Ocean to Asgard, big walls entre copains

Ocean to Asgard, big walls entre copains

Ce trip escalade à Baffin, c’est l’aventure parfaite. Le voyage idéal, engagé mais pas trop, immense mais accessible, avec des potes sympa. Succès garanti. Et pourtant… Quand le destin se permet un petit rappel à l’ordre, il transforme une bonne partie de rigolade en leçon de vie.

Le combo escalade, meilleurs potes et grands espaces

Pour Bronwyn, Jacob, Zack et Thor, cette aventure, c’est uniquement pour le plaisir. Quarante jours d’itinérance sur l’île de Baffin au Canada avec un peu de raft sur les torrents glaciaires, des bivouacs cinq étoiles, des grandes voies sur des parois encore vierges, des premières ascensions, une météo très conciliante, un rêve de sommet et un peu d’imprévu.

Ils ne sont rien partis chercher de spécial, pas de quête, pas de limites à repousser, pas de revanche à prendre. Juste une belle balade XXL dans une nature sauvage et inhabitée, beaucoup de bonne humeur et de légèreté, et des instants inoubliables de premier matin du monde.

Au bout de dix jours de baroud, l’objectif du voyage est sous leurs pieds. Un moment magique pour Bronwyn : « À minuit pile, on est sortis sur le sommet de la tour sud du mont Asgard. Malgré le froid, il n’y avait pas un souffle. Avec Jacob, on a regardé le soleil de l’Arctique rouler derrière la ligne de crêtes de l’horizon. Pendant quelques minutes, tout est devenu pourpre. Puis la boule dorée est réapparue, illuminant à nouveau notre petit replat, tandis qu’en-dessous de nous le monde glacé était encore dans l’ombre ».

Mesurer la valeur de l’instant présent et de ceux qu’on aime

Quelques jours plus tard, la fine équipe s’attaque aux 700 mètres de la face ouest du mont Torokwa pour une ouverture. « Je hurle d’horreur en voyant s’arracher sous mes mains une grosse écaille. “Pierre !“ Le bloc tombe dans le dièdre, s’écrase sur la paroi et explose en morceaux juste au-dessus de Zack et Thor ». Le rocher est pourri sur cette ligne. Le jeu n’en vaut pas la chandelle…

De retour au camp de base, sain et sauf, on mesure l’étrangeté d’être en vie. La trajectoire hasardeuse d’un caillou, quelques secondes, quelques centimètres en ont décidé ainsi. On pourrait être mort, et on est bien vivant. Les gens qu’on aime, la beauté des lieux deviennent tout à coup infiniment précieux.

Alors se bousculent les pourquoi. Pourquoi fait-on ça ? Où placer la limite du risque acceptable ? Dans le secret des réflexions intérieures, chacun lutte contre les peurs insidieuses qui regagnent du terrain, chacun trouve ses réponses. Et en ressort grandi. Sans doute ce pour quoi « les voyages forment la jeunesse »…

🎬 Retrouvez le film Ocean to Asgard dans le Programme Bleu du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

👉 Infos sur le festival : www.banff.fr

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Natural Mystic ou l’art du run parfait avec Sam Favret

Natural Mystic ou l’art du run parfait avec Sam Favret

Prenez le freerider Sam Favret, qui n’en est pas à son coup d’essai en pente raide, et son pote Maxime Moulin, réalisateur de films de ski extrême, mettez-les sur les aiguilles Rouges au-dessus de Chamonix, croulant de peuf immaculée et de ciel bleu au cœur des plus beaux sommets des Alpes. Ça vous donne « Natural Mystic », trois minutes d’une ambiance inédite où le temps suspend son vol.

Freeride sur les Aiguilles Rouges de Chamonix

Sam Favret est l’un des freeriders les plus doués de sa génération. Il vous balance des courbes d’une fluidité impeccable et pose ici ou là un 360 ou des tricks magiques dans des pentes à dérégler le clinomètre. À Chamonix, sur les lignes les plus emblématiques du massif du Mont-Blanc, itinéraires mythiques ou ouvertures engagées, Sam est chez lui.

Il a déjà tourné avec Maxime Moulin, son pote de longue date, réalisateur de films d’outdoor et de montagne. Maxime s’amuse à filmer ses potes en ski depuis l’université, et il en a fait son métier. Depuis dix ans, il a tourné avec les meilleurs freeriders de la planète neige. C’est lui qui est derrière la caméra de Frozen Mind avec Victor De Le Rue et Pierre Hourticq, Good Morning avec Richard Permin ou Ice Call avec Sam Favret.

