Running the Roof : Un challenge devant et derrière la caméra !

Running the Roof : Un challenge devant et derrière la caméra !

On vous rappelle le pitch du film-documentaire Running the Roof, Prix du Public au Festival de Banff 2020 ? Après une soirée bien arrosée, trois amis font le pari fou d’aller courir là où le hasard décidera : ils font tourner un globe et posent le doigt sur… le Tadjikistan ! Une aventure de 400 km en 7 jours – plus d’un marathon par jour pendant une semaine ! – dans l’un des endroits les plus reculés au monde. La co-réalisatrice, Alexis Tymon, revient sur ce tournage extraordinaire, un challenge à la fois physique, technique et logistique.

 

Alexis Tymon, réalisatrice tout-terrain

Ce qu’adore par-dessus tout la réalisatrice britannique Alexis Tymon ? « Les caméras, les histoires et être en plein air » ! Après avoir fait des études de français et vécu brièvement à Bordeaux, Alexis se fait engager comme réalisatrice pour des spots télévisés avant de réaliser ses propres films sur son temps libre. En 2018, elle monte sa société de production avec Ben Crocker, que l’on retrouve sur le film Running the Roof en tant que co-réalisateur. Rencontre !

Alexis - Running the Roof - by Ben Crocker

Salut Alexis ! Dis, pourquoi avoir accepté le projet fou de Running the Roof ?

Pour le Tadjikistan, pour l’aventure ! L’idée de passer un mois dans une zone totalement hors-réseau, c’était aussi vraiment séduisant. C’est un environnement difficile pour un cinéaste : la chaleur, le froid, la poussière, l’altitude… Enfin, pour l’appel de la nouveauté ! Ne pas savoir ce qui va se passer, ça a quelque chose de magique.

Ce film est votre premier documentaire, en co-réalisation avec Ben Crocker. Comment avez-vous fonctionné ?

Tout le monde dit que nous sommes les deux moitiés d’un même cerveau. Nous formons une bonne équipe et travaillons en parfaite harmonie. Au Tadjikistan, nous avons essayé de partager toutes les tâches. Nous avions une caméra principale, une Body-cam avec un stabilisateur et un drone. Nous nous sommes relayés pour tourner les scènes, rattraper les coureurs, les interviewer, etc.

Alexis & Ben - Running the Roof - by Alex Mundt

Filmer dans ces paysages, cela semble une vraie prouesse physique & technique…

L’un de nos principaux soucis avant de partir, c’était la sécurité. Vous entendez beaucoup de mauvaises choses dans les médias à propos de cette région du Tadjikistan… Il y avait, à ce moment-là, une activité talibane près de la frontière où nous étions. Mais en fait, le danger est très localisé. Dans les villages, à quelques centaines de kilomètres, vous ne rencontrez rien d’autre que le calme dans un cadre rural. La vie de ces gens-là est d’ailleurs incroyable. Ces villages (dotés d’une seule route et d’un approvisionnement en électricité à la fin des années 90), sont tellement isolés que le mode de vie est très simple, très rude physiquement. Mais c’est super safe pour les touristes ! Et les habitants sont très sympa. Dans chaque village, nous avons toujours trouvé une famille qui nous laissait dormir chez eux. Pour les dernières nuits, nous campions sur le plateau. Il faisait -10/-15°, les chauffeurs n’avaient jamais été là-haut ni n’avaient même jamais campé… Un véritable choc pour eux !

Le tournage était un vrai défi technique. Chargement des batteries, sauvegarde des données, nettoyage des lentilles… Tout simplement rester vigilant pendant tant de jours alors que vous filmez toute la journée… C’était fatiguant pour nous – et les coureurs étaient encore plus fatigués ! – Communiquer avec les chauffeurs aussi, c’était assez drôle ! Ils ne parlaient pas anglais, Ben et moi ne parlons pas le tadjik… C’est incroyable comment vous pouvez communiquer avec vos mains ou avec des mots que tout le monde comprend : « go ! », « stop ! » Nous avons passé de si bons moments tous ensemble ! Ce genre de voyages, ça vous unit vraiment comme une petite famille.

Une journée-type ?

Nous voulions vraiment laisser les coureurs Jodie, JB et Gabe, faire le job et ne pas contrôler leur course pour le simple plaisir de filmer. C’était super important pour nous, comme principe, sur le tournage. Mais c’était aussi difficile de les suivre tous les trois ! Au deuxième ou troisième jour, ils couraient déjà à des rythmes différents. Mais tout a été fait pour qu’ils soient le plus autonomes possible. Chacun avait ainsi sa propre nourriture et des réserves d’eau pour 25 km environ. Jodie, JB et Gabe commençaient à courir dès 7 heures du matin, avant qu’il ne fasse trop chaud, jusqu’à 15 heures environ.

Running the Roof

Ton meilleur souvenir ?

La nuit où nous avons franchi le col de Kök Jar, un sentier de montagne étroit qui nous a emmenés sur le haut plateau du Pamir, c’était notre première nuit de camping. La voie lactée était incroyable. Nous avons monté les tentes et sommes restés ensemble, en regardant le soleil se coucher. L’un des coureurs a commencé à pleurer. Nous nous sommes alors rassemblés et avons fait un gros câlin en nous prenant dans les bras, tout en réalisant à quel point c’était un moment incroyable. Nous étions là, après tout ce chemin dans les montagnes du Tadjikistan. Notre rêve était en train de se réaliser. C’était vraiment magnifique.

Et le pire ?

