Ouvrir la voie, les coulisses de la grimpe…

Ouvrir la voie, les coulisses de la grimpe…

Quand on débute l’escalade en falaise, arrive toujours un moment où l’on se demande : mais qui met les spits dans la montagne ? Est-ce que quelqu’un vient vérifier/remplacer ce bout de fer sur lequel je suspends ma vie ? Le film Le Jardin des Spits de Pema Vives répond à toutes ces questions avec de beaux portraits d’ouvreurs sévissant dans tout le pays.

Rencontre avec Pema qui nous dit tout sur son film.

Comment t’est venue l’idée du film ?

Pour son deuxième rassemblement annuel, « La Fête du Spit #2 », Greenspits a projeté le film Escalade Verbale, superbe documentaire sur l’escalade réalisé par Jean Kanapa en 1999. À la demande de Greenspits, j’ai réalisé un petit teaser en vue de cette projection, et de là est née l’envie commune de réaliser un documentaire qui ferait écho à Escalade Verbale, 20 ans plus tard.

Quant à ma motivation personnelle, j’ai commencé l’escalade assez tard, vers 28 ans, et je grimpais uniquement en falaise avec des potes débutants comme moi. Je n’avais alors aucune idée de comment étaient gérées les falaises, de qui équipait les voies, de comment fonctionnaient les topos… Je me disais genre que des gens étaient payés pour faire ça et que les clubs et municipalités géraient le truc, ou alors que les falaises sortaient de terre avec des spits déjà dessus. D’ailleurs, il faut pas trop en parler, mais j’ai tous les topos Rockfax du sud de la France sur mon étagère (rires) !

Et puis petit à petit, j’ai découvert l’envers du décor, au travers de rencontres et aussi en travaillant avec Greenspits, et je me suis dit qu’il était important de faire découvrir cet aspect de notre activité au plus grand nombre de grimpeurs et de les sensibiliser à ces problématiques, afin que chacun puisse avoir les clés en main pour devenir plus acteur de sa pratique, comme cela a été le cas pour moi. Et pour ça, quoi de mieux que de donner la parole aux équipeurs et d’écouter leurs précieux témoignages !

Comment s’est passé la production et réalisation de ce premier film ?

Pour le côté production, j’ai obtenu dès le départ une bourse du FODACIM, ce qui a été un élément décisif pour me lancer dans ce projet, et après ça avec Greenspits on a trouvé un premier partenaire assez vite, donc je savais que le film ne me coûterait rien, ce qui était déjà bien pour un premier film de cette ampleur ! Ensuite, on a eu la chance de trouver deux autres partenaires, et j’en profite d’ailleurs pour remercier tous nos partenaires, le FODACIM, Expérience Outdoor, Arkose et Climb’Up Fonds de Dotation !
Pour le côté réalisation, les trois premiers tournages qui ont eu lieu pendant l’été 2018 se sont vraiment bien déroulés et j’ai cru que l’affaire serait pliée à l’automne, mais j’étais loin du compte. Après ça, les galères ont commencé, entre la météo capricieuse, les soucis matériels, les incompatibilités d’agenda… Au final, j’ai tourné les dernières images pendant l’été 2020 ! Donc en tout, ça m’aura pris presque trois ans de la naissance du projet à son aboutissement.

Peux-tu nous parler plus précisément du concept du film ?

La réalisation du film n’était que le premier acte d’un projet imaginé en deux actes. Quand nous nous sommes lancés dans cette aventure avec Greenspits, notre volonté était de créer une cagnotte avec tous les bénéfices issus de la vente du film pour pouvoir ensuite financer des projets d’équipement et de rééquipement sur la base d’un appel à projets national. Bon, finalement, il n’y a pas vraiment eu de bénéfices, mais grâce à tous ceux qui ont participé au financement participatif et grâce aussi aux bénéfices réalisés lors de la Fête du Spit #5, on a quand même réussi à créer une cagnotte de 4 700 €. J’ai décidé de rejoindre Greenspits suite à la sortie du film car ça me tenait à cœur de mener cet appel à projets, et à l’heure où je vous parle, l’appel est terminé et 5 beaux projets vont pouvoir être soutenus, donc c’est vraiment génial ! Les détails arriveront bientôt sur la page Facebook de Greenspits.

Peux-tu nous présenter Greenspits et nous parler de la Fête du Spit ? En dehors de cet évènement, quelles sont les missions menées par cette association et comment le public peut-il participer ?

Greenspits, c’est une association environnementale et d’intérêt général qui œuvre pour la préservation des sites naturels d’escalade. C’est une asso qui a été fondée il y a 6 ans avec pour volonté de créer et d’accompagner une nouvelle communauté de grimpeurs investis et responsables. La Fête du Spit a été un bon point de départ et est devenue un moment fort de l’asso. C’est avant tout l’occasion de se rassembler autour de valeurs communes, de sensibiliser les grimpeurs au travers d’ateliers et de conférences, et de passer un super moment tous ensemble. Mais Greenspits mène également des actions tout au long de l’année, notamment en organisant des Clean up Days et en offrant un soutien matériel aux équipeurs locaux. L’asso vient aussi d’organiser sa deuxième semaine de transmission d’expérience autour du rééquipement, dont le but est autant d’apporter les bases théoriques que de transmettre nos valeurs aux grimpeurs désireux de participer à la pérennisation de notre activité. Sans oublier notre premier appel à projets. Bref, autant d’actions qui rencontrent un franc succès et ont pour vocation d’être pérennisées. Pour participer, rien de plus simple, il vous suffit d’adhérer à Greenspits et de rejoindre l’aventure !

Retour au film, est-ce que tu as des anecdotes de tournage à partager ?

Pour le premier tournage, je suis allé à Chambéry rencontrer Mathieu et sa compagne Amandine. Comme c’était une première pour moi et que je ne les connaissais pas du tout, j’étais naturellement bien stressé. Je me suis garé dans la petite pente devant leur maison et j’ai été accueilli par Mathieu. On a commencé à discuter tranquillement sur leur terrasse, puis Amandine est arrivée et m’a gentiment demandé si je n’avais pas des soucis de frein à main, car ma voiture était encastrée dans leur porte de garage ! Au final, plus de peur que de mal, mais comme entrée en matière, on a connu mieux (rires) !