Un point de vue inédit

Natural Mystic est (encore) un film de freeride sur les plus belles pentes raides du monde, avec (encore) de longs runs aussi purs qu’esthétiques, et pourtant, il ne ressemble à aucun autre. Le secret ? Deux drones hyper performants pour des images 100% vues d’oiseau et une bande son vraiment inédite. Aucun commentaire, pas de musique. Juste le son des skis sur la neige et le bruit de l’air. Pourquoi ce choix et comment ont-ils fait ?

Maxime vous l’explique dans cette vidéo :

🏂 Maxime et Sam travaillent sur de nouveaux projets, encore secrets mais on vous tiendra au courant.

🔎 Pour en savoir plus sur le travail de Maxime Moulin : https://www.maximemoulin.com/

🔎 Pour suivre Sam Favret : https://www.instagram.com/samfavret

 

🎬 Retrouvez le film Natural Mystic dans le Programme rouge du Meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021.

The Bikes Of Wrath      (Les Vélos de la Colère)

The Bikes Of Wrath (Les Vélos de la Colère)

Les vélos de la colère, un voyage initiatique à travers les États-Unis

 

2600 km, 32 jours, une bande de potes à deux-roues et 420 dollars en poche !

Passionnés par le roman de John Steinbeck, cinq Australiens se lancent en 2015 sur les traces des Raisins de la colère (The Grapes of Wrath). Ils décident de retracer l’histoire des migrants du Dust Bowl lors de la crise des années 30. Aujourd’hui, que reste-t-il des inégalités, injustices et blessures du passé ? L’exode a-t-elle marqué le cœur des États-Unis d’une empreinte indélébile ? 

La curiosité des jeunes baroudeurs nourrit profondément leur soif d’exploration. En quête d’aventure, ils partent à la rencontre de populations résilientes. D’est en ouest, les mains sur le guidon, ils traversent le pays d’Oklahoma jusqu’à Bakersfield en Californie.

 

Une traversée à deux-roues entre amis

Les vélos de la colère quittent leur Australie natale, cap sur l’Amérique du Nord.

Âgés de 24 à 35 ans, Charlie, Oliver, Cameron, Redouane et Leon ne sont pas cyclistes professionnels, loin de là ! L’un d’eux n’a jamais fait plus de 20 bornes ! Qu’à cela ne tienne, c’est à vélo qu’ils tenteront de parcourir des milliers de kilomètres.

Au défi s’ajoute un paramètre : voyager à cinq pendant un mois avec un budget de quelques centaines de dollars  (équivalents aux 115 dollars des héros du livre de Steinbeck).

Le groupe d’aventuriers campe à la belle étoile, joue de la musique, partage des moments inoubliables, des rires et des peines. Parviendront-ils à destination ? Rencontreront-ils des obstacles en cours de route ?

Mis à rude épreuve par la fatigue et la chaleur écrasante de l’été, ils réalisent le tournage au fil du bitume et des échanges ruraux. La force de leur amitié transperce l’écran, elle est communicative et puissante.

Du cyclotourisme au documentaire humaniste

À mesure des rencontres qui paveront leur chemin, Charlie, Oliver, Cameron, Redouane et Leon font des découvertes. Au-delà du cyclotourisme, les Australiens portent un regard humaniste sur un peuple résilient. Difficile d’oublier Joe, croisé près d’une glissière d’autoroute, il est en souffrance, reclus et égaré. Les gars se demandent s’il serait une bonne idée d’appeler les urgences, les frais médicaux sont exorbitants aux États-Unis. Confrontés à la réalité, ils avancent ensemble vers l’inconnu, ces hommes et femmes, ces villes et vastes espaces.

L’un des passages des Raisins de la colère résonne : « Il disait qu’une fois, il était allé dans le désert pour tâcher de trouver son âme, et qu’il avait découvert qu’il n’avait pas d’âme à lui tout seul. Tout ce qu’il avait, c’était un petit bout d’une grande âme. Il disait que le désert, ça ne rimait à rien, s’il ne faisait pas partie du reste, s’il ne formait pas un tout ! ».

🚵 Les Vélos de la Colère (The Bikes of Wrath) est un film bouleversant de vérité et d’humanité. Il fait en partie écho à la crise sanitaire et sociale que nous traversons en ce moment.

🎬 Un documentaire en version originale sous-titrée à streamer, pour continuer à explorer le monde depuis le confort de son canapé !

Sea Gypsies : de l’autre côté du monde

Sea Gypsies : de l’autre côté du monde

Le voilier Infinity porte bien son nom, comme une infinité de possibilités, d’obstacles, de moments de joie et de fraternité. Son capitaine et son équipage de joyeux pirates nous donnent envie de tout quitter pour les rejoindre, et c’est exactement ce qu’a fait Nico Edwards. Il en a même fait un film.