Personnellement, la difficulté de maintenir la santé de chacun ! Surtout de l’équipe (réduite !) de tournage : nous n’étions que deux, Ben, mon co-réalisateur et moi. Ben avait de très graves migraines presque tous les jours. Le deuxième soir, il était vraiment malade et il a dû se coucher dès notre arrivée dans le village autour de 16h. J’ai donc commencé à nettoyer, charger, préparer les caméras, interviewer les coureurs… J’ai alors réalisé que ça allait être vraiment difficile de faire tout ça moi-même tous les jours, si son état ne s’améliorait pas… Mais, heureusement, Ben est allé mieux.

D’ailleurs, dans l’équipe, on m’a rapidement donné le surnom de « mère poule » et de « cuirassé britannique », car j’étais la seule à ne pas lutter contre la maladie ou l’altitude. J’ai cuisiné tous les repas et soigné tout le monde ! Hahaha… [Rires]. Mais du coup, j’avais une énorme responsabilité sur les épaules. Quand je suis rentrée à la maison, il a fallu un mois environ à mon cerveau pour vraiment se détendre et revenir à la normale…

 

Aujourd’hui, où en êtes-vous ?

Jodie vit à Cornwall, dans le sud-ouest de l’Angleterre, où il y a des sentiers incroyables.

JB est retourné sur les bancs de la fac pour faire une maîtrise en biodiversité et conservation à l’Université d’Oxford.

Gabe a passé un an à voyager en camion à travers le Canada. Maintenant, il a déménagé à Bogota, en Colombie, pour essayer de créer une communauté de course, là-bas.

Ben & moi sommes heureux ! Nous nous occupons de Sourcy, notre société de production à Londres et travaillons sur d’autres projets, des films commerciaux et des documentaires.

D’autres projets, tous ensemble ?

Oui ! Nous sommes tous potes, maintenant. Nous prévoyons d’aller ensemble au Pays de Galles sur un festival de trail/running, en juillet prochain, pour passer un week-end en camping ! [Rires] 

Votre film est habité par une certaine urgence de vivre, une soif de liberté. Quelles conséquences, cette aventure a eu sur vos vies personnelles ?

Avec cette histoire, je voulais vraiment montrer que vous n’avez pas besoin d’être un athlète professionnel ou d’avoir couru des ultra-marathons toute votre vie pour réaliser un défi et sortir de votre zone de confort. C’est justement en sortant de sa zone de confort que la magie opère.

Je suis très fière de ce documentaire, le premier que je réalise. Pendant le premier lockdown (COVID-19), j’ai passé 4/5 mois complètement « focus » sur le montage. J’ai alors réalisé que je pouvais faire quelque chose dont je serais fière ensuite : raconter une belle histoire qui pouvait changer le regard que l’on a sur une personne, une culture ou même un pays…

Votre prochain film ?

Je travaille sur un nouveau documentaire, l’histoire d’une Britannique « ordinaire » qui traverse la Manche à la nage, avec un cancer de stade 4. Cette femme est incroyable. Je suis vraiment attirée par ce genre d’histoires : des personnes qui font des choses avec leur corps et leur esprit pour sortir de leur zone de confort. Oui, ce sont ces histoires que je veux raconter.

Alexis - Running the Roof - by Sourcy Film

🎥 Pour suivre les réalisations d’Alexis Tymon & Ben Crocker :

https://sourcyfilm.com

🏃‍♀ Pour en savoir plus sur le film Running the Roof :

https://www.runningtheroof.com

🎬 Retrouvez le film Running the Roof dans le programme rouge du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

JB, Jodie, Gabe - Running the Roof - by Alex Mundt
Louise Lenoble : « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie qu’en highline »

Louise Lenoble : « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie qu’en highline »

Louise Lenoble s’est mise à la highline il y a quatre ans. C’est elle que l’on voit sur la highline sous les aurores boréales de la nuit norvégienne du film Pathfinder – Life beyond fear. À ses débuts, Louise était morte de peur. La maîtrise progressive de cette peur panique l’a conduite à découvrir le bonheur et à revoir toutes ses priorités dans sa vie. Explications par Louise elle-même…

Louise Lenoble - Pathfinder

Le film évoque l’idée de « Life beyond fear », la vie au-delà de la peur. La peur est-elle à ce point indissociable de la highline ?

La peur a été un moteur dans ma pratique lorsque j’ai débuté. C’était une peur incontrôlable, une peur primitive de la mort, un instinct de survie qui me disait « mais qu’est-ce que tu fais ici, à 100 m au-dessus du vide, sur ce bout de textile de 2,5 cm ? », alors que je savais très bien que j’étais attachée et que je ne risquais rien. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie que lors de mes débuts en highline. J’en pleurais ! Et c’est cette émotion incontrôlable de peur qui m’a poussée à me dédier de façon proportionnelle en intensité dans la pratique de la highline. Je voulais comprendre pourquoi j’avais peur et voir si je pouvais contrôler cette peur. Pour le dépassement de soi. Pour repousser mes limites et reprendre la maîtrise de mes émotions. Il m’a fallu de la patience, de la persévérance et d’innombrables essais d’exposition au vide, mais à partir du moment où j’ai senti diminuer cette peur, j’ai été extrêmement fière de moi : j’avais pris le dessus sur mes émotions. C’était il y a quatre ans et ma passion n’a jamais diminué, même si aujourd’hui je la qualifierais de plus modérée.

Louise Lenoble - Pathfinder - Raised by Wolves

La peur a-t-elle totalement disparu ?

Je ne peux pas comparer la peur ressentie à mes débuts avec la peur que je ressens aujourd’hui, lors d’un projet. Elle est différente, elle n’est plus présente de la même façon. Ce que je ressens désormais, c’est une peur maîtrisée que je comparerais plutôt à de l’excitation.