Je pourrais aussi parler de l’interview de la dream team du Tarn où les objets sur la table avaient étrangement tendance à se déplacer tout seuls pour former de drôles de sculptures… Avis aux spectateurs attentifs !
Et sinon, de manière générale, je précise que toutes les scènes ont été tournées sur le vif, sans préparation, même celle où Armand sort la Dallas du garage à la main, sans aucun doute ma scène préférée du film (rires) !

De nombreux grimpeurs ouvreurs sont interviewés dans ton film, comment s’est fait le choix de ces protagonistes ?

Le choix n’a pas été simple évidemment, car les personnages passionnants ne manquent pas dans ce milieu. Je suis parti d’une liste d’environ 30 noms puis j’ai fait des recherches sur Internet pour affiner ma sélection. L’idée était d’avoir un panel d’équipeurs assez varié, tant au niveau de l’âge que de la zone géographique, mais aussi de présenter des fonctionnements différents, comme les équipeurs du Tarn ou Armand qui travaillent en étroite collaboration avec les collectivités et éditent des topos, les équipeurs d’Ubaye qui ont un fonctionnement plus associatif, ou encore des équipeurs comme Bruno, Antonin ou Mathieu qui sont plus des électrons libres.

Enfin pour être honnête, ça s’est surtout fait au feeling et je ne regrette vraiment pas mes choix ! Et surtout, je remercie chaleureusement les équipeurs qui ont tous répondu favorablement à ma sollicitation et accepté de me donner de leur temps, ce qui était vraiment une chance.

Pour l’anecdote, je me suis décidé à contacter Armand après avoir lu un portrait de lui sur le site d’Escalade-Alsace**, portrait juste mythique que je vous invite tous à aller lire !

Comment vois-tu l’avenir concernant les financements et l’entretien des voies en France ?

Sur ce point, je partage tout à fait le point de vue d’Olivier, d’ailleurs bien plus spécialiste que moi en la matière, quand il dit qu’il n’y aura pas une même formule applicable partout. Il y a des secteurs qui vont être entretenus bénévolement par les grimpeurs, d’autres qui vont être entretenus grâce à des clubs ou des associations, comme on peut déjà le voir aujourd’hui avec l’apparition d’associations locales qui mènent des actions de clean up, d’équipement ou de rééquipement, et enfin d’autres qui vont être entretenus par les collectivités quand il y a un enjeu touristique et que l’escalade les intéresse. Ça peut aussi être un mix de tout ça. En tout cas, c’est vraiment encourageant de voir toutes les nouvelles initiatives qui naissent aujourd’hui !

👉  Site de Pema Vives : www.pemavives.com

👉  Greenspits : www.greenspits.com et sur Facebook : @greenspits

🧗‍♂  Portrait d’Armand sur Escalade-Alsace

🎬  Lien Film Escalade Verbale :

Transcontinental Race, le plaisir de souffrir

Transcontinental Race, le plaisir de souffrir

Parcourir des kilomètres à vélo en autonomie à travers toute l’Europe, ça peut paraître une bonne idée de vacances. Imaginez maintenant devoir faire en moyenne 235 km par jour pendant plus de 2 semaines, s’orienter dans des contrées inconnues et pédaler de jour comme de nuit sur tous types de route et vous aurez une petite idée de ce qu’est une course comme la Transcontinental Race. Cette classique dans l’ultra cyclisme attire un type particulier de coureurs : des guerriers et guerrières de la pédale, passionnés.ées de la chambre à air, un brin masochistes. Le réalisateur Antonin Soret-Michaud suit ces héros anonymes durant 3 éditions de la célèbre TCR, de 2016 à 2018, pour son film ONBOARD The Transcontinental Race.

Matthieu Lifschitz, l’un des protagonistes de cette aventure, répond à quelques questions.

Comment t’est venue cette passion pour la pratique du vélo et des courses d’ultra cyclisme ?

Par curiosité. N’ayant pas le permis de conduire, le vélo fut d’abord pour moi l’occasion d’aller découvrir ma région. Puis, petit à petit, j’ai rallongé les distances pour aller voir un peu plus loin.

Fasciné depuis toujours par les montagnes et n’habitant pas si loin des Alpes, j’ai rapidement entrepris des sortes de raids en solitaire pour y accéder sans non plus partir une semaine.

Pas que je tenais absolument à partir seul, c’est surtout que je ne trouvais personne dans mon entourage qui avait la même envie… Donc j’y suis allé.

De là, je me suis habitué à rouler longtemps en autonomie, et c’est au début des années 2010 que j’ai pris conscience qu’une discipline, correspondant aux mêmes critères que ma pratique, existait : la longue distance et les brevets Audax*. Les courses d’ultra distance en autonomie sont récentes et c’est à cette période qu’ont commencé à émerger quelques épreuves en dehors des brevets officiels de la Fédération française. J’y ai naturellement porté intérêt me retrouvant plus dans un univers en pleine croissance, jeune et moins engoncé de dogmes de vieux routiers en s’affranchissant de leurs habitudes et choix techniques.

Comment as-tu entendu parler de la TCR et quelle est ton histoire avec cette course ?

Comme beaucoup, c’est en découvrant le documentaire MELONS, TRUCKS & ANGRY DOGS** retraçant l’aventure de Recep Yesil and Erik Nohlin, sur la première Transcontinental en 2013, que j’ai eu le déclic.

À force de rencontrer des pilotes ou d’avoir des amis dans mon entourage qui s’y sont alignés, je me suis lancé. Trois fois, la première, la No5 en 2017 que j’ai abandonnée en Slovaquie dans les Hautes-Tatras au check point 3, après de plus de 2 000 km de course.

J’étais mal parti, pour tout un tas de raisons qui n’ont eu de cesse de s’aggraver sur la route. J’ai ensuite enchaîné la No6 et No7, respectivement en 2018 et 2019 en arrivant à chaque fois au terme.

La plus marquante est évidemment la No6 : c’était la revanche, le tracé était dans la plus pure tradition de la TCR avec un départ de Grammont, en Belgique. Puis, une longue traversée franchissant d’innombrables montagnes jusqu’aux Balkans où la donne change totalement. Partir dans ce sens et se retrouver dans des contrées très différentes des nôtres après plus de 3 000 km de course (et restant environ 1 000 km à parcourir) est autrement plus difficile que l’inverse comme sur la No7 (retrouver peu à peu une civilisation plus moderne et achalandée en partant des Balkans vers Brest en France).

