Fly Spiti : voler en Himalaya pour Search Projects

Fly Spiti : voler en Himalaya pour Search Projects

Dans le film Fly Spiti, deux parapentistes d’expérience, Thomas De Dorlodot, détenteur de plusieurs records, et Horacio Llorens, six fois champion du monde d’acrobatie, partent explorer la Spiti Valley dans l’Himalaya indien. Derrière cette expé de haut-vol, « Search Projects », un concept unique taillé pour l’aventure outdoor et le voyage !

 

Search Projects, une quête d’aventure et de sens

Le parapentiste professionnel belge Thomas de Dorlodot a toujours été passionné par le voyage et l’aventure. Le concept derrière Search Projects va naturellement éclore : « Lorsque j’ai découvert le parapente, j’ai rapidement cherché à accumuler un maximum d’heures de vol. C’est même devenu une obsession : j’étais constamment à la recherche du bon spot, de la bonne météo, des super conditions de vol. Très vite, cette quête est devenue mon quotidien. J’étais en Amérique centrale à la recherche d’un décollage quand le nom de Search s’est imposé à mon esprit pour mes futurs projets ». L’idée ? « Trouver les spots les plus dingues au monde pour voler en parapente et revenir avec des belles histoires à raconter ».

Partir en expédition aux quatre coins du monde

Le nom et le concept en poche, Thomas monte une équipe et met sur pied la première expédition. Celle-ci va lui faire traverser l’Afrique du Nord au Sud en 4 mois et à travers 10 pays différents… La rencontre entre le champion de parapente et le jeune réalisateur Benoît Delfosse (à la caméra pour Fly Spiti) se fait via un ami commun, dans un bar à Bruxelles. Nous sommes alors à quelques jours du départ. Entre les deux hommes, le feeling passe instantanément. Benoît n’en revient toujours pas : « J’ai alors vécu l’une de mes plus intenses expériences de voyage en traversant l’Afrique du Nord au sud, en ne sachant pas bien par quels pays nous allions passer, en dormant à la belle étoile et en réalisant mes premiers vols en parapente ! ».

Fly Spiti - John Stapels

Le partage comme seul leitmotiv

Search Projects est lancé ! Avec pour seule devise : « Light is right », comprenez l’idée de voyager avec un parapente et un appareil photo comme seuls bagages. Car, dès le départ, se révèle à leurs yeux de jeunes athlètes, réalisateurs ou photographes la vraie et unique valeur de leurs aventures : ces dernières n’auront de sens qu’au travers du partage. Ainsi, à leurs retours, Thomas et ses compatriotes montrent leurs photos et vidéos à leurs amis. Riches et inspirantes, leurs expériences vont ainsi prendre tout leur sens. Et intéresser une sphère de personnes de plus en plus large !

Une somme de talents réunis

Depuis, les projets, les films et les voyages s’enchaînent, entrecoupés de temps de repos et de longs mois de préparation. Aujourd’hui, Search Projects, ce ne sont pas moins de « 10 années entrecoupées de projets. Afrique, Amérique du Sud, Asie… L’équipe a eu la chance de voyager aux quatre coins du monde (62 pays pour Thomas !). Le noyau dur se compose donc du parapentiste belge Thomas de Dorlodot, initiateur du projet et recordman de plusieurs records en vol bivouac, du pilote espagnol Horacio Llorens, six fois champion du monde d’acrobatie, du réalisateur Benoît Delfosse et du photographe belge John Stapels. Sans oublier « une dizaine de personnes à côté qui font tous partie de la famille Search : graphiste, ingénieur son, web designer, photographe, fixer, etc… », selon Thomas.

Fly Spiti - John Stapels

Rêver le monde en pionnier

Polynésie, Pakistan, Botswana, Egypte, Madagascar, Maroc, Namibie, Kenya, Iles Marquises, … Aventurier dans l’âme, Thomas de Dorlodot ne compte pas s’arrêter là. « Je veux voyager et voir le monde entier », glisse-t-il entre deux généreux sourires. Sa soif d’ailleurs ne semble jamais vouloir s’épancher. Tout comme sa curiosité, lui qui raffole des vols d’altitude (« Planer à plus de 7000 mètres, ça n’a pas de prix ») et qui rêve d’Antarctique : « Le choix des destinations de Search Projets, ça part toujours d’un rêve. On a la chance de pratiquer un sport où l’on peut encore être des pionniers. On recherche les spots perdus, le choc des cultures et les belles rencontres ». Ce que cherche Benoît, lui, « c’est de de varier et de sans cesse apprendre de nouvelles choses. Rencontrer des gens inspirants me motive à me donner à fond dans les projets de films et d’expéditions. J’aime mettre mes compétences au service de ceux que j’admire. Si je peux explorer le monde et les cultures, découvrir de nouvelles façons de vivre, de penser à leurs côtés, alors je suis comblé. J’aime être bousculé ».