Si la highline suscite tant de peur, faut-il être un peu fou pour en faire ?

Je pense que c’est ce que l’on voit de l’extérieur quand on ne connaît pas la highline et la sécurité inhérente à ce sport. Pratiquer la highline n’est pas risqué. Au contraire, c’est un sport peu dangereux. Je me suis plus souvent blessée en pratiquant la slackline au-dessus du sol que la highline au-dessus du vide. Malgré cette évidence, il m’a fallu beaucoup de courage pour débuter, et cela m’a amené beaucoup d’introspection et d’interrogations sur mes choix de vie. Car j’ai découvert une force immense de mon esprit que je n’avais jamais soupçonnée jusque-là, et une maîtrise de moi qui m’ont fait requestionner ma vie personnelle en dehors de la highline. À me mettre face à des émotions si intenses et à les maîtriser, j’ai touché le bonheur, et j’ai pu rechercher ce bonheur dans tous les actes de ma vie quotidienne et faire le tri dans mes priorités. C’est donc tout sauf « être un peu fou ».

Louise Lenoble

La pratique féminine se distingue-t-elle de celle des hommes ?

La highline est le seul sport, à ma connaissance, où le record du monde de longueur qui est de 2 100 m est détenu à la fois par un homme, Lukas Irmler (que vous pouvez aussi voir dans le film Pathfinder), et une femme, Mia Noblet, une Québécoise. C’est bien la preuve que la différence physique n’est pas décisive et que la force mentale des hommes et des femmes est égale.

Cela n’empêche pas que la highline reste un monde majoritairement masculin, même si la balance commence à s’équilibrer. J’ai fait énormément de highline uniquement avec des hommes. Leur mentalité générale est bienveillante et ils se montrent à l’écoute, plus que dans le monde quotidien. Cela vient peut-être du fait qu’en tant que highlineur, nous sommes tous très à l’écoute de nos émotions.

Mais certains de mes meilleurs projets étaient des lignes entourées de femmes, ou du moins à part égale avec les hommes. L’esprit y est différent. J’ai découvert une solidarité féminine magnifique et j’ai été très inspirée par certaines femmes rayonnantes rencontrées dans cette communauté. Grâce aux retours que d’autres me font, je me rends compte aussi que mes propres réalisations en highline ont pu inspirer profondément certaines femmes. Je n’ai que fait leur renvoyer l’inspiration que j’ai moi-même reçue.

Louise Lenoble - Pathfinder

Louise dans Pathfinder – Life beyond fear

Regarder Pathfinder – Life beyond fear, c’est partir aux confins d’un voyage de 10 minutes d’une beauté absolue ! Six highlineurs de réputation mondiale se retrouvent au cœur des montagnes norvégiennes. Le Suisse Samuel Volery, l’Américain Sebastian Gum Chung Segraves, le Hollandais Tijmen Vandieren et les Allemands Friedi Khüne et Lukas Irmler accompagnent ainsi notre highlineuse française Louise Lenoble dans un pari un peu fou qui n’a encore jamais été réalisé : traverser une highline tendue entre deux falaises, illuminée par des aurores boréales… Saisir, en somme, toute la magie de l’instant. Un défi qui s’annonce grandiose !

 

Pathfinder - Dan Lior

Portrait vidéo de Louise, entre musique et highline :

🤳 Suivez Louise sur Instagram :

www.instagram.com/louise_lenoble

🎬 Retrouvez le film Pathfinder – Life beyond fear dans le programme rouge du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

 

Louise Lenoble - Pathfinder
Fly Spiti : voler en Himalaya pour Search Projects

Fly Spiti : voler en Himalaya pour Search Projects

Dans le film Fly Spiti, deux parapentistes d’expérience, Thomas De Dorlodot, détenteur de plusieurs records, et Horacio Llorens, six fois champion du monde d’acrobatie, partent explorer la Spiti Valley dans l’Himalaya indien. Derrière cette expé de haut-vol, « Search Projects », un concept unique taillé pour l’aventure outdoor et le voyage !

 

Search Projects, une quête d’aventure et de sens

Le parapentiste professionnel belge Thomas de Dorlodot a toujours été passionné par le voyage et l’aventure. Le concept derrière Search Projects va naturellement éclore : « Lorsque j’ai découvert le parapente, j’ai rapidement cherché à accumuler un maximum d’heures de vol. C’est même devenu une obsession : j’étais constamment à la recherche du bon spot, de la bonne météo, des super conditions de vol. Très vite, cette quête est devenue mon quotidien. J’étais en Amérique centrale à la recherche d’un décollage quand le nom de Search s’est imposé à mon esprit pour mes futurs projets ». L’idée ? « Trouver les spots les plus dingues au monde pour voler en parapente et revenir avec des belles histoires à raconter ».

Partir en expédition aux quatre coins du monde

Le nom et le concept en poche, Thomas monte une équipe et met sur pied la première expédition. Celle-ci va lui faire traverser l’Afrique du Nord au Sud en 4 mois et à travers 10 pays différents… La rencontre entre le champion de parapente et le jeune réalisateur Benoît Delfosse (à la caméra pour Fly Spiti) se fait via un ami commun, dans un bar à Bruxelles. Nous sommes alors à quelques jours du départ. Entre les deux hommes, le feeling passe instantanément. Benoît n’en revient toujours pas : « J’ai alors vécu l’une de mes plus intenses expériences de voyage en traversant l’Afrique du Nord au sud, en ne sachant pas bien par quels pays nous allions passer, en dormant à la belle étoile et en réalisant mes premiers vols en parapente ! ».