Cette longue descente dans l’inconnu comme sur la No6 explose le compteur du dépaysement, cette sensation est unique.

Comment te prépares-tu pour ces courses ?

Je n’ai pas de préparation spécifique. Habitant dans le sud de la France, même s’il fait froid l’hiver, la météo est plus clémente que dans pas mal de régions. Donc, je roule à l’année sans trop de contraintes.

Parfois je sors par simple plaisir, parfois dans le cadre de reportages que je réalise pour le magazine 200.

Mis bout à bout, ça fait des bornes, et la variété de parcours disponibles dans les environs de Marseille où je réside, m’offre la possibilité de m’entraîner là où j’ai besoin de progresser, comme m’améliorer dans les ascensions escarpées ou au contraire savoir trouver un rythme soutenu et régulier sur des parcours plus roulants. Quelques semaines avant chaque course, je fais plus attention à ce que je mange ou bois, limitant tout ce qui pourrait affaiblir mon endurance comme trop de gras ou trop d’alcool, mais sans jamais trop me contraindre. Bien vivre, être bien dans sa tête et son corps, ce sont aussi des choses très importantes pour moi. N’ayant pas de prétention particulière en termes de classement, je peux me permettre cette souplesse en gardant comme simple cap d’être à l’aise. J’essaye de m’aligner sur au moins deux ou trois courses chaque année comme la Trans Pyrénées Race (organisée par Lost Dot comme la TCR) ou plus récemment la Two Volcano Sprint en Italie. Le tout ponctué de challenges non chronométrés ou de longues sorties entre amis, ça me fait un calendrier bien fourni !

 

Quel est ton plus beau souvenir et ton pire souvenir d’une course ?

Impossible de répondre catégoriquement, il y en a trop qui se valent. Mais le meilleur sur la TCR, c’est évidemment au check-point 2 de la No6, au sommet du Mangartsko Sedlo en Slovénie. J’étais submergé d’émotion, je savais bien que nous n’étions qu’à mi-course, mais pour la première fois, j’ai eu cette sensation que rien ne pourrait m’arrêter, que j’allais aller jusqu’au bout quoi qu’il arrive, que j’étais en train de vivre ma revanche tant attendue. J’étais bien, à ma place, totalement détaché de toutes les histoires du quotidien. C’était très troublant, mais exaltant, galvanisant.

Le pire ne fut pas un événement dantesque comme il peut arriver parfois avec des météos compliquées ou des chiens trop entreprenants, mais la lassitude. Je l’ai sentie à plusieurs reprises, c’est normal et il faut savoir jouer des montagnes russes émotionnelles. Mais la fois la plus marquante fut sur la No7 lors de la traversée finale de la France vers l’arrivée à Brest. Je me battais contre un fort vent de face pendant environ 1 000 km, réduisant à peu près tout : ma vitesse, mon moral, ma forme physique. J’ai fini par arriver, il était hors de question de baisser les bras après tant de chemin parcouru, mais ce désert d’émotion, ce vide de sensation est presque plus compliqué à surmonter que l’humidité tenace en Autriche ou pousser son vélo sur des kilomètres de parcours obligatoire inroulables au fin fond de la Serbie. Heureusement, à l’approche de l’arrivée, l’euphorie s’installe et les derniers kilomètres effacent d’un coup de baguette magique toutes ces petites peines. Il y a quand même plus dur dans la vie, la grande majorité des pilotes se rappellent toujours que ce n’est que du vélo, de ne pas prendre tout ça trop au sérieux.

Comment s’est passé pour toi le tournage du film d’Antonin ?

Ce que je peux dire, c’est qu’il [Antonin, le réalisateur] arrive toujours quand on s’y attend le moins. C’était très furtif, généralement distant, au pire quelques brèves questions pour nous faire réagir mais jamais plus. Et j’imagine que la véracité et la sensibilité du documentaire tient, entre autres, à ça. Cette capacité qu’il a d’être là sans être là, d’être bienveillant sans jamais interférer dans la course d’une quelconque aide. Avec le recul, ma mémoire met ces apparitions bout à bout et c’est un sentiment assez drôle, comme un personnage de dessin animé qui sort d’un tronc d’arbre ou d’un bosquet.

 

Peux-tu nous parler de ta prochaine course, la Three Peaks Bike Race ?

Ça sera un gros morceau. Comme pour beaucoup d’épreuves, les années passent et les parcours se corsent. Cette année, nous en aurons pour 2 600 km entre Vienne (Autriche) et Barcelone. Il faudra bien entendu valider les trois check point sur des sommets notoires en traversant les Alpes puis la France et les Pyrénées pour un total frisant les 40 000 m de dénivelé positif.

Les premiers ne mettront qu’une poignée de jours pour boucler cette affaire, mais si j’arrive à terminer l’épreuve en 10 ou 12 jours avant le « cut-off », ce sera déjà beau. Le calendrier de travail a été dense ces trois derniers mois et les sorties de longue distance moins intenses que les années précédentes pour les raisons sanitaires que l’on connaît. J’y vais pour me faire plaisir plus que par défi, j’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’ai pas traversé de frontières ni même roulé en continu pendant plusieurs jours et nuits. J’ai vraiment hâte, ça devrait être très fun. Cette épreuve me servira de curseur pour préparer mon objectif le plus important de cette année, la Trans Pyrénées Race No2 en octobre. Voir où j’en suis sur les longs enchainements de cols, peaufiner ma machine si besoin ou au contraire valider les petits ajustements fait pendant l’hiver… Toutes ces perspectives sont très enthousiasmantes pour fêter cette liberté de circulation retrouvée.