Voler à la rencontre des cultures

Bousculée, la belle équipe l’est souvent ! Car sur les tournages, rien n’est scénarisé, tout se joue en direct : « la team cherche un spot, trouve l’accès, rencontre les locaux, tente un vol… » assure le parapentiste belge. Les membres utilisent « des radios (quand elles fonctionnent 😁), des téléphones et des balises de tracking ». L’idée est d’explorer les endroits les plus reculés, les plus fous, les plus inaccessibles de la Terre pour voler en parapente mais aussi et surtout, rencontrer et s’enrichir de l’Autre. Ici, pas de ton sensationnaliste ou de catastrophisme surjoué. Des accidents, il y en a et il y en aura certainement encore. Des souvenirs douloureux, aussi. Ils font partie de l’histoire de Search Projects, mais heureusement ils ne viennent jamais entacher la motivation de l’équipage. Benoît revient sur un moment délicat vécu aux Marquises : « Mon pire souvenir ? Je crois que c’est la peur ressentie ce jour-là lorsque nous avons perdu Horacio qui s’est fait prendre dans un nuage et s’est retrouvé au milieu de l’océan, à plusieurs kilomètres des côtes. J’ai eu très peur de perdre un ami… ». Un épisode malheureux vite transcendé : « Le retrouver sain et sauf est aussi l’un de mes meilleurs souvenirs ! ».

 

Fly Spiti - John Stapels

Les Açores en ligne de mire

La prochaine expé est en cours de préparation. Thomas, papa pour la deuxième fois il y a quelques semaines, semble déjà là-bas : « On retourne, en famille (avec mes deux enfants et ma compagne) sur le voilier Search cet été dans les Açores. C’est un nouveau volet qui va commencer ! ». Car le champion des airs est aussi loup de mer ! Depuis quelques années, il est le capitaine du voilier Search, un bateau de 12 mètres, autonome en électricité grâce à des panneaux solaires et en eau potable via à un système de désalinisation, avec lequel l’équipage part explorer de lointaines contrées pour, au travers de leurs images et de leurs films, toujours témoigner de la beauté du monde. Benoît a prévu de rejoindre Tom et de prendre ensemble le large à l’automne prochain, en espérant qu’Horacio pourra être aussi de l’aventure.

 

Vers l’infini et l’au-delà !

Mais quand donc prendra fin un tel projet ? « Jamais, j’espère ! », tel est le cri du cœur de Thomas, qui voit clairement dans Search un infini de possibles et dans son équipe, une deuxième famille.

Fly Spiti - John Stapels

🪂 Pour en savoir plus :

https://www.searchprojects.net

🎬 Retrouvez le film Fly Spiti – The Short Odyssey dans le programme rouge du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

Fly Spiti - John Stapels
FKT : Au-delà des records, l’art de courir en montagne

FKT : Au-delà des records, l’art de courir en montagne

Plongée à grandes foulées dans les coulisses du film FKT, une véritable prouesse technique et physique que l’on doit au photographe Brice Ferré, installé depuis 2009 à Vancouver (Canada). Rencontre avec cet infatigable créateur d’images qui suit ici l’athlète trail Jeanelle Hazlett dans sa tentative de record « Fastest Known Time » au Mont Brunswick, un sommet vertigineux niché au cœur de la Colombie Britannique. À vos marques, prêts, partez… Interview avec Brice Ferré !

Brice Ferré : l’homme qui ne court jamais seul

Brice Ferré est un photographe-réalisateur qui, tout fraîchement diplômé d’une école de cinéma en 2003, entame une carrière à Paris. Assistant-monteur sur le film-événement La Marche de l’Empereur, il suit ensuite son rêve en déménageant en 2009 à Vancouver, au Canada. Son leitmotiv ? Courir la montagne et faire des images. Brice ne court jamais seul. Il a toujours son appareil photo, un Reflex numérique, en main. Histoire de ne rien rater de ce que les sentiers, la nature et l’aventure peuvent, généreusement, lui offrir.

Brice Ferré

Tes premiers pas dans le monde du trail ?

J’ai commencé la course à pied en 2011, puis le trail en 2013. Ma première course, c’était un marathon en trail en 2014 (Hallows Eve 42km à North Vancouver) et puis je suis passé aux ultras en 2015, en faisant le Diez Vista 50K et le Squamish 50. Durant les 6 dernières années, j’ai couru une vingtaine d’ultras, dont trois 50 miles (80 km). J’adore passer entre 5 et 12 heures à courir et souffrir, en essayant de pousser mon corps à ses limites. Le trail m’apporte des sensations uniques que je n’ai encore trouvé nulle part ailleurs. Grâce à mon travail de photographe-réalisateur outdoor, je passe beaucoup de temps en montagne. Et tout mon temps libre, je les passe aussi sur les sentiers !

Comment as-tu rencontré Jeanelle Hazlett ?

J’ai rencontré Jeanelle Hazlett en mars 2017 quand le « Salomon Vancouver Trail Lab », un groupe de course à pied organisé par Salomon Vancouver et dont je suis l’un des leaders, a organisé un entraînement avec le groupe « PNWT » (Pacific Northwest Trail Runners) créé par Jeanelle.