Fly Spiti - John Stapels

Le partage comme seul leitmotiv

Search Projects est lancé ! Avec pour seule devise : « Light is right », comprenez l’idée de voyager avec un parapente et un appareil photo comme seuls bagages. Car, dès le départ, se révèle à leurs yeux de jeunes athlètes, réalisateurs ou photographes la vraie et unique valeur de leurs aventures : ces dernières n’auront de sens qu’au travers du partage. Ainsi, à leurs retours, Thomas et ses compatriotes montrent leurs photos et vidéos à leurs amis. Riches et inspirantes, leurs expériences vont ainsi prendre tout leur sens. Et intéresser une sphère de personnes de plus en plus large !

Une somme de talents réunis

Depuis, les projets, les films et les voyages s’enchaînent, entrecoupés de temps de repos et de longs mois de préparation. Aujourd’hui, Search Projects, ce ne sont pas moins de « 10 années entrecoupées de projets. Afrique, Amérique du Sud, Asie… L’équipe a eu la chance de voyager aux quatre coins du monde (62 pays pour Thomas !). Le noyau dur se compose donc du parapentiste belge Thomas de Dorlodot, initiateur du projet et recordman de plusieurs records en vol bivouac, du pilote espagnol Horacio Llorens, six fois champion du monde d’acrobatie, du réalisateur Benoît Delfosse et du photographe belge John Stapels. Sans oublier « une dizaine de personnes à côté qui font tous partie de la famille Search : graphiste, ingénieur son, web designer, photographe, fixer, etc… », selon Thomas.

Fly Spiti - John Stapels

Rêver le monde en pionnier

Polynésie, Pakistan, Botswana, Egypte, Madagascar, Maroc, Namibie, Kenya, Iles Marquises, … Aventurier dans l’âme, Thomas de Dorlodot ne compte pas s’arrêter là. « Je veux voyager et voir le monde entier », glisse-t-il entre deux généreux sourires. Sa soif d’ailleurs ne semble jamais vouloir s’épancher. Tout comme sa curiosité, lui qui raffole des vols d’altitude (« Planer à plus de 7000 mètres, ça n’a pas de prix ») et qui rêve d’Antarctique : « Le choix des destinations de Search Projets, ça part toujours d’un rêve. On a la chance de pratiquer un sport où l’on peut encore être des pionniers. On recherche les spots perdus, le choc des cultures et les belles rencontres ». Ce que cherche Benoît, lui, « c’est de de varier et de sans cesse apprendre de nouvelles choses. Rencontrer des gens inspirants me motive à me donner à fond dans les projets de films et d’expéditions. J’aime mettre mes compétences au service de ceux que j’admire. Si je peux explorer le monde et les cultures, découvrir de nouvelles façons de vivre, de penser à leurs côtés, alors je suis comblé. J’aime être bousculé ».

Voler à la rencontre des cultures

Bousculée, la belle équipe l’est souvent ! Car sur les tournages, rien n’est scénarisé, tout se joue en direct : « la team cherche un spot, trouve l’accès, rencontre les locaux, tente un vol… » assure le parapentiste belge. Les membres utilisent « des radios (quand elles fonctionnent 😁), des téléphones et des balises de tracking ». L’idée est d’explorer les endroits les plus reculés, les plus fous, les plus inaccessibles de la Terre pour voler en parapente mais aussi et surtout, rencontrer et s’enrichir de l’Autre. Ici, pas de ton sensationnaliste ou de catastrophisme surjoué. Des accidents, il y en a et il y en aura certainement encore. Des souvenirs douloureux, aussi. Ils font partie de l’histoire de Search Projects, mais heureusement ils ne viennent jamais entacher la motivation de l’équipage. Benoît revient sur un moment délicat vécu aux Marquises : « Mon pire souvenir ? Je crois que c’est la peur ressentie ce jour-là lorsque nous avons perdu Horacio qui s’est fait prendre dans un nuage et s’est retrouvé au milieu de l’océan, à plusieurs kilomètres des côtes. J’ai eu très peur de perdre un ami… ». Un épisode malheureux vite transcendé : « Le retrouver sain et sauf est aussi l’un de mes meilleurs souvenirs ! ».

 

Fly Spiti - John Stapels

Les Açores en ligne de mire

La prochaine expé est en cours de préparation. Thomas, papa pour la deuxième fois il y a quelques semaines, semble déjà là-bas : « On retourne, en famille (avec mes deux enfants et ma compagne) sur le voilier Search cet été dans les Açores. C’est un nouveau volet qui va commencer ! ». Car le champion des airs est aussi loup de mer ! Depuis quelques années, il est le capitaine du voilier Search, un bateau de 12 mètres, autonome en électricité grâce à des panneaux solaires et en eau potable via à un système de désalinisation, avec lequel l’équipage part explorer de lointaines contrées pour, au travers de leurs images et de leurs films, toujours témoigner de la beauté du monde. Benoît a prévu de rejoindre Tom et de prendre ensemble le large à l’automne prochain, en espérant qu’Horacio pourra être aussi de l’aventure.

 

Vers l’infini et l’au-delà !

Mais quand donc prendra fin un tel projet ? « Jamais, j’espère ! », tel est le cri du cœur de Thomas, qui voit clairement dans Search un infini de possibles et dans son équipe, une deuxième famille.