  • 4000 KM À TRAVERS L’EUROPE EN VÉLO
  • 17 JOURS DE COURSE
  • SANS ASSISTANCE ET EN AUTONOMIE
  • 4 POINTS DE CONTRÔLE
  • NAVIGATION LIBRE
  • 250 PERSONNES AU DÉPART
  • LES PREMIERS METTENT MOINS DE 9 JOURS
  • 50% NE FINISSENT PAS DANS LE TEMPS IMPARTI
  • SEULEMENT DEUX VOITURES DE COURSE SUIVENT LES COUREURS, AVEC À BORD L’ÉQUIPE MÉDIA.
  • EN 2019, LA COURSE EST GAGNÉE PAR UNE FEMME POUR LA PREMIÈRE FOIS, FIONA KOLBINGER.
  • FONDATEUR : MIKE HALL (1981-2017) DÉCÉDÉ DURANT LA INDIAN PACIFIC WHEEL RACE, FAUCHÉ PAR UNE VOITURE SUR LA ROUTE.
  • ORGANISATEUR ACTUEL : LOST DOT WWW.FACEBOOK.COM/LOSTDOT
  • SITE WEB DE LA COURSE : WWW.TRANSCONTINENTAL.CC

📸  @Matthieu Lifschitz

👉  Manivelle, le blog de Matthieu : manivelle.cc

*Brevet Audax :

Les brevets et randonnées cyclistes organisés selon la formule Audax sont des randonnées effectuées en groupe. Ces dernières sont ouvertes à tous les types de cycles uniquement mus par la force musculaire. A l’origine, le terme Audax (du latin signifiant « audacieux ») désignait uniquement les cyclistes capables d’effectuer 200 km entre le lever et le coucher du soleil. Un brevet Audax est une épreuve de régularité et d’endurance sur une moyenne roulante maximum de 22,5 km/h, dont les participants sont tenus de respecter le Code de la Route.

Source : https://www.ffct37.org/app/download/16993187/2015+R%C3%A8glement++brevet+Audax.pdf

**Épisodes : MELONS, TRUCKS & ANGRY DOGS
« Swissway to Heaven », l’odyssée suisse

« Swissway to Heaven », l’odyssée suisse

Durant deux années, Cédric Lachat et ses compagnons de cordée (Nina Caprez, Mélissa Le Nevé, Tobias Suter, Fabien Dugit) relèvent le défi de gravir et filmer les itinéraires les plus difficiles de cinq parois mythiques en Suisse. En résulte Swissway to Heaven, un film de grimpe immersif, au ton décalé, qui met en relief l’histoire de l’escalade helvétique. En route vers ce « petit paradis » voisin, encore trop souvent méconnu !

Cédric Lachat est de ces sportifs de haut-niveau à qui l’on taperait volontiers la bise. Ou une belle claque dans l’épaule. Les yeux rieurs et un franc humour vissé au corps (de ceux capables de décorner les plus robustes de nos précieuses laitières), ce « petit Suisse du Jura » a 36 ans et grimpe depuis l’âge de 11 ans. À 12 ans, il débute les compétitions, à 13 ans, les circuits internationaux. C’est dire le potentiel du jeune homme. À 18 ans, Cédric devient grimpeur pro et multiplie les podiums en Coupes du Monde et autres championnats. Une dizaine d’années plus tard, il met un terme à la compétition pour se consacrer exclusivement à la falaise et aux grandes voies. « C’est à ce moment-là que j’ai commencé à réaliser des films pour partager ma passion avec le public », renchérit-il. 

Cédric Lachat et Tobias Suter sur l'ascension de "Odyssee" à l'Eiger - Juillet 2019 © Guillaume Broust

La naissance du projet

Cédric cherche une nouvelle vidéo à réaliser. « Quelque chose de différent » de ce qu’il a déjà réalisé comme films d’escalade et de grandes voies. Le grimpeur ne veut pas se répéter. L’idée qu’il a en tête : montrer les plus beaux massifs suisses en grimpant les grandes voies les plus difficiles « tout en ajoutant un truc en plus, un côté historique pour donner de la vie au film, faire la relation entre « l’avant » et le « maintenant » ». Donner une dimension humaine à l’aventure sportive.  Il écrit le dossier et lance le projet de réaliser les cinq grandes voies les plus difficiles de Suisse en un an… ou presque.

Les piliers du projet :

  • Partir de l’histoire de la montagne et de l’alpinisme pour comprendre l’essence de l’escalade libre.
  • Faire le récit en images de cette évolution passionnante pour expliquer à quel point la difficulté de ces lignes dépasse l’imaginaire des premiers ouvreurs
  • Réaliser une prouesse physique et sportive en réalisant toutes ces voies dans la même année
  • Montrer que la Suisse est un paradis pour les grimpeurs débutants et les plus expérimentés. Peu de gens savent que les grandes parois suisses regorgent de voies accessibles à tous.

 

Lauterbrunnen "The Fly" Cedric Lachat and Tobias Suter © Guillaume Broust

Topo des grandes voies & des massifs choisis

  • Eiger : « Odyssée », 8a+, 1400 m (avec Tobias Suter)
  • Lauterbrunnen : « The Fly », 8c, 550 m (avec Tobias Suter)
  • Gastlosen : « Yeah Man », 8b+, 330 m (avec Mélissa Le Nevé)
  • Wenden : « Zahir », 8b+, 300 m (avec Fabien Dugit)
  • Rätikon : « Wögu », 8c, 350 m (avec Nina Caprez)

Filmer et enchaîner, un vrai casse-tête

Faire découvrir ces parois et ces grandes voies mythiques tout en rendant accessible au plus grand nombre l’histoire et l’évolution de la grimpe helvète (à travers des images d’archives sur l’évolution du matériel ou des interviews avec des précurseurs tels que les ouvreurs Roger Schäli, Beat Kammerlander, Stephan Siegrist ou Claude Rémy), voilà le projet ambitieux de Cédric Lachat. Soit, comprenez entre les lignes, qu’il lui a fallu enchaîner les voies dans un timing serré avec tous les impératifs que demandaient la prise d’images et le tournage en paroi. Deux années de pur bonheur, mais de stress aussi.

« Réaliser un tournage en paroi, c’est déjà compliqué. Alors en réaliser 5 pour un même film, c’est un vrai casse-tête »

« J’étais constamment sous pression durant 2 ans. Réaliser un tournage en paroi, c’est déjà compliqué. Alors en réaliser 5 pour un même film, c’est un vrai casse-tête avec une pression financière énorme ! La météo ne fonctionne jamais comme on veut, il faut toujours s’adapter, changer les plans. S’adapter aussi au planning et aux impératifs de chacun. Mais le travail d’organisation et de coordination en équipe, cela fait partie de mon travail. Cela demande beaucoup d’expérience, c’est du stress permanent. Le projet ne tient souvent à rien… Mais il ne faut jamais rien lâcher et toujours se battre pour que ça fonctionne ! ».

