépassement de soi. Pour repousser mes limites et reprendre la maîtrise de mes émotions. Il m’a fallu de la patience, de la persévérance et d’innombrables essais d’exposition au vide, mais à partir du moment où j’ai senti diminuer cette peur, j’ai été extrêmement fière de moi : j’avais pris le dessus sur mes émotions. C’était il y a quatre ans et ma passion n’a jamais diminué, même si aujourd’hui je la qualifierais de plus modérée.

Louise Lenoble - Pathfinder - Raised by Wolves

La peur a-t-elle totalement disparu ?

Je ne peux pas comparer la peur ressentie à mes débuts avec la peur que je ressens aujourd’hui, lors d’un projet. Elle est différente, elle n’est plus présente de la même façon. Ce que je ressens désormais, c’est une peur maîtrisée que je comparerais plutôt à de l’excitation.

Si la highline suscite tant de peur, faut-il être un peu fou pour en faire ?

Je pense que c’est ce que l’on voit de l’extérieur quand on ne connaît pas la highline et la sécurité inhérente à ce sport. Pratiquer la highline n’est pas risqué. Au contraire, c’est un sport peu dangereux. Je me suis plus souvent blessée en pratiquant la slackline au-dessus du sol que la highline au-dessus du vide. Malgré cette évidence, il m’a fallu beaucoup de courage pour débuter, et cela m’a amené beaucoup d’introspection et d’interrogations sur mes choix de vie. Car j’ai découvert une force immense de mon esprit que je n’avais jamais soupçonnée jusque-là, et une maîtrise de moi qui m’ont fait requestionner ma vie personnelle en dehors de la highline. À me mettre face à des émotions si intenses et à les maîtriser, j’ai touché le bonheur, et j’ai pu rechercher ce bonheur dans tous les actes de ma vie quotidienne et faire le tri dans mes priorités. C’est donc tout sauf « être un peu fou ».

Louise Lenoble

La pratique féminine se distingue-t-elle de celle des hommes ?

La highline est le seul sport, à ma connaissance, où le record du monde de longueur qui est de 2 100 m est détenu à la fois par un homme, Lukas Irmler (que vous pouvez aussi voir dans le film Pathfinder), et une femme, Mia Noblet, une Québécoise. C’est bien la preuve que la différence physique n’est pas décisive et que la force mentale des hommes et des femmes est égale.

Cela n’empêche pas que la highline reste un monde majoritairement masculin, même si la balance commence à s’équilibrer. J’ai fait énormément de highline uniquement avec des hommes. Leur mentalité générale est bienveillante et ils se montrent à l’écoute, plus que dans le monde quotidien. Cela vient peut-être du fait qu’en tant que highlineur, nous sommes tous très à l’écoute de nos émotions.

Mais certains de mes meilleurs projets étaient des lignes entourées de femmes, ou du moins à part égale avec les hommes. L’esprit y est différent. J’ai découvert une solidarité féminine magnifique et j’ai été très inspirée par certaines femmes rayonnantes rencontrées dans cette communauté. Grâce aux retours que d’autres me font, je me rends compte aussi que mes propres réalisations en highline ont pu inspirer profondément certaines femmes. Je n’ai que fait leur renvoyer l’inspiration que j’ai moi-même reçue.

Louise Lenoble - Pathfinder

Louise dans Pathfinder – Life beyond fear

Regarder Pathfinder – Life beyond fear, c’est partir aux confins d’un voyage de 10 minutes d’une beauté absolue ! Six highlineurs de réputation mondiale se retrouvent au cœur des montagnes norvégiennes. Le Suisse Samuel Volery, l’Américain Sebastian Gum Chung Segraves, le Hollandais Tijmen Vandieren et les Allemands Friedi Khüne et Lukas Irmler accompagnent ainsi notre highlineuse française Louise Lenoble dans un pari un peu fou qui n’a encore jamais été réalisé : traverser une highline tendue entre deux falaises, illuminée par des aurores boréales… Saisir, en somme, toute la magie de l’instant. Un défi qui s’annonce grandiose !