Fly Spiti - John Stapels

🪂 Pour en savoir plus :

https://www.searchprojects.net

🎬 Retrouvez le film Fly Spiti – The Short Odyssey dans le programme rouge du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

Fly Spiti - John Stapels
FKT : Au-delà des records, l’art de courir en montagne

FKT : Au-delà des records, l’art de courir en montagne

Plongée à grandes foulées dans les coulisses du film FKT, une véritable prouesse technique et physique que l’on doit au photographe Brice Ferré, installé depuis 2009 à Vancouver (Canada). Rencontre avec cet infatigable créateur d’images qui suit ici l’athlète trail Jeanelle Hazlett dans sa tentative de record « Fastest Known Time » au Mont Brunswick, un sommet vertigineux niché au cœur de la Colombie Britannique. À vos marques, prêts, partez… Interview avec Brice Ferré !

Brice Ferré : l’homme qui ne court jamais seul

Brice Ferré est un photographe-réalisateur qui, tout fraîchement diplômé d’une école de cinéma en 2003, entame une carrière à Paris. Assistant-monteur sur le film-événement La Marche de l’Empereur, il suit ensuite son rêve en déménageant en 2009 à Vancouver, au Canada. Son leitmotiv ? Courir la montagne et faire des images. Brice ne court jamais seul. Il a toujours son appareil photo, un Reflex numérique, en main. Histoire de ne rien rater de ce que les sentiers, la nature et l’aventure peuvent, généreusement, lui offrir.

Brice Ferré

Tes premiers pas dans le monde du trail ?

J’ai commencé la course à pied en 2011, puis le trail en 2013. Ma première course, c’était un marathon en trail en 2014 (Hallows Eve 42km à North Vancouver) et puis je suis passé aux ultras en 2015, en faisant le Diez Vista 50K et le Squamish 50. Durant les 6 dernières années, j’ai couru une vingtaine d’ultras, dont trois 50 miles (80 km). J’adore passer entre 5 et 12 heures à courir et souffrir, en essayant de pousser mon corps à ses limites. Le trail m’apporte des sensations uniques que je n’ai encore trouvé nulle part ailleurs. Grâce à mon travail de photographe-réalisateur outdoor, je passe beaucoup de temps en montagne. Et tout mon temps libre, je les passe aussi sur les sentiers !

Comment as-tu rencontré Jeanelle Hazlett ?

J’ai rencontré Jeanelle Hazlett en mars 2017 quand le « Salomon Vancouver Trail Lab », un groupe de course à pied organisé par Salomon Vancouver et dont je suis l’un des leaders, a organisé un entraînement avec le groupe « PNWT » (Pacific Northwest Trail Runners) créé par Jeanelle.

Comment est né le projet du film FKT ?

Jeanelle est une coureuse incroyable ! Elle a passé les 3 dernières années à dominer toutes les courses qu’elle a couru. Elle et moi, adorons courir sur des terrains très techniques. Jeanelle est toujours à la recherche de nouveaux challenges, donc le jour où elle m’a dit vouloir tenter le FKT du Mont Brunswick (13km et 1560m de D+), cela m’a paru évident : il me fallait faire un film autour de sa tentative.

Comment avez-vous justement géré le risque et la peur face à cette arête finale absolument vertigineuse où toute chute est fatale ?

Le danger est toujours présent lorsque l’on fait ce genre de performance dans ce type d’endroit. Nous en sommes toujours conscients. Nous ne sous-estimons jamais la montagne et ses dangers, et partons toujours avec de quoi passer la nuit ou bien attendre les secours si jamais nous nous cassons quelque-chose (nourriture, vêtement en plus, safety kit). Nous avons toujours quelqu’un qui connaît le plan de notre journée, afin de venir nous chercher si jamais nous ne rentrons pas le soir.

Quant à la peur, il n’y en a pas. Jeanelle et moi sommes extrêmement habitués à ce genre de terrain. Nous avons passé des centaines d’heures à courir en montagne dans différentes situations (météo, températures, fatigue …). Nous faisons confiance à notre entraînement, à notre matériel et respectons la montagne et ses dangers. Nous n’irions jamais sur une telle arête si nous n’étions pas sûrs à 100% que tout est sous contrôle. Ni Jeanelle, ni moi, avons le vertige. Ce qui est un réel bonus pour ce genre de situations, car nous avons vu beaucoup de gens passer à quatre pattes sur Brunswick, parfois-même ils sont complètement pétrifiés. Car effectivement… c’est raide ! [Sourire]

Jeanelle et Brice - by Brice Ferre Studio

Depuis sa création dans les années 2000, l’organisation américaine FKT (pour Fastest Known Time) répertorie les segments de course remarquables à travers le monde ainsi que les athlètes ayant réalisé les meilleurs temps de parcours. Le concept n’a jamais été aussi populaire que depuis l’annulation de nombreuses courses dues à la pandémie de Covid-19 ! Depuis 2020, on a effectivement vu fleurir de nombreuses tentatives de FKT sur pléthore de sentiers aux États-Unis, mais aussi en France et par-delà le monde… Que penses-tu de ce phénomène ? 

Je trouve cela formidable ! J’adore voir des athlètes d’exception repousser leurs limites afin d’établir des records. C’est une source d’inspiration incroyable.

Si le phénomène FKT invite les gens à sortir de chez eux et courir en montagne, alors, je suis entièrement pour ! Tant que c’est fait dans le respect des sentiers, de la montagne (« leave no trace ») et sans mettre en danger qui que ce soit (y compris la vie des sauveteurs qui doivent venir nous chercher si l’on se casse une cheville ou un genou…).

À ton avis, c’est un épiphénomène ou une tendance qui va s’inscrire dans la durée et s’affirmer de plus en plus ?