En parallèle de séquences de grimpe extrêmes dans le 8ème degré donc, des ouvreurs emblématiques présentent l’histoire de l’équipement et l’évolution de la pratique, depuis l’alpinisme classique jusqu’à l’escalade moderne.

WoGü - Cedric Lachat and Nina Caprez © Guillaume Broust

La Suisse, paradis pour les grandes voies

La Suisse est un petit paradis pour les grimpeurs : elle regorge de parois exceptionnelles. Pourquoi parcourir le monde alors que son pays natal regorge de lignes magnifiques ? En tant qu’helvète, Cédric a voulu faire connaître au grand public ces lieux et l’aventure humaine qu’ils représentent à travers un film, en faisant appel aux meilleurs grimpeurs européens pour l’accompagner dans ce projet.

Transmettre l’amour de la grimpe comme la beauté de son pays chéri, voilà bien ce qui a dicté le propos de Cédric Lachat tout au long du projet. Alors, la Suisse, ça joue ou bien ? Le petit pays au drapeau rouge et blanc et à l’accent chantant, est souvent méconnu des Français, pourtant il a effectivement tout d’un petit « paradis » pour les grandes voies. Ce film en est un précieux exemple. « La Suisse est un pays assez cher et souvent les Français n’y pensent pas pour cette raison. Ensuite, la mode est de partir dans le sud ou plus loin pour grimper. Mais j’espère que le film va montrer que ce pays fait partie des plus beaux endroits au monde pour l’escalade de grandes voies ».

Un défi physique colossal

Si Swissway to Heaven était un vrai défi logistique et technique, le projet a aussi été une prouesse physique colossale qui a entamé les corps. Cédric l’avoue : « Je grimpe dans le haut niveau depuis gamin, je commence à en ressentir les traces. Le projet était fatiguant, je n’avais pas le droit de me reposer quand les douleurs étaient présentes. Il fallait finir le tournage. Mais cela fait partie de la vie de sportif professionnel. Notre corps est notre instrument de travail et quelquefois, il faut le pousser à ses limites…».

Mais le film n’en aucun cas entamé la confiance des uns envers les autres. Au contraire, avec des organismes mis à rude épreuve, le projet a resserré les liens : « À notre niveau et dans ce type de voie, on fait beaucoup de grosses chutes. Mais la chute va avec le niveau. On sait tomber et surtout assurer sans risquer de se faire mal ». Cédric renchérit : « Je n’aimais juste pas quand j’assurais Nina [Caprez] qu’elle prenne des vols gigantesques car à chaque fois je finissais la tête dans le relais… et il faut quand-même être très précis ».

« Quand on assure, on a la confiance de l’autre à 100 %, alors on n’a pas droit à l’erreur sur la précision d’assurage »

Swissway to Heaven - Wenden © Marc Daviet

Une plongée au cœur de la cordée

Swissway to Heaven est donc un film à la fois très personnel et très immersif : on a comme l’impression d’être au sein de la cordée, « au plus près » de la grimpe et des compagnons de Cédric : Nina Caprez, Mélissa Le Nevé, Tobias Suter ou encore Fabien Dugit.

Bim, bam, boum, nous voilà avec les mains moites et le cœur qui sprinte devant ces ascensions engagées sur des parois légendaires.

Les images ont été capturées avec brio par des grands noms de la grimpe et de l’outdoor : Mathis Dumas au cadrage, Marc Daviet à la photographie et Guillaume Broust à la réalisation. « Avec Guillaume, on se connaissait déjà pas mal, nous sommes des amis. Cela lui a permis de rentrer dans nos vies pour filmer chaque émotion. Il y a vraiment un esprit de confiance entre lui et nous. Des tournages en paroi, ça soude les personnes et l’équipe. On vit des moments forts, beaux, joyeux, compliqués, etcEnsuite pour le montage, Guillaume échangeait constamment avec nous, afin de trouver les bonnes idées et les bonnes directions pour le film ».

Grimper sans prise de tête

L’échange et la transmission, toujours, comme véritables moteurs. Mais aussi, l’humour et l’auto-dérision, comme meilleures armes : « Dans mes films, je veux que ce soit ma vraie personne ! Je suis un peu un clown de temps en temps. Mais c’est plus rigolo ! Il faut un peu d’humour dans la vie, surtout lorsque l’on passe son temps dans la difficulté. En tout cas, j’aime faire des films avec un mélange d’humour, de sérieux et de haut niveau. L’escalade m’ennuie, s’il n’y a que cela… donc j’essaie de trouver le juste milieu ».

L’après-film

Cet ultime challenge technique, logistique et sportif, relevé avec brio, Cédric Lachat est déjà sur un autre projet. Mais en spéléo cette fois, son autre credo : « Je suis en train de réaliser un nouveau film pour 2022 ou 2023. C’est un projet qui prend du temps. On réalise les images à 900 mètres sous terre ! Donc c’est toute une mission de descendre au fond… » Et pour l’escalade ? « On verra cet hiver les projets que je vais mettre en place. En attendant, il faut déjà que je m’occupe d‘organiser les projections de Swissway to Heaven… ». Un tantinet hyperactif, le mister Cédric ? Si peu. Quoi, vous ne l’avez pas vu ranger sa vaisselle dans son van ?!

Fly Spiti - John Stapels

🧗‍♂ Pour en savoir plus :

Page Facebook de Cédric

Site de Guillaume Broust

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Yoann Stuck, le phénomène trail

Yoann Stuck, le phénomène trail

Août 2010. Le presque trentenaire Yoann Stuck, plus fêtard que sportif, fume clope sur clope, enchaîne les soirées et pèse 95 kg. Sur un coup de tête, il décide d’arrêter de fumer. Se dit que s’il ne trouve pas de quoi compenser, il va vite dépasser le quintal. C’est le déclic. Il enfile un short et part courir. 20 minutes… de pur cauchemar ! Aujourd’hui, dix ans plus tard, Yoann est devenu… traileur professionnel ! Rencontre autour d’un parcours atypique.