Comment est né le projet du film FKT ?

Jeanelle est une coureuse incroyable ! Elle a passé les 3 dernières années à dominer toutes les courses qu’elle a couru. Elle et moi, adorons courir sur des terrains très techniques. Jeanelle est toujours à la recherche de nouveaux challenges, donc le jour où elle m’a dit vouloir tenter le FKT du Mont Brunswick (13km et 1560m de D+), cela m’a paru évident : il me fallait faire un film autour de sa tentative.

Comment avez-vous justement géré le risque et la peur face à cette arête finale absolument vertigineuse où toute chute est fatale ?

Le danger est toujours présent lorsque l’on fait ce genre de performance dans ce type d’endroit. Nous en sommes toujours conscients. Nous ne sous-estimons jamais la montagne et ses dangers, et partons toujours avec de quoi passer la nuit ou bien attendre les secours si jamais nous nous cassons quelque-chose (nourriture, vêtement en plus, safety kit). Nous avons toujours quelqu’un qui connaît le plan de notre journée, afin de venir nous chercher si jamais nous ne rentrons pas le soir.

Quant à la peur, il n’y en a pas. Jeanelle et moi sommes extrêmement habitués à ce genre de terrain. Nous avons passé des centaines d’heures à courir en montagne dans différentes situations (météo, températures, fatigue …). Nous faisons confiance à notre entraînement, à notre matériel et respectons la montagne et ses dangers. Nous n’irions jamais sur une telle arête si nous n’étions pas sûrs à 100% que tout est sous contrôle. Ni Jeanelle, ni moi, avons le vertige. Ce qui est un réel bonus pour ce genre de situations, car nous avons vu beaucoup de gens passer à quatre pattes sur Brunswick, parfois-même ils sont complètement pétrifiés. Car effectivement… c’est raide ! [Sourire]

Jeanelle et Brice - by Brice Ferre Studio

Depuis sa création dans les années 2000, l’organisation américaine FKT (pour Fastest Known Time) répertorie les segments de course remarquables à travers le monde ainsi que les athlètes ayant réalisé les meilleurs temps de parcours. Le concept n’a jamais été aussi populaire que depuis l’annulation de nombreuses courses dues à la pandémie de Covid-19 ! Depuis 2020, on a effectivement vu fleurir de nombreuses tentatives de FKT sur pléthore de sentiers aux États-Unis, mais aussi en France et par-delà le monde… Que penses-tu de ce phénomène ? 

Je trouve cela formidable ! J’adore voir des athlètes d’exception repousser leurs limites afin d’établir des records. C’est une source d’inspiration incroyable.

Si le phénomène FKT invite les gens à sortir de chez eux et courir en montagne, alors, je suis entièrement pour ! Tant que c’est fait dans le respect des sentiers, de la montagne (« leave no trace ») et sans mettre en danger qui que ce soit (y compris la vie des sauveteurs qui doivent venir nous chercher si l’on se casse une cheville ou un genou…).

À ton avis, c’est un épiphénomène ou une tendance qui va s’inscrire dans la durée et s’affirmer de plus en plus ?

Les humains sont compétitifs par nature, et établir des records de « quoi que ce soit » existe depuis la nuit des temps. Je pense que les FKT vont juste être de plus en plus fréquents car ils sont maintenant filmés et rendus officiels par un site Internet dédié. Mais le concept du FKT a toujours été présent. C’est juste que la partie « known » était plus confidentielle avant le site Internet et les belles vidéos YouTube.

Le nouveau temps de référence femme pour le FKT sur la Brunswick Mountain date de l’été 2020 avec la performance de Katherine Short en 2h21m39s. Sais-tu si Jeanelle compte reprendre le record ?

Oui, je pense qu’elle va y retourner un de ces jours. Katherine est une coureuse incroyable qui est descendue plus vite que Jeanelle, mais qui est montée moins vite. Donc je pense que si Jeanelle se lâche encore un peu plus sur la descente (et ne se filme pas avec son téléphone sur le sommet 😊), ça devrait le faire, car le nouveau record est à peine à une minute d’écart. En tout cas, c’est sympa de voir cette compétition entre coureur/ses, ici. On est tous copains, c’est fun d’essayer de se dépasser les uns et les autres.

Ton film donne envie de suivre Jeanelle dans une aventure plus longue… Un futur projet sous la semelle ?

Oui. Nous travaillons actuellement sur un film plus long, autour d’un FKT plus long (56 km) dans les Rocheuses !

Le mot de l’athlète

« Je connais les FKT depuis longtemps. C’est quelque chose qui m’a toujours fascinée parce que ça oblige à se surpasser. On est seul face à la montagne. À la différence d’une course, on ne poursuit personne. Personne ne nous poursuit. On peut s’arrêter quand on veut, ou ralentir. Mais c’est soi-même contre la montre. Donc ce projet a été l’occasion de me