Les humains sont compétitifs par nature, et établir des records de « quoi que ce soit » existe depuis la nuit des temps. Je pense que les FKT vont juste être de plus en plus fréquents car ils sont maintenant filmés et rendus officiels par un site Internet dédié. Mais le concept du FKT a toujours été présent. C’est juste que la partie « known » était plus confidentielle avant le site Internet et les belles vidéos YouTube.

Le nouveau temps de référence femme pour le FKT sur la Brunswick Mountain date de l’été 2020 avec la performance de Katherine Short en 2h21m39s. Sais-tu si Jeanelle compte reprendre le record ?

Oui, je pense qu’elle va y retourner un de ces jours. Katherine est une coureuse incroyable qui est descendue plus vite que Jeanelle, mais qui est montée moins vite. Donc je pense que si Jeanelle se lâche encore un peu plus sur la descente (et ne se filme pas avec son téléphone sur le sommet 😊), ça devrait le faire, car le nouveau record est à peine à une minute d’écart. En tout cas, c’est sympa de voir cette compétition entre coureur/ses, ici. On est tous copains, c’est fun d’essayer de se dépasser les uns et les autres.

Ton film donne envie de suivre Jeanelle dans une aventure plus longue… Un futur projet sous la semelle ?

Oui. Nous travaillons actuellement sur un film plus long, autour d’un FKT plus long (56 km) dans les Rocheuses !

Le mot de l’athlète

« Je connais les FKT depuis longtemps. C’est quelque chose qui m’a toujours fascinée parce que ça oblige à se surpasser. On est seul face à la montagne. À la différence d’une course, on ne poursuit personne. Personne ne nous poursuit. On peut s’arrêter quand on veut, ou ralentir. Mais c’est soi-même contre la montre. Donc ce projet a été l’occasion de me forcer à travailler dur pour améliorer mes chronos et repousser mes limites sans rendre de comptes à personne d’autre qu’à moi-même »

Jeanelle Hazlett

 

Le mot du réalisateur

🎥 Pour en savoir plus sur le réalisateur Brice Ferré :

www.briceferre.com

www.instagram.com/briceferre

www.briceferre.com/youtube

🏃‍♀ Deux autres films réalisés par Brice sur Jeanelle Hazlett :

http://www.briceferre.com/limitless

http://www.briceferre.com/jeanelle

🎬 Retrouvez le film FKT dans le programme blanc du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

 

Jeanelle Hazlett - FKT on Brusnwick - by Brice Ferre Studio

Imagine, un autre FKT

C’est un tout autre décor et une toute autre ambiance avec le film Imagine qui revient aussi sur un FKT (« fastest known time »), une tentative réalisée par le jeune athlète indien, Kieren D’Souza pour un film rare et inédit, tourné en noir & blanc, signé du réalisateur Prashant Bhatt.

Le jeune Kieren rêve depuis des années, de décrocher un record de vitesse (« FKT ») pour inciter ses compatriotes à découvrir le trail running et la montagne autrement. Loin de l’animation des grandes courses européennes, Kieren choisit l’ascension du mont Friendship (5 289 m), un sommet qu’il aperçoit de Manali, sa ville natale, pour un parcours de 53 km au coeur de l’Himalaya. Seul, en pleine pandémie mondiale, le jeune coureur se lance…

Imagine
Imagine
Piano to Zanskar : Le plus haut piano du monde

Piano to Zanskar : Le plus haut piano du monde

En Himalaya, dans la petite école du village de Lingshed à 4300m d’altitude, des notes de musique s’échappent d’un piano. Comment est-il arrivé là ? Piano to Zanskar raconte ce trek poétique et improbable au cœur des paysages grandioses de l’Himalaya indien.

Desmond O’Keeffe répare et accorde des pianos. Toute sa vie, il n’a fait que ça, dans sa petite boutique du marché de Camden, à Londres. Il a 65 ans et commence à penser à sa retraite, redoutant de s’ennuyer. Jusqu’au jour où une institutrice globetrotteuse entre dans son magasin et lui demande, sans trop y croire, s’il peut livrer un piano à Lingshed, un village perdu à 4300m d’altitude dans la chaîne du Zanskar, en Himalaya. Bien sûr, qu’il peut !

 

Piano to Zanskar © Jarek Kotomski

L’oreille musicale et le cœur sur la main

Pour cette épopée romanesque au cœur des paysages grandioses du Zanskar, tous les ingrédients d’une belle aventure humaine sont réunis. Générosité, simplicité, amitié viendront à bout des imprévus et des obstacles les plus insurmontables. De pistes périlleuses en sentiers vertigineux, laissant derrière eux la civilisation moderne, le piano et son cortège de yaks et de porteurs avancent vers leur destination, comme un retour à l’essentiel. Anna et Harald, deux jeunes amis de Desmond et anciens apprentis de l’atelier londonien, habités eux aussi de musique et d’humanité, l’accompagnent dans sa mission impossible.

Touchant et attachant, Mister Gentle (son surnom) est profondément bon. Après le film, pendant cinq ans, il retournera chaque année au Zanskar entretenir le piano et enseigner la musique aux enfants de Lingshed, jusqu’à ce qu’une thrombose l’emporte en 2018.

Piano to Zanskar © Jarek Kotomski

La musique, langage universel

En amenant des pianos dans des endroits extrêmes, Desmond se servait de la musique pour éveiller les consciences sur deux grandes causes lui tenant particulièrement à cœur : la lutte contre la mucoviscidose, et la protection de l’environnement.