 

Pathfinder - Dan Lior

Portrait vidéo de Louise, entre musique et highline :

🤳 Suivez Louise sur Instagram :

www.instagram.com/louise_lenoble

🎬 Retrouvez le film Pathfinder – Life beyond fear dans le programme rouge du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

 

Louise Lenoble - Pathfinder
Fly Spiti : voler en Himalaya pour Search Projects

Fly Spiti : voler en Himalaya pour Search Projects

Dans le film Fly Spiti, deux parapentistes d’expérience, Thomas De Dorlodot, détenteur de plusieurs records, et Horacio Llorens, six fois champion du monde d’acrobatie, partent explorer la Spiti Valley dans l’Himalaya indien. Derrière cette expé de haut-vol, « Search Projects », un concept unique taillé pour l’aventure outdoor et le voyage !

 

Search Projects, une quête d’aventure et de sens

Le parapentiste professionnel belge Thomas de Dorlodot a toujours été passionné par le voyage et l’aventure. Le concept derrière Search Projects va naturellement éclore : « Lorsque j’ai découvert le parapente, j’ai rapidement cherché à accumuler un maximum d’heures de vol. C’est même devenu une obsession : j’étais constamment à la recherche du bon spot, de la bonne météo, des super conditions de vol. Très vite, cette quête est devenue mon quotidien. J’étais en Amérique centrale à la recherche d’un décollage quand le nom de Search s’est imposé à mon esprit pour mes futurs projets ». L’idée ? « Trouver les spots les plus dingues au monde pour voler en parapente et revenir avec des belles histoires à raconter ».

Partir en expédition aux quatre coins du monde

Le nom et le concept en poche, Thomas monte une équipe et met sur pied la première expédition. Celle-ci va lui faire traverser l’Afrique du Nord au Sud en 4 mois et à travers 10 pays différents… La rencontre entre le champion de parapente et le jeune réalisateur Benoît Delfosse (à la caméra pour Fly Spiti) se fait via un ami commun, dans un bar à Bruxelles. Nous sommes alors à quelques jours du départ. Entre les deux hommes, le feeling passe instantanément. Benoît n’en revient toujours pas : « J’ai alors vécu l’une de mes plus intenses expériences de voyage en traversant l’Afrique du Nord au sud, en ne sachant pas bien par quels pays nous allions passer, en dormant à la belle étoile et en réalisant mes premiers vols en parapente ! ».

Fly Spiti - John Stapels

Le partage comme seul leitmotiv

Search Projects est lancé ! Avec pour seule devise : « Light is right », comprenez l’idée de voyager avec un parapente et un appareil photo comme seuls bagages. Car, dès le départ, se révèle à leurs yeux de jeunes athlètes, réalisateurs ou photographes la vraie et unique valeur de leurs aventures : ces dernières n’auront de sens qu’au travers du partage. Ainsi, à leurs retours, Thomas et ses compatriotes montrent leurs photos et vidéos à leurs amis. Riches et inspirantes, leurs expériences vont ainsi prendre tout leur sens. Et intéresser une sphère de personnes de plus en plus large !

Une somme de talents réunis

Depuis, les projets, les films et les voyages s’enchaînent, entrecoupés de temps de repos et de longs mois de préparation. Aujourd’hui, Search Projects, ce ne sont pas moins de « 10 années entrecoupées de projets. Afrique, Amérique du Sud, Asie… L’équipe a eu la chance de voyager aux quatre coins du monde (62 pays pour Thomas !). Le noyau dur se compose donc du parapentiste belge Thomas de Dorlodot, initiateur du projet et recordman de plusieurs records en vol bivouac, du pilote espagnol Horacio Llorens, six fois champion du monde d’acrobatie, du réalisateur Benoît Delfosse et du photographe belge John Stapels. Sans oublier « une dizaine de personnes à côté qui font tous partie de la famille Search : graphiste, ingénieur son, web designer, photographe, fixer, etc… », selon Thomas.