De la Silicon Valley au voilier Infinity

Nico Edwards travaillait pour une startup dans la Silicon Valley et passait trois heures dans les transports chaque jour. Pour lui, c’était d’un ennui mortel et il contemplait l’idée de se jeter sur les rails de son train plutôt que de continuer. Il a choisi d’abandonner cette vie et de partir à l’aventure…

« J’ai trouvé Infinity dans une petite annonce en 2012. Le capitaine cherchait des membres d’équipage. Lors de mon premier voyage, j’ai passé cinq mois à bord. Nous avons navigué de Singapour jusqu’en Thaïlande en passant par la Malaisie. Le temps m’a semblé ralentir, chaque jour était une nouvelle aventure et cinq mois de cette vie tellement riche en expériences m’ont semblé durer toute une vie. J’ai ressenti le besoin de revenir et tourner un film sur Infinity et son équipage ».

Infinity appartient au capitaine Clemens, qui vit à son bord depuis de nombreuses années et y a même fondé une famille. Ensemble, ils sillonnent les mers tropicales, voguant tranquillement d’île en île. Ils partagent leur vie et leur bateau avec un équipage toujours changeant.

Le nouveau projet un peu fou du capitaine Clemens est de traverser le Pacifique Sud vers la Patagonie en passant par l’Antarctique. Pour cette mission, Clemens a trouvé plus prudent de laisser sa femme et ses filles en Nouvelle-Zélande. C’est là que Nico a retrouvé l’équipage, caméra en main.

« À bord, nous avions une routine, il fallait toujours deux à trois personnes debout pour mener le bateau. Il fallait également cuisiner, nettoyer, étudier les cartes, organiser la maintenance, réparer ce qui était cassé et cuire le pain ! On avait assez peu de temps libre ».

77 jours sur le bateau, 300 heures d’images !

Le danger de l’expédition était bien réel. Les deux risques majeurs étaient que le bateau se retrouve parallèle à une vague, risquant ainsi de se faire retourner, et la collision avec un iceberg qui aurait fait couler le bateau. Dans la mer de Ross, il n’y a aucun service de secours, on est loin de tout, même les signaux de détresse n’arrivent pas toujours à être interceptés. Au total, pour cette expédition, Nico aura passé 77 jours sur le bateau à tourner des images, puis douze mois à monter le film sur un ordinateur basique avec un logiciel gratuit. Nico n’avait fait aucune formation d’audiovisuel avant de partir et a tout appris en explorant le web.

« Une fois débarqué du bateau je me suis installé dans un petit hôtel pas cher à Bangkok et j’ai fait du montage sept jours par semaine.Comme le film n’avait pas de budget, j’ai préféré m’installer en Thaïlande pour le finir, car la vie y est moins cher qu’en Amérique »

Nico avait plus de 300 heures d’images. La première version du film faisait treize heures !  Nico finit par faire un montage de 79 minutes puis se replongea dans les images au moment du Festival de Banff pour créer la version de 46 minutes de la tournée. La première de Sea Gypsies eut lieu durant le Festival du Film de Telluride, aux Etats-Unis. Il a depuis été sélectionné par de nombreux festivals et figure au programme de plusieurs tournées internationales.

Suite aux records de température des récents étés et la fonte des glaces, Infinity s’élancera à la conquête du passage du Nord-Ouest, pour rejoindre le lieu habité le plus au nord de la planète et explorer le pourtour du Groenland. La route fera plus de 6430 km à travers 36 000 îles, un véritable labyrinthe glacé, dont seulement 10 % a été cartographié. Conrad Anker, alpiniste de renom et héros du film Meru rejoindra l’équipe sur une partie de l’expédition.

This Mountain Life

This Mountain Life

Avec This Mountain Life le réalisateur canadien Grant Baldwin a remporté le Prix du Meilleur Film de Sports d’Hiver du festival de Banff en 2018. La version intégrale du film transporte le public au cœur de la Colombie-Britannique, à la découverte de personnages vivant une relation passionnelle avec la montagne. 

Martina Halik, photographe et prévisionniste avalanche, est à l’origine de cette aventure. Tout a commencé après qu’elle ait lu un article sur une expédition similaire. «Je trouvais que ça avait l’air cool. C’était la chose la plus dure et la plus folle que quelqu’un pouvait avoir envie de faire», raconte Martina, qui explique qu’elle traversait sans doute une petite crise existentielle : «Ma vie devenait monotone, trop facile. Ça semblait donc la chose la plus difficile, le défi que je recherchais. J’ai demandé à ma mère de m’accompagner. Elle a dit oui sans hésiter !». La dite maman, Tania Halik, est moniteur de ski, auxiliaire médicale et elle entraîne également des chiens d’avalanche.