Fast-portrait

  • Yoann Stuck
  • 38 ans, en couple
  • Vit à côté de Lyon
  • Est originaire d’un petit village du Vaucluse, Châteauneuf-de-Gadagne (84)
  • Papa d’une petite fille de 6 ans

 

Yoann Stuck sur la 6000D

Ton parcours est pour le moins atypique. Peux-tu nous dire comment tu t’es mis à la course à pied ?

J’ai décidé d’arrêté de fumer en août 2010, sur un coup de tête. À l’époque, je sors beaucoup en semaine, bois des pintes de whisky Coca et je fume plus d’un paquet de clopes par jour… Bref, j’ai une hygiène de vie déplorable, je totalise 95 kg. Je me dis alors que si je ne trouve pas quelque chose pour « compenser », je vais vite dépasser le quintal. Alors j’ai chaussé ma paire de speakers, un tee-shirt en coton et un short de foot, et puis je suis parti courir. 20 minutes. Un cauchemar. Mais j’y suis retourné, j’ai allongé la distance… Finalement, j’y ai pris du plaisir, rencontré des coureurs, … De fil en aiguille, je me suis inscrit à une première course, puis à un premier club d’athlétisme, pour finalement arriver là où j’en suis aujourd’hui.

Comment ton entourage a-t-il vécu ta transformation ?

Ça dépend qui 🙂 ! Ma compagne a vécu un peu la même « transformation » avec moi, donc on était sur la même longueur d’onde. Ma maman, plutôt bien, même si elle ne se rendait pas vraiment compte de l’importance de ce changement… Et puis pour les copains, tout le monde n’a pas vraiment compris au départ un tel revirement… Mais aujourd’hui, je suis super content d’aller courir avec les mêmes potes avec qui je me mettais des mines le week-end !

Comment as-tu pris le virage trail / outdoor ?

Au départ… en me perdant ! En fait, je venais d’emménager sur Lyon et comme je ne connaissais ni grand monde ni trop le coin, courir était aussi le moyen de visiter les alentours. Et le gros virage, ça a été mon premier trail en montagne, le Marathon du Mont-Blanc ! Je prends un plaisir immense à courir au milieu de toutes ces élites que je suis sur les réseaux. J’aime aussi l’ambiance vraiment sympa aux abords des sentiers et je passe la ligne d’arrivée avec ma compagne et des amis. Un moment intense ! L’un de mes meilleurs souvenirs. J’ai grandi à la campagne. Je jouais toujours dehors, avec la garrigue en terrain de jeu, donc j’ai toujours aimé être dehors.

Tu portes toujours une attention toute particulière à ton mode de vie / ta nutrition ? (sans pour autant sacrifier à la petite bière d’arrivée… 😉)

J’évolue toujours en ce sens. Je me rends compte – et je partais de très loin ! -, de l’importance de l’alimentation dans ma vie de sportif, mais pas que. Pour ma santé générale, aussi. Je me rends aussi compte de l’impact de notre consommation sur l’environnement donc oui, j’ai une hygiène alimentaire au quotidien qui est aujourd’hui plutôt très bonne, je pense. J’ai essayé le cétogène cet hiver, là, on teste un mois végétarien. Sinon, je suis plutôt un mode alimentaire low carb (soit, pauvre en glucides) qui me convient très bien… mais j’ai beaucoup de mal à refuser la bière et les petits plaisirs. C’est important aussi, je crois.

Yoann Stuck

Tu es très présent sur les réseaux sociaux, notamment à travers des web-séries. Peux-tu nous en dire plus ? Pour ta série Adaptation sur YouTube, l’épisode 3 est pour bientôt ?

L’épisode 3 de ma série Adaptation, on vient de le tourner le week-end dernier ! Avec le contexte sanitaire actuel et l’absence de courses, j’ai eu cette idée de proposer des petits défis, des challenges qui me tenaient à cœur. J’en fais partager certains avec le petit groupe d’entraînement que je suis, avec les copains… et puis d’autres, je les ferai seul, en totalité ou en partie.

On a donc fait un premier épisode sur un off de la SaintéLyon (course qui a dû être annulée cette année), pour mettre en avant les organisateurs de course.

Le suivant, c’était pour mettre en avant ma station de cœur, La Plagne, et les répercussions du COVID-19 sur les stations cet hiver.

Le week-end dernier, l’histoire était plus personnelle puisque je voulais mettre en avant l’endroit où j’ai grandi : Châteauneuf-de-Gadagne et le Vaucluse plus généralement, ainsi que ma ville d’adoption : Lyon. Car je suis devenu la personne que je suis aujourd’hui en partant vivre à Lyon. Mais je ne serai pas non plus la personne que je suis, sans avoir grandi dans mon village.

On est donc partis samedi matin dernier de Lyon jusqu’à Avignon en vélo, pour donner un côté responsable et écologique à l’aventure et arriver dans l’après-midi. Ensuite, j’ai enchaîné le Wings for Life (course caritative organisée par Red Bull pour la recherche sur la moelle épinière) sur une App en partant d’Avignon avec pour objectif d’aller jusqu’au sommet du Ventoux, et donc par la même occasion de faire un FKT : 62,34 km, 2136 m D+ en un peu plus de 5h. Et il semblerait que pour le Wings for Life, j’ai fait premier français avec 52,8 km.

Mais j’ai encore en tête pas mal d’idées d’épisodes, peut-être plus en montagne cet été.

Et tes capsules vidéo Hiit & Eat sur Instagram ?

Pareil, le COVID-19 et le premier confinement m’ont donné l’idée de départ de faire du home trainer en interviewant en live sur Instagram des acteurs touchés par ce contexte sanitaire peu évident… Mes partenaires ont joué le jeu, mais pas que ! Des restos, des stations de ski, des athlètes… L’idée était de tirer du positif d’une situation négative. Ensuite, j’ai proposé des renfos accessibles à tous pour rester actifs, même chez soi. Et puis m’est venue, dans la foulée, l’idée de préparer un petit truc en parallèle – car je ne suis pas un grand cuisinier – s’est imposée : on dit bien « Après l’effort, le réconfort », non ?!

Yoann Stuck - iamwoodstuck

Ta journée-type ?