Fly Spiti - John Stapels

Rêver le monde en pionnier

Polynésie, Pakistan, Botswana, Egypte, Madagascar, Maroc, Namibie, Kenya, Iles Marquises, … Aventurier dans l’âme, Thomas de Dorlodot ne compte pas s’arrêter là. « Je veux voyager et voir le monde entier », glisse-t-il entre deux généreux sourires. Sa soif d’ailleurs ne semble jamais vouloir s’épancher. Tout comme sa curiosité, lui qui raffole des vols d’altitude (« Planer à plus de 7000 mètres, ça n’a pas de prix ») et qui rêve d’Antarctique : « Le choix des destinations de Search Projets, ça part toujours d’un rêve. On a la chance de pratiquer un sport où l’on peut encore être des pionniers. On recherche les spots perdus, le choc des cultures et les belles rencontres ». Ce que cherche Benoît, lui, « c’est de de varier et de sans cesse apprendre de nouvelles choses. Rencontrer des gens inspirants me motive à me donner à fond dans les projets de films et d’expéditions. J’aime mettre mes compétences au service de ceux que j’admire. Si je peux explorer le monde et les cultures, découvrir de nouvelles façons de vivre, de penser à leurs côtés, alors je suis comblé. J’aime être bousculé ».

Voler à la rencontre des cultures

Bousculée, la belle équipe l’est souvent ! Car sur les tournages, rien n’est scénarisé, tout se joue en direct : « la team cherche un spot, trouve l’accès, rencontre les locaux, tente un vol… » assure le parapentiste belge. Les membres utilisent « des radios (quand elles fonctionnent 😁), des téléphones et des balises de tracking ». L’idée est d’explorer les endroits les plus reculés, les plus fous, les plus inaccessibles de la Terre pour voler en parapente mais aussi et surtout, rencontrer et s’enrichir de l’Autre. Ici, pas de ton sensationnaliste ou de catastrophisme surjoué. Des accidents, il y en a et il y en aura certainement encore. Des souvenirs douloureux, aussi. Ils font partie de l’histoire de Search Projects, mais heureusement ils ne viennent jamais entacher la motivation de l’équipage. Benoît revient sur un moment délicat vécu aux Marquises : « Mon pire souvenir ? Je crois que c’est la peur ressentie ce jour-là lorsque nous avons perdu Horacio qui s’est fait prendre dans un nuage et s’est retrouvé au milieu de l’océan, à plusieurs kilomètres des côtes. J’ai eu très peur de perdre un ami… ». Un épisode malheureux vite transcendé : « Le retrouver sain et sauf est aussi l’un de mes meilleurs souvenirs ! ».

 

Fly Spiti - John Stapels

Les Açores en ligne de mire

La prochaine expé est en cours de préparation. Thomas, papa pour la deuxième fois il y a quelques semaines, semble déjà là-bas : « On retourne, en famille (avec mes deux enfants et ma compagne) sur le voilier Search cet été dans les Açores. C’est un nouveau volet qui va commencer ! ». Car le champion des airs est aussi loup de mer ! Depuis quelques années, il est le capitaine du voilier Search, un bateau de 12 mètres, autonome en électricité grâce à des panneaux solaires et en eau potable via à un système de désalinisation, avec lequel l’équipage part explorer de lointaines contrées pour, au travers de leurs images et de leurs films, toujours témoigner de la beauté du monde. Benoît a prévu de rejoindre Tom et de prendre ensemble le large à l’automne prochain, en espérant qu’Horacio pourra être aussi de l’aventure.

 

Vers l’infini et l’au-delà !

Mais quand donc prendra fin un tel projet ? « Jamais, j’espère ! », tel est le cri du cœur de Thomas, qui voit clairement dans Search un infini de possibles et dans son équipe, une deuxième famille.