Pendant la traversée, le réalisateur Grant Baldwin et son coéquipier les ont suivies sur trois segments stratégiques. Le réalisateur explique qu’il a senti Martina en grande difficulté morale et physique lors de leur première venue. « La seconde fois, elle était sortie de “la noirceur”» dit-il. Martina explique qu’elle a en effet mis du temps à réaliser que même si elle voulait arrêter, elle ne pourrait pas abandonner. « Il y a eu très peu de moments où elles auraient pu demander qu’un hélicoptère vienne les récupérer», continue Grant Baldwin. « Pour y parvenir, le pilote aurait dû prévoir à l’avance un dépôt de carburant pour être en mesure de les rejoindre.»

Sa mère adopta dès le début une tout autre philosophie comme l’explique le réalisateur :«Pour Tania, ce n’était pas une question de vie ou de mort, c’était sa décision d’être là. C’est en ville qu’elle n’est pas à l’aise. La montagne, c’est sa place »

Certaines journées ou semaines furent plus difficiles que d’autres : « C’est la météo qui, comme un dieu, décidait de nos journées. Allions-nous avancer, être détrempées, avoir froid ou même juste être en mesure de nous parler ?». La quantité d’efforts demandés dépendait également du temps entre les ravitaillements. « Quand on doit prévoir trois semaines entre deux largages, cela donne une charge considérable à tirer avec nos traîneaux…».

Le terrain a aussi été une difficulté… et contrairement à ce qu’on imagine – des cols infranchissables, de dangereux glaciers – c’est la végétation qui a ralenti les deux aventurières ! « Il n’y a pas de sentier et il faut se frayer un passage à travers la broussaille et les arbres. Nos traîneaux se coinçaient sans cesse. C’était vraiment difficile et terriblement lent », se rappelle Martina. Il leur a fallu parfois 10h d’efforts pour parcourir seulement… 3 km.

Mais elles ont aussi vécu des moments exceptionnels, de pur bonheur. « Sortir la nuit et voir des aurores boréales, découvrir une grotte de glace ou encore une source d’eau chaude et s’y baigner toutes nues faisait partie des plaisirs qui illuminaient nos journées», se remémore Martina.

Et passer 6 mois, 24h/24 toutes les deux, dans un quotidien éprouvant, les a délibérément rapprochées. « Particulièrement quand c’est la seule personne à qui tu as à parler !», s’exclame Martina. « J’en ai donc appris plus sur son passé, d’où elle venait et les épreuves qu’elle a traversées. On peut désormais lire dans nos pensées respectives », dit-elle en riant.

Comment retrouver une vie « normale » après un tel périple ? En planifiant d’autres aventures ! Martina et Tania ont déjà prévu de poursuivre leur route en Alaska pour un voyage de 3 mois au printemps : « Il devrait faire moins froid, ce sera plus lumineux et il n’y aura pas de broussailles !», explique Martina.

 

Site officiel :https://mountainlifefilm.com/

Source : Christian Geiser, La Presse, Québec, Canada

Home : Le tour du monde de Sarah Outen

Home : Le tour du monde de Sarah Outen

En 2011, l’aventurière britannique Sarah Outen s’élance pour un tour du monde qui ne s’achèvera pas avant 2015. Partie de Londres, elle traverse océans et continents à la seule force des bras et des jambes, en vélo, en kayak et en bateau à rames, totalisant plus de 32 000km.Un long périple en solitaire semé de difficultés et d’épreuves, dont une violente tempête en plein océan Pacifique qui poussera Sarah au-delà de ses limites physiques et psychologiques.

Sarah Outen

Sarah a démarré sa carrière d’aventurière quand elle avait tout juste 20 ans, à la suite du décès soudain de son père. Elle s’engagea alors dans le projet de traverser l’océan Indien à la rame et en solitaire, à sa mémoire, tout en levant des fonds pour des organismes caritatifs. En 2009, à 24ans, après 124 jours à ramer seule de l’Australie à l’île Maurice, Sarah devenait la première femme et la plus jeune personne à avoir traversé l’océan Indien à la rame en solitaire. Cet exploit lui valut les honneurs de son pays à travers un MBE (Member of the Order of the British Empire).