Toute sa vie, ce modeste réparateur de pianos participe à des œuvres caritatives, souvent dans la plus grande discrétion. Et comme pour lui rien n’est impossible, il a l’idée de trois concerts extrêmes, en altitude ou en profondeur… Leur but : lever des fonds pour la recherche contre la mucoviscidose (ou fibrose kystique), une maladie génétique qui touche le système respiratoire et pour laquelle il n’existe pas de traitement. Plus de 17000 euros sont ainsi collectés grâce aux trois événements orchestrés par Desmond.

La musique, langage universel  En amenant des pianos dans des endroits extrêmes, Desmond se servait de la musique pour éveiller les consciences sur deux grandes causes lui tenant particulièrement à cœur : la lutte contre la mucoviscidose, et la protection de l’environnement.  Toute sa vie, ce modeste réparateur de pianos participe à des œuvres caritatives, souvent dans la plus grande discrétion. Et comme pour lui rien n’est impossible, il a l’idée de trois concerts extrêmes, en altitude ou en profondeur… Leur but : lever des fonds pour la recherche contre la mucoviscidose (ou fibrose kystique), une maladie génétique qui touche le système respiratoire et pour laquelle il n’existe pas de traitement. Plus de 17000 euros sont ainsi collectés grâce aux trois événements orchestrés par Desmond.

Trois concerts de l’extrême

« The Deepest concert », le concert des profondeurs, s’est tenu à une centaine de mètres sous terre dans l’ancienne mine de sel Salina Turda, en Roumanie, en décembre 2017. Alex Stobbs, un jeune et talentueux pianiste britannique atteint lui-même de mucoviscidose, a joué dans les profondeurs de la mine, accompagné du ténor Neil Latchman. Le piano à queue amené pour l’occasion a ensuite été offert aux Hospices de l’Espoir, à Bucarest.

« The highest Chopin concert », le plus haut concert de Chopin, a commencé par sept heures de 4×4 sur des pistes chaotiques depuis Leh, au Ladakh. Un autre piano à queue a ainsi pu être installé au col de Singe La Pass, à près de 5000m d’altitude, pour un concert unique le 6 septembre 2018. Dans un vent glacial, la pianiste britannique Evelina De Lain, en escarpins, a joué plus d’une heure d’un son cristallin jusqu’à ce que ses mains et ses pieds capitulent devant le froid…

Le même jour, quelques mètres plus haut, la harpiste Siobhan Brady donne, elle, le plus haut concert de harpe, record du monde homologué et enregistré dans le Guinness. Desmond Gentle O’Keeffe l’accompagne en lisant un poème tandis que s’envolent des notes celtiques sur fond de drapeaux de prière et de sommets himalayens.

Les sommes récoltées seront reversées à la fondation britannique contre la mucoviscidose (Cystic Fibrosis Trust). C’est le dernier projet humanitaire imaginé et orchestré par Desmond avant son décès survenu soudainement à Londres, peu après le retour.

Piano to Zanskar © Jarek Kotomski

La pollution par le plastique

Vers la fin de sa vie, de plus en plus préoccupé par les problèmes environnementaux, il est consterné par l’accumulation des déchets plastiques au Ladakh. L’idée lui vient de réutiliser les bouteilles comme matériaux de construction. En 2016, avec l’aide d’Anna Ray, il réalise la première serre du Ladakh entièrement conçue à partir de bouteilles en plastique réutilisées, sorte de véranda attenante à une habitation et qui prouvera son efficacité par températures négatives. À nouveau, il lie de profonds liens d’amitié avec les habitants.

Des pianos « humanitaires », Desmond en a aussi expédié au Mozambique et en Roumanie. Jamais en manque d’idées, il voulait ensuite collecter des fonds pour financer l’achat d’un appareil IRM pour l’hôpital du Ladakh. La mort ne lui en aura pas laissé le temps. Nul doute que cette nouvelle aventure aurait certainement nécessité une fois de plus beaucoup d’énergie… et un piano.

Sauvez un piano !

Le réalisateur et le producteur du film ont un message spécialement pour vous…

🎹 Pour en savoir plus :

https://pianotozanskar.com

🏆 Récompenses / Prix :

Grand Prix 2019 du Festival de Banff

Meilleur Film 2020 sur le ShAFF (Sheffield Adventure Film Festival)

Meilleur Film Culture Montagne 2020 sur le VIMFF (Vancouver International Mountain Film Festival)

Meilleur Film International 2020 sur le KIMFF (Katmandu International Mountain Film Festival)

🔎 Article autour du film :

Article (en anglais) paru sur Outsideonline.com

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Fly Spiti (Programme Rouge) pour, ce coup-ci, voler dans l’Himalaya indien !

 

🎬 Retrouvez le film Piano to Zanskar dans le Programme Blanc du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

Piano to Zanskar © Jarek Kotomski
Climbing Blind : Non-voyant, Jesse Dufton grimpe « Old Man of Hoy » en tête

Climbing Blind : Non-voyant, Jesse Dufton grimpe « Old Man of Hoy » en tête

Le grimpeur britannique Jesse Dufton a quatre ans quand on lui diagnostique une maladie génétique rare qui lui détruit les cellules de la rétine. À 20 ans, il n’arrive plus à lire. À 30 ans, sa vision est réduite à une simple perception de la lumière avec un champ de vision d’environ 1 ou 2%. Pourtant, Jesse Dufton défie les diagnostics comme les lois de l’apesanteur. Il continue à grimper. En trad. Et en tête, s’il vous plaît ! Un destin hors-du commun à retrouver dans le documentaire Climbing Blind, primé dans les plus grands festivals de films d’aventure au monde (Kendal, Vancouver, Bilbao, Dijon), qui suit le parcours exceptionnel de Jesse autour d’un défi tout aussi incroyable : être le premier grimpeur non-voyant à escalader en tête l’emblématique pilier écossais du « Old Man of Hoy ». Près de 140m de grès friable, balayé par la mer et par les vents. Chiche ?