Fly Spiti - John Stapels

🪂 Pour en savoir plus :

https://www.searchprojects.net

🎬 Retrouvez le film Fly Spiti – The Short Odyssey dans le programme rouge du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

Fly Spiti - John Stapels
FKT : Au-delà des records, l’art de courir en montagne

FKT : Au-delà des records, l’art de courir en montagne

Plongée à grandes foulées dans les coulisses du film FKT, une véritable prouesse technique et physique que l’on doit au photographe Brice Ferré, installé depuis 2009 à Vancouver (Canada). Rencontre avec cet infatigable créateur d’images qui suit ici l’athlète trail Jeanelle Hazlett dans sa tentative de record « Fastest Known Time » au Mont Brunswick, un sommet vertigineux niché au cœur de la Colombie Britannique. À vos marques, prêts, partez… Interview avec Brice Ferré !

Brice Ferré : l’homme qui ne court jamais seul

Brice Ferré est un photographe-réalisateur qui, tout fraîchement diplômé d’une école de cinéma en 2003, entame une carrière à Paris. Assistant-monteur sur le film-événement La Marche de l’Empereur, il suit ensuite son rêve en déménageant en 2009 à Vancouver, au Canada. Son leitmotiv ? Courir la montagne et faire des images. Brice ne court jamais seul. Il a toujours son appareil photo, un Reflex numérique, en main. Histoire de ne rien rater de ce que les sentiers, la nature et l’aventure peuvent, généreusement, lui offrir.

Brice Ferré

Tes premiers pas dans le monde du trail ?

J’ai commencé la course à pied en 2011, puis le trail en 2013. Ma première course, c’était un marathon en trail en 2014 (Hallows Eve 42km à North Vancouver) et puis je suis passé aux ultras en 2015, en faisant le Diez Vista 50K et le Squamish 50. Durant les 6 dernières années, j’ai couru une vingtaine d’ultras, dont trois 50 miles (80 km). J’adore passer entre 5 et 12 heures à courir et souffrir, en essayant de pousser mon corps à ses limites. Le trail m’apporte des sensations uniques que je n’ai encore trouvé nulle part ailleurs. Grâce à mon travail de photographe-réalisateur outdoor, je passe beaucoup de temps en montagne. Et tout mon temps libre, je les passe aussi sur les sentiers !

Comment as-tu rencontré Jeanelle Hazlett ?

J’ai rencontré Jeanelle Hazlett en mars 2017 quand le « Salomon Vancouver Trail Lab », un groupe de course à pied organisé par Salomon Vancouver et dont je suis l’un des leaders, a organisé un entraînement avec le groupe « PNWT » (Pacific Northwest Trail Runners) créé par Jeanelle.

Comment est né le projet du film FKT ?

Jeanelle est une coureuse incroyable ! Elle a passé les 3 dernières années à dominer toutes les courses qu’elle a couru. Elle et moi, adorons courir sur des terrains très techniques. Jeanelle est toujours à la recherche de nouveaux challenges, donc le jour où elle m’a dit vouloir tenter le FKT du Mont Brunswick (13km et 1560m de D+), cela m’a paru évident : il me fallait faire un film autour de sa tentative.

Comment avez-vous justement géré le risque et la peur face à cette arête finale absolument vertigineuse où toute chute est fatale ?

Le danger est toujours présent lorsque l’on fait ce genre de performance dans ce type d’endroit. Nous en sommes toujours conscients. Nous ne sous-estimons jamais la montagne et ses dangers, et partons toujours avec de quoi passer la nuit ou bien attendre les secours si jamais nous nous cassons quelque-chose (nourriture, vêtement en plus, safety kit). Nous avons toujours quelqu’un qui connaît le plan de notre journée, afin de venir nous chercher si jamais nous ne rentrons pas le soir.