Tout en ramant au beau milieu de l’océan germa un nouveau rêve : celui de découvrir des paysages, de rencontrer des gens, et de parcourir les autres océans… Le projet « De Londres à Londres à travers le monde » était né, avec l’objectif d’une nouvelle levée de fonds pour plusieurs associations, de donner envie à chacun de vivre ses aventures, et au final, de revenir à la maison saine et sauve… 

Image Home Sarah outen

En novembre 2015, à l’âge de30 ans, Sarah achevait ainsi sa plus grande expédition, et la dernière en date : une itinérance autour de l’hémisphère nord à travers l’Europe et l’Asie, l’océan Pacifique, l’Amérique du Nord et l’Atlantique, en pédalant, en ramant et en pagayant pendant 32 000 km. Une odyssée de quatre années et demi pour parcourir cultures, climats et paysages, face à elle-même et à ses démons intérieurs, aux éléments naturels impitoyables et au temps qui passe. D’innombrables imprévus, parfois de taille, ont donné à ce périple toute sa richesse, et le voyage géographique s’est doublé d’un voyage intérieur, remuant zones d’ombre et blessures passées, duquel Sarah est revenue grandie.

Désormais mariée à sa compagne Lucy, Sarah travaille sur d’autres projets de voyages dans un genre différent. L’aventurière est très investie dans le monde associatif, et parraine plusieurs associations. Sarah est également auteur de deux livres (« A Dip in the Ocean »et « Dare to Do »), et conférencière. Son credo : encourager les gens à sortir davantage et inciter les jeunes à oser se lancer à l’aventure.

Jen Randal

Jen réalise des documentaires qui parlent de terroirs et d’identité, et a vu son travail plusieurs fois récompensé. Elle a travaillé pour, entre autres, la BBC, Channel 4 et SenderFilms, et ses films ont été primés dans des festivals internationaux de films de montagne tels que ceux de Banff,Vancouver, 5Point et Kendal.

Sarah – Combien d’heures de prises de vues avais-tu ? Est-ce que la contrainte permanente de faire des images a été un problème ?

Je ne saurais même pas vous dire combien il y avait d’heures de rushes. Jen s’est retrouvée avec une sacrée mission ! Parfois ça a été dur, oui. À certains moments, je me forçais vraiment à filmer parce que je n’en avais aucune envie, ou parce que c’était frustrant d’avoir en permanence la présence de la caméra, à d’autres moments c’était des remarques extérieures qui me perturbaient. En mer, c’était parfois trop dangereux, ou parfois j’avais trop peur pour arriver à filmer. Parfois c’était un ennui technique qui empêchait de tourner, comme la casse ou la perte d’une pièce du matériel, ou le délai de chargement des batteries, ou la nécessité de les garder au chaud quand il faisait trop froid… Mais malgré tout j’étais convaincue que quelque part dans toutes ces images il y aurait un film à partager, et la plupart du temps, la caméra constituait une présence amie très importante.

Jen –Tu peux nous parler du dérushage ? Ça a dû représenter un travail monstre !

Quand je me suis attelée à ce projet, je n’avais pas vraiment mesuré la montagne à laquelle je m’attaquais. J’avais planifié un mois pour passer les images en revue, mais au final il m’en a fallu quatre ! Au bout d’un moment on a recruté un assistant monteur pour m’aider et surtout pour que je puisse commencer le montage, parce que sinon j’y serais encore ! Donc oui c’était un énorme travail de parcourir les rushes, et de rassembler les pièces du puzzle, mais ce qui m’a beaucoup plu dans ce projet c’était l’authenticité et le naturel des images, qui faisaient qu’ici ou là je tombais sur une séquence magique qui me redonnait de l’élan pour le film. J’ai été impressionnée par l’assiduité avec laquelle Sarah a filmé tout au long de son voyage, car cela demande beaucoup d’énergie et de concentration.

Sarah – Si les spectateurs devaient retenir de ton film un message principal, lequel serait-ce ?

Je veux qu’ils se disent qu’on a le droit d’être mal de temps en temps, et que ce n’est pas un problème, et qu’il y a moyen d’aller mieux. Qu’être fragile et oser demander de l’aide, c’est bien. Plus on fait preuve d’ouverture d’esprit en matière de bien-être mental, et c’est valable aussi dans le monde de l’aventure où on peut être tenté d’en faire trop face à la pression ou aux stéréotypes, et plus on évitera les maux et les suicides en aidant les gens à se sentir mieux. Je veux que les gens osent faire face à leurs peurs, en se disant que cela va leur apporter quelque chose, qu’il s’agisse de se lancer dans un défi ou un nouveau projet, ou de persévérer dans une entreprise difficile, ou même d’être assez courageux pour renoncer et arrêter. Faites preuve de courage, de gentillesse, de curiosité.