Un destin hors du commun

Suivre le parcours du grimpeur britannique Jesse Dufton, c’est à la fois découvrir une détermination et une force de caractère hors-normes mais c’est aussi embrasser un destin exceptionnel, qui renverse les idées toutes faites et repousse les frontières du handicap. Sur les traces de son père, alpiniste émérite et membre d’une équipe de secours en montagne, Jesse Dufton commence à grimper très jeune : première voie à 2 ans, première falaise à 11 ans. Mais entre ces deux périodes, un diagnostic médical vient bouleverser la vie du jeune Britannique : Jesse est atteint d’une maladie génétique rare qui lui fait, petit à petit, perdre la vue. Étudiant à la fac de Bath, le jeune homme s’inscrit au club d’alpinisme. Entouré d’amis qui le soutiennent dans sa pratique, il s’adonne avec joie à sa passion, fait de l’escalade sur glace, découvre le style alpin. Et par-dessus tout, Jesse rencontre Molly, une jeune femme sportive et brillante qui sera sa plus fidèle compagne de cordée avant de devenir « ses yeux » au pied des voies et sa femme dans la vie.

Climbing Blind - Jesse & Molly

Quand Jesse rencontre Molly

À tout juste 20 ans et un doctorat en cours, la vue du jeune homme se détériore. Jesse n’arrive plus à lire. Face à la maladie et au handicap, cet amoureux du rocher et des belles choses s’adapte. Il continue ainsi à vivre sa passion de l’escalade, malgré sa cécité grandissante. À 30 ans, il ne perçoit désormais plus que des ombres… Pourtant, en paroi comme dans sa vie comme, Jesse agit avec calme et sérénité. Certains diraient aisément avec un flegme et des traits d’humour dont seuls les Britanniques ont le secret : « Pour moi, traverser la route est bien plus dangereux que faire de l’escalade ! » s’écrit-il, face caméra, un généreux sourire en bandoulière.

Climbing Blind - Old Man of Hoy

Une aventure humaine plus qu’un défi sportif

En 2017, Jesse Dufton rejoint l’équipe nationale britannique d’handi-grimpe. Mais à mesure que ses bras prennent de la puissance, ses yeux l’abandonnent : Jesse ne voit plus que du flou, ne distingue même plus sa main devant son visage. Pour autant, rien ne l’arrête. Courant 2019, avec deux premières au Groenland (par – 20° !) en compagnie de Molly en poche, l’insolite défi d’aller se confronter au grès rouge de « The Old Man of Hoy » en trad et en tête arrive tout naturellement. Jesse se sent prêt. Nous sommes sur la côte ouest de l’île Hoy dans les Orcades, au Nord de l’Écosse, à cinq heures de route de la capitale Édimbourg. Deux ferries et une marche d’approche vertigineuse plus tard, Jesse est au pied de ce pilier légendaire de 137 mètres de haut (côté 6a+ > 6a). Entre roche délicate, rafales de vent et mouettes rieuses, Jesse s’élance dans la voie. En trad et en tête, donc. Son seul guide face à la puissance des éléments ? La voix de Molly, son alter ego dans la vie comme sur le caillou. On laissera à Jesse le mot de la fin : « I am not disabled, but blind and able », comprenez « Je ne suis pas handicapé mais aveugle et capable ». Une phrase qui claque plus fort qu’un clip de dégaine. Et nous voilà, derrière l’écran, à transpirer sévère. Mais surtout à prendre une belle leçon de vie. « Vaché, Molly ! ».

Alastair Lee, réalisateur de l’extrême

Pour filmer ce destin hors du commun, il fallait bien tout le génie du réalisateur et producteur Alastair Lee (Al pour les intimes !) déjà à l’œuvre sur The Asgard Project (2010) et Spectre Expedition : Mission Antarctica (2019), deux films mythiques sélectionnés pour le Banff Centre Mountain Film and Book Festival. Amoureux des sports extrêmes, le photographe et réalisateur britannique a parcouru le monde, de l’île de Baffin à la jungle vénézuélienne, pour filmer et photographier les plus grands athlètes. Mais surtout, révéler à l’écran le portrait de personnages hors normes, d’aventures humaines exceptionnelles avec un sens aigu du storytelling. Pour Climbing Blind, au-delà de l’histoire incroyable de Jesse & Molly Dufton et des paysages époustouflants qu’offrent les falaises emblématiques de « The Old Man of Hoy », il y a pour Al Lee à la fois un défi technique considérable et un questionnement d’ordre éthique : alors qu’il va être au-dessus de Jesse pour filmer sa progression sur la paroi, se doit-il d’intervenir si l’athlète dévie de la voie ? Le résultat est saisissant : au-delà de la prouesse technique, le film s’élève, tel cette tour de grès d’une sauvage beauté au milieu des éléments déchaînés, comme un monument de sincérité et d’humanité. Et résonne comme un hymne au dépassement de soi et à la résilience.

🧗‍♂ Pour en savoir plus sur le grimpeur Jesse Dufton :

https://jessedufton.com

🎥 Pour en savoir plus sur le réalisateur Alastair Lee :

https://www.posingproductions.com

🔎 Articles autour du film :

Article paru sur Montagnes Mag

Article paru sur Outside.fr

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