Quant à la peur, il n’y en a pas. Jeanelle et moi sommes extrêmement habitués à ce genre de terrain. Nous avons passé des centaines d’heures à courir en montagne dans différentes situations (météo, températures, fatigue …). Nous faisons confiance à notre entraînement, à notre matériel et respectons la montagne et ses dangers. Nous n’irions jamais sur une telle arête si nous n’étions pas sûrs à 100% que tout est sous contrôle. Ni Jeanelle, ni moi, avons le vertige. Ce qui est un réel bonus pour ce genre de situations, car nous avons vu beaucoup de gens passer à quatre pattes sur Brunswick, parfois-même ils sont complètement pétrifiés. Car effectivement… c’est raide ! [Sourire]

Jeanelle et Brice - by Brice Ferre Studio

Depuis sa création dans les années 2000, l’organisation américaine FKT (pour Fastest Known Time) répertorie les segments de course remarquables à travers le monde ainsi que les athlètes ayant réalisé les meilleurs temps de parcours. Le concept n’a jamais été aussi populaire que depuis l’annulation de nombreuses courses dues à la pandémie de Covid-19 ! Depuis 2020, on a effectivement vu fleurir de nombreuses tentatives de FKT sur pléthore de sentiers aux États-Unis, mais aussi en France et par-delà le monde… Que penses-tu de ce phénomène ? 

Je trouve cela formidable ! J’adore voir des athlètes d’exception repousser leurs limites afin d’établir des records. C’est une source d’inspiration incroyable.

Si le phénomène FKT invite les gens à sortir de chez eux et courir en montagne, alors, je suis entièrement pour ! Tant que c’est fait dans le respect des sentiers, de la montagne (« leave no trace ») et sans mettre en danger qui que ce soit (y compris la vie des sauveteurs qui doivent venir nous chercher si l’on se casse une cheville ou un genou…).

À ton avis, c’est un épiphénomène ou une tendance qui va s’inscrire dans la durée et s’affirmer de plus en plus ?

Les humains sont compétitifs par nature, et établir des records de « quoi que ce soit » existe depuis la nuit des temps. Je pense que les FKT vont juste être de plus en plus fréquents car ils sont maintenant filmés et rendus officiels par un site Internet dédié. Mais le concept du FKT a toujours été présent. C’est juste que la partie « known » était plus confidentielle avant le site Internet et les belles vidéos YouTube.

Le nouveau temps de référence femme pour le FKT sur la Brunswick Mountain date de l’été 2020 avec la performance de Katherine Short en 2h21m39s. Sais-tu si Jeanelle compte reprendre le record ?

Oui, je pense qu’elle va y retourner un de ces jours. Katherine est une coureuse incroyable qui est descendue plus vite que Jeanelle, mais qui est montée moins vite. Donc je pense que si Jeanelle se lâche encore un peu plus sur la descente (et ne se filme pas avec son téléphone sur le sommet 😊), ça devrait le faire, car le nouveau record est à peine à une minute d’écart. En tout cas, c’est sympa de voir cette compétition entre coureur/ses, ici. On est tous copains, c’est fun d’essayer de se dépasser les uns et les autres.

Ton film donne envie de suivre Jeanelle dans une aventure plus longue… Un futur projet sous la semelle ?

Oui. Nous travaillons actuellement sur un film plus long, autour d’un FKT plus long (56 km) dans les Rocheuses !

Le mot de l’athlète

« Je connais les FKT depuis longtemps. C’est quelque chose qui m’a toujours fascinée parce que ça oblige à se surpasser. On est seul face à la montagne. À la différence d’une course, on ne poursuit personne. Personne ne nous poursuit. On peut s’arrêter quand on veut, ou ralentir. Mais c’est soi-même contre la montre. Donc ce projet a été l’occasion de me forcer à travailler dur pour améliorer mes chronos et repousser mes limites sans rendre de comptes à personne d’autre qu’à moi-même »

Jeanelle Hazlett

 

Le mot du réalisateur

🎥 Pour en savoir plus sur le réalisateur Brice Ferré :

www.briceferre.com

www.instagram.com/briceferre

www.briceferre.com/youtube

🏃‍♀ Deux autres films réalisés par Brice sur Jeanelle Hazlett :

http://www.briceferre.com/limitless

http://www.briceferre.com/jeanelle

🎬 Retrouvez le film FKT dans le programme blanc du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