Je m’entraîne quasi 7j/7, parfois en biquotidien. Après, tout dépend des périodes de charges et des échéances à venir. 

Lever 7 h : Petit-déjeuner en famille. Je bosse toute la matinée après avoir amené ma fille à l’école. Je pars souvent faire ma première séance en fin de matinée et l’on déjeune aussi en famille. Je travaille l’après-midi jusque 16 h, puis seconde séance. Je re-travaille encore jusqu’au dîner. J’ai la chance de pouvoir m’organiser comme je veux car je travaille de la maison, mais, la contrepartie c’est qu’il n’y a jamais vraiment de coupure, pas de week-end ou de réelles vacances… Mon ordinateur et mon téléphone ne me quittent pas souvent… mais quand on aime son job, on ne travaille pas vraiment, si ?!

La course à pied, c’est pour toi un précieux outil de partage, non ?

Au départ, c’était surtout ma bulle, ma méditation, là où je trouvais mes meilleures idées. Et j’ai vu que les gens, autour de moi, se retrouvaient dans ce que je faisais, ce qui est vraiment top. Donc oui, c’est un bel outil de partage, tout comme les réseaux, même s’ils sont souvent critiqués.

Tes prochains projets et/ou objectifs et/ou dossards que tu vas épingler ?

J’adorerais pouvoir remettre un dossard pour le Marathon du Mont-Blanc mais je ne suis pas certain de ce qu’on aura le droit de faire ou non fin juin.
Sinon, je mets normalement deux dossards mais sur mon Gravel puisque je vais prendre le départ du Vélo Vert Festival à Villard de Lans début juin et du Festival Outdoor de la vallée verte à Chambon-sur-Lac, en Auvergne, fin juin. J’ai, depuis longtemps, très envie de mettre des dossards en vélo et j’ai eu un vrai coup de cœur pour le Gravel. Ce dernier va beaucoup se développer en France dans les prochaines années !

Ton rêve fou ?

Je souhaite m’orienter sur de la montagne pure. Le « toit du monde » me fait envie. Je souhaite surtout découvrir de nouvelles sensations et me sentir libre. Relier d’est en ouest les États-Unis avec mon Gravel serait aussi un beau projet… 

Un dernier message que tu aimerais adresser aux lecteurs du blog ?

Inspirez-vous des reportages du blog et allez prendre de la hauteur !

🏃‍♀ Pour en savoir plus sur Yoann :

www.anotherlife.fr

www.instagram.com/yoannstuck

Une salle d’escalade pas comme les autres

Une salle d’escalade pas comme les autres

Point de ralliement du film Black Ice, qui embarque toute une bande de jeunes grimpeurs afro-américains issus de milieux défavorisés dans un trip cascade de glace, Memphis Rox est une salle d’escalade pas comme les autres. Installée dans un quartier pauvre de Memphis, ses portes sont ouvertes à tous. Pas d’abonnement, pas de tarif fixe… Ici, on vient et on paye ce qu’on peut. On peut aussi donner de son temps, être « mentor » pour les jeunes ou donner un coup de main à la salle. Un fonctionnement peu banal… pour une « clientèle » qui ne l’est pas moins !

Memphis Rox

Au-delà des différences

La salle d’escalade Memphis Rox est définitivement peu commune. Elle propose en effet aux jeunes défavorisés des quartiers, un sport qui les « challenge » physiquement et mentalement. De quoi occuper son temps libre autrement qu’en traînant dans la rue ou en restant devant un écran. À Memphis Rox, on grimpe, on dépasse ses peurs, on teste ses limites, on se rassemble et on trouve sa place dans le tissu social au-delà des différences…

Black Ice - Memphis Rox

Une histoire hors du commun

L’histoire de la salle elle-même ne manque pas d’originalité. Elle a été ouverte en 2018 par Tom Shadyac, réalisateur de longs métrages ayant fait fortune à Hollywood avec plusieurs comédies, principalement avec l’acteur Jim Carrey, comme Ace Ventura, Professeur Foldingue, Menteur Menteur… En 2007, suite à un grave accident de VTT, il fait le point sur sa vie (et en fait un film documentaire : I AM), revend sa villa et son jet, et se met à enseigner à l’université de Memphis dont il est originaire.

Grimpeur, il s’est mis à l’escalade quelques années auparavant pour se changer les idées. En cherchant comment aider les quartiers sud de sa ville, fortement impactés par le chômage et la violence des gangs, il lui vient l’idée de créer une salle d’escalade. Il n’y en a pas à Memphis à l’époque et il n’y a pas la moindre prise en résine à moins de deux heures de voiture. L’idée est de créer une salle pour les habitants du quartier Soulville, population majoritairement noire, mais aussi d’attirer les grimpeurs des quartiers voisins – pour la plupart blancs.

Avant de se lancer, Tom fait quand-même un test : il convie 18 gamins du quartier à un voyage au Colorado pour essayer l’escalade sur rocher. Il leur demande si ça leur plaît et s’ils aimeraient pouvoir continuer à grimper, mais près de chez eux. La réponse est unanime : « oui ».

Tom Shadyac - Black Ice - Memphis Rox

Un lieu d’échange culturel et social

Tom a investi 1,85 millions de dollars dans ce projet, qui est une réussite. Gérée par une équipe de jeunes grimpeurs enthousiastes, la salle propose, comme n’importe quelle salle privée, de pratiquer l’escalade. Mais au-delà de l’aspect sportif, à travers sa mission culturelle et sociale, Memphis Rox permet de briser les barrières de classe et de race dans une des villes les plus pauvres des États-Unis affectée par le lourd héritage de la ségrégation.

Financièrement, l’équilibre est fragile. La salle, qui emploie des jeunes du quartier avec un salaire supérieur au salaire minimum, ne peut pas vivre des abonnements. Elle organise donc régulièrement des levées de fonds. Pendant la crise du coronavirus, Memphis Rox a activement joué son rôle humanitaire en organisant des distributions de repas.

 Memphis Rox

Une source d’inspiration

Aujourd’hui, la salle fonctionne comme en a rêvé Tom Shadyac : elle permet aux gamins du quartier de penser à ce qui est possible et à ne plus voir que le négatif. Tous les problèmes du quartier n’ont pas été résolus, mais c’est un début prometteur qui commence déjà à inspirer d’autres communautés. Et comme le dit Shadyac : « Je suis quelqu’un qui croit que si l’histoire ne se finit pas bien, c’est qu’elle n’est pas finie ».