 

Jeanelle Hazlett - FKT on Brusnwick - by Brice Ferre Studio

Imagine, un autre FKT

C’est un tout autre décor et une toute autre ambiance avec le film Imagine qui revient aussi sur un FKT (« fastest known time »), une tentative réalisée par le jeune athlète indien, Kieren D’Souza pour un film rare et inédit, tourné en noir & blanc, signé du réalisateur Prashant Bhatt.

Le jeune Kieren rêve depuis des années, de décrocher un record de vitesse (« FKT ») pour inciter ses compatriotes à découvrir le trail running et la montagne autrement. Loin de l’animation des grandes courses européennes, Kieren choisit l’ascension du mont Friendship (5 289 m), un sommet qu’il aperçoit de Manali, sa ville natale, pour un parcours de 53 km au coeur de l’Himalaya. Seul, en pleine pandémie mondiale, le jeune coureur se lance…

Imagine
Imagine
Nims Dai : le nouveau phénomène de l’alpinisme

Nims Dai : le nouveau phénomène de l’alpinisme

Depuis son ascension-événement du K2 cet hiver, sans oxygène, le nom de l’alpiniste népalais Nirmal Purja, alias Nims Dai, fait la une des médias du monde entier. Rencontre avec le nouveau phénomène de l’himalayisme !

Nims, l’homme de tous les records

Une trentaine d’années et déjà plusieurs vies. Le CV de l’alpiniste népalais Nirmal Purja, plus connu sous le nom de Nims Dai (« Dai » est une appellation familière au Népal, traduisible par « garçon » ou « gars »), est bien trop long pour être ici décrit. L’homme est un phénomène. Sur les sentiers de l’Himalaya comme sur les réseaux sociaux, qu’il occupe généreusement. Cet ancien soldat des forces spéciales britanniques, répondant au doux diminutif de Nims pour les initiés, semble se nourrir de toutes les expériences. Un physique hyper affûté, une équipe ultra rôdée et une force mentale inébranlable pour faire la différence. Et une soif de vivre, sans limites. Emportant avec lui toute une nation, le Népal, pas peu fière de son enfant prodige. Avec Nims, rien ne semble impossible…

@nimsdai

14x8000m en 6 mois et 6 jours

Nous sommes en octobre 2019 quand l’alpiniste népalais réussit son pari fou, jugé irréalisable par beaucoup, le « Possible Project » : gravir les quatorze plus hauts sommets de la planète en moins de sept mois, alors que le précédent record (détenu par le Coréen Kim Chang-Ho) était donné en sept… ans, 10 mois et 6 jours ! Déjà adulé au Népal et en Asie, l’ancien des forces spéciales britanniques éclot alors aux yeux du monde : ce nouveau record planétaire au compteur, Nims entre dans l’histoire de l’alpinisme et attire définitivement la lumière. L’aura de ce nouveau sprinteur des cimes grandit, expé après expé. Mais son utilisation de l’hélico pour se rendre sur les camps de base et l’usage de l’oxygène sur les expés nourrissent encore les débats au cœur du sérail montagnard. Quand bien même, Nims embrasse un nouveau rêve : être le premier alpiniste à réaliser l’hivernale du K2… sans oxygène, cette fois…  Du jamais vu.

@nimsdai

Objectif K2 réussi !

Là encore, Nims, qui n’entre « en compétition avec personne d’autre qu’avec lui-même », déjoue tous les pronostics. Le 16 janvier dernier, la nouvelle tombe. Et les bras de nombreux himalayistes par-delà la planète, avec : entouré d’une dizaine de Népalais, Nims vient de réussir la première ascension hivernale du K2 (8611m), le deuxième plus haut sommet du monde. Cerise sur le sac à dos, lui (et lui seul) l’a gravi sans oxygène. L’Hivernale du K2 sans ox ?! Craaaazy. Bien sûr, comme l’a fait judicieusement remarquer l’ultra-traileur Kilian Jornet, Nims a profité du travail de ses compagnons de cordée qui ont installé les cordes fixes sous oxygène. Mais le moment est historique : Nims vient ici de signer un nouveau coup de maître. Même la « montagne sauvage » n’aura pas résisté au sourire solaire de l’ancien Gurkha. Et si ce n’était que le début…

🗻 Pour en savoir plus :

https://www.nimsdai.com/

🔎 Article autour du « Possible Project » (14x8000m) :

Article paru sur Montagnes Mag

Piano to Zanskar : Le plus haut piano du monde

Piano to Zanskar : Le plus haut piano du monde

En Himalaya, dans la petite école du village de Lingshed à 4300m d’altitude, des notes de musique s’échappent d’un piano. Comment est-il arrivé là ? Piano to Zanskar raconte ce trek poétique et improbable au cœur des paysages grandioses de l’Himalaya indien.

Desmond O’Keeffe répare et accorde des pianos. Toute sa vie, il n’a fait que ça, dans sa petite boutique du marché de Camden, à Londres. Il a 65 ans et commence à penser à sa retraite, redoutant de s’ennuyer. Jusqu’au jour où une institutrice globetrotteuse entre dans son magasin et lui demande, sans trop y croire, s’il peut livrer un piano à Lingshed, un village perdu à 4300m d’altitude dans la chaîne du Zanskar, en Himalaya. Bien sûr, qu’il peut !

 

Piano to Zanskar © Jarek Kotomski

L’oreille musicale et le cœur sur la main

Pour cette épopée romanesque au cœur des paysages grandioses du Zanskar, tous les ingrédients d’une belle aventure humaine sont réunis. Générosité, simplicité, amitié viendront à bout des imprévus et des obstacles les plus insurmontables. De pistes périlleuses en sentiers vertigineux, laissant derrière eux la civilisation moderne, le piano et son cortège de yaks et de porteurs avancent vers leur destination, comme un retour à l’essentiel. Anna et Harald, deux jeunes amis de Desmond et anciens apprentis de l’atelier londonien, habités eux aussi de musique et d’humanité, l’accompagnent dans sa mission impossible.

Touchant et attachant, Mister Gentle (son surnom) est profondément bon. Après le film, pendant cinq ans, il retournera chaque année au Zanskar entretenir le piano et enseigner la musique aux enfants de Lingshed, jusqu’à ce qu’une thrombose l’emporte en 2018.

Piano to Zanskar © Jarek Kotomski

La musique, langage universel

En amenant des pianos dans des endroits extrêmes, Desmond se servait de la musique pour éveiller les consciences sur deux grandes causes lui tenant particulièrement à cœur : la lutte contre la mucoviscidose, et la protection de l’environnement.

Toute sa vie, ce modeste réparateur de pianos participe à des œuvres caritatives, souvent dans la plus grande discrétion. Et comme pour lui rien n’est impossible, il a l’idée de trois concerts extrêmes, en altitude ou en profondeur… Leur but : lever des fonds pour la recherche contre la mucoviscidose (ou fibrose kystique), une maladie génétique qui touche le système respiratoire et pour laquelle il n’existe pas de traitement. Plus de 17000 euros sont ainsi collectés grâce aux trois événements orchestrés par Desmond.

La musique, langage universel  En amenant des pianos dans des endroits extrêmes, Desmond se servait de la musique pour éveiller les consciences sur deux grandes causes lui tenant particulièrement à cœur : la lutte contre la mucoviscidose, et la protection de l’environnement.  Toute sa vie, ce modeste réparateur de pianos participe à des œuvres caritatives, souvent dans la plus grande discrétion. Et comme pour lui rien n’est impossible, il a l’idée de trois concerts extrêmes, en altitude ou en profondeur… Leur but : lever des fonds pour la recherche contre la mucoviscidose (ou fibrose kystique), une maladie génétique qui touche le système respiratoire et pour laquelle il n’existe pas de traitement. Plus de 17000 euros sont ainsi collectés grâce aux trois événements orchestrés par Desmond.

Trois concerts de l’extrême

« The Deepest concert », le concert des profondeurs, s’est tenu à une centaine de mètres sous terre dans l’ancienne mine de sel Salina Turda, en Roumanie, en décembre 2017. Alex Stobbs, un jeune et talentueux pianiste britannique atteint lui-même de mucoviscidose, a joué dans les profondeurs de la mine, accompagné du ténor Neil Latchman. Le piano à queue amené pour l’occasion a ensuite été offert aux Hospices de l’Espoir, à Bucarest.

« The highest Chopin concert », le plus haut concert de Chopin, a commencé par sept heures de 4×4 sur des pistes chaotiques depuis Leh, au Ladakh. Un autre piano à queue a ainsi pu être installé au col de Singe La Pass, à près de 5000m d’altitude, pour un concert unique le 6 septembre 2018. Dans un vent glacial, la pianiste britannique Evelina De Lain, en escarpins, a joué plus d’une heure d’un son cristallin jusqu’à ce que ses mains et ses pieds capitulent devant le froid…

Le même jour, quelques mètres plus haut, la harpiste Siobhan Brady donne, elle, le plus haut concert de harpe, record du monde homologué et enregistré dans le Guinness. Desmond Gentle O’Keeffe l’accompagne en lisant un poème tandis que s’envolent des notes celtiques sur fond de drapeaux de prière et de sommets himalayens.

Les sommes récoltées seront reversées à la fondation britannique contre la mucoviscidose (Cystic Fibrosis Trust). C’est le dernier projet humanitaire imaginé et orchestré par Desmond avant son décès survenu soudainement à Londres, peu après le retour.

Piano to Zanskar © Jarek Kotomski

La pollution par le plastique

Vers la fin de sa vie, de plus en plus préoccupé par les problèmes environnementaux, il est consterné par l’accumulation des déchets plastiques au Ladakh. L’idée lui vient de réutiliser les bouteilles comme matériaux de construction. En 2016, avec l’aide d’Anna Ray, il réalise la première serre du Ladakh entièrement conçue à partir de bouteilles en plastique réutilisées, sorte de véranda attenante à une habitation et qui prouvera son efficacité par températures négatives. À nouveau, il lie de profonds liens d’amitié avec les habitants.

Des pianos « humanitaires », Desmond en a aussi expédié au Mozambique et en Roumanie. Jamais en manque d’idées, il voulait ensuite collecter des fonds pour financer l’achat d’un appareil IRM pour l’hôpital du Ladakh. La mort ne lui en aura pas laissé le temps. Nul doute que cette nouvelle aventure aurait certainement nécessité une fois de plus beaucoup d’énergie… et un piano.

Sauvez un piano !

Le réalisateur et le producteur du film ont un message spécialement pour vous…

🎹 Pour en savoir plus :

https://pianotozanskar.com

🏆 Récompenses / Prix :

Grand Prix 2019 du Festival de Banff

Meilleur Film 2020 sur le ShAFF (Sheffield Adventure Film Festival)

Meilleur Film Culture Montagne 2020 sur le VIMFF (Vancouver International Mountain Film Festival)

Meilleur Film International 2020 sur le KIMFF (Katmandu International Mountain Film Festival)

🔎 Article autour du film :

Article (en anglais) paru sur Outsideonline.com

💚 Vous avez aimé ce film ? Vous aimerez aussi…

K2 : The Impossible Descent (Programme Bleu) pour partir, tout schuss, à l’assaut du K2 !

Fly Spiti (Programme Rouge) pour, ce coup-ci, voler dans l’Himalaya indien !

 

🎬 Retrouvez le film Piano to Zanskar dans le Programme Blanc du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

Piano to Zanskar © Jarek Kotomski