Tom Shadyac - Black Ice - Memphis Rox

L’histoire de Malik et Demond, au cœur de Memphis Rox

🧗‍♂ Pour en savoir plus sur la salle Memphis Rox :

https://www.memphisrox.org

Facebook : @memphisroxclimbing

Pour voir le travail de Malik www.malikthamartian.com

Mélissa Le Nevé : Première femme à grimper « Action Directe » (9a)

Mélissa Le Nevé : Première femme à grimper « Action Directe » (9a)

Mythique ! Monumentale ! Extraordinaire ! En mai dernier, la performance de Mélissa Le Nevé, s’est répandue dans les médias du monde entier : la grimpeuse française a coché la première ascension féminine d’« Action Directe » (9 a), la voie d’escalade sportive la plus célèbre de la planète, joyau mythique du Frankenjura. Le fruit d’un travail de six ans, jalonné de doutes et de remises en question, à découvrir dans le film documentaire « Action Directe », programmé sur la quinzième édition du festival Reel Rock en France.

 

Passion grimpe

Originaire de Cestas, en Gironde, Mélissa Le Nevé découvre l’escalade à l’âge de 15 ans. C’est « le coup de foudre ». Elle aime à la dévorer sous toutes ses formes : bloc, falaise, voies en naturel ou en salle, grandes voies, … La jeune femme brille dans tous les domaines. Basée à Bordeaux, « un plat pays », la grimpeuse se lance dans la compétition pour pouvoir « plus facilement » assouvir sa passion. Elle devient rapidement professionnelle et affiche, en quelques années, un palmarès impressionnant : entre autres, deux titres de championne de France de bloc et une troisième place au classement général de la Coupe du Monde de bloc. Son indécrochable sourire est loin de passer inaperçu sur le circuit mondial.

Portrait Mélissa Le Nevé

Des podiums aux grandes voies

Pourtant, la grimpeuse de l’Équipe de France créé la surprise en mettant un terme à sa carrière en compétition fin 2016, après 9 ans de compétions internationales, plusieurs blessures en cascade et beaucoup de stress. Avec une irrépressible envie de dépasser ses limites, de vivre sa passion pleinement, tout en partant à la découverte d’autres cultures… Une décision qui ouvre une nouvelle page dans sa vie comme une nouvelle source de motivation, plus en harmonie avec sa personnalité. Sur le circuit, Mélissa s’est liée d’amitié avec l’une de ses rivales, la grimpeuse britannique Shauna Coxsey. En 2019, elles partent ensemble pour un road trip au cœur du désert américain à la découverte de spots de grimpe emblématiques. Voyager sans la pression du circuit. Juste le vent sur ses épaules.

Mélissa dans "Action Directe"

Une pluie de premières

En quelques années, Mélissa Le Nevé croque le monde. En 2014, elle coche le premier 8c mondial avec « Wallstreet » (Frankenjura). En 2015, elle devient la première femme au monde à réussir le légendaire quinté « Big 5 » de Fontainebleau : 3 blocs de 7c, un 7c+ et un 8a pour finir. En 2016, quand elle fait le choix de quitter la compèt’, elle s’est déjà offert trois 8c+. Bref, Mélissa aime les « challenges ». Alors, elle enchaîne les projets, s’enthousiaste pour de nouveaux défis, trouve dans « l’escalade, une école de vie » et surtout un moyen d’accomplir ses plus grands rêves.

Parmi eux, des voies légendaires comme « Bionic Commando » 8c+ dans le Frankenjura, « Golden Ticket », 8c+ à Red River Gorge dans le Kentucky ou encore « Mister Hyde » 8c+ à Ceüse. Et surtout, « Action Directe », le premier 9a de l’histoire libéré par l’Allemand Wolfgang Güllich en 1991. C’est LA voie d’escalade sportive la plus connue au monde, LA voie de référence, notamment pour son jeté sur bidoigt absolument mythique, placé en amuse-bouche. S’enchaînent ensuite une dizaine de mouvements, plus difficiles les uns que les autres, qui vont la faire rentrer dans l’Histoire.

Mélissa dans "Action Directe" - copy. Fabi Buhl

« Action Directe » (9a), une quête personnelle

Nous sommes le 21 mai 2020. Le milieu de la grimpe est en ébullition : Mélissa vient de clipper le relais d’« Action Directe » ! Elle est la première femme à enchaîner ce 9a mythique. Un moment historique. Mélissa a réussi son incroyable challenge, un long combat contre soi-même qui vient de l’occuper plusieurs périodes étalées sur six ans de sa vie (la voie ne peut se faire qu’au printemps ou à l’automne… quand il ne pleut pas !) et l’a confrontée à des mouvements que beaucoup pensaient impossibles pour une femme, ou l’a mise en proie à des doutes personnels et des remises en question.

L’annonce est faite via une publication sur son compte Instagram dont l’on devine toute la joie et l’émotion : « Quel voyage… Quelle personne inspirante… Quel combat… mais aussi une véritable histoire d’amour…. Tout ce que je recherche en escalade. J’espérais que ce moment arrive depuis des lustres. Jamais, je n’aurais imaginé à quel point il serait émouvant de clipper la chaîne. J’ai adoré tout le process’, résoudre cette énigme, comprendre ces mouvements et ce jeté. Cela représente des années d’engagement, des hauts et des bas, de l’espoir et de nombreux doutes […] ».

Mélissa dans "Action Directe"

Des rêves plein la tête

Pour autant, Mélissa l’affirme, les yeux sans doute déjà rivés sur un autre rêve (Biographie, 9a+, à Ceüse, peut-être ?) : boucler la première d’« Action Directe » c’était comme « la fin d’une histoire d’amour », elle était « toute tremblante, presque nostalgique » car elle savait qu’elle allait devoir tourner la page… Mais ce n’est « pas du tout un aboutissement » ! L’ex-membre de l’Équipe de France d’escalade n’est pas encore arrivée au bout de ses capacités, loin de là. Mélissa Le Nevé a encore des rêves plein la tête et des voies extrêmes à cocher… Qu’on se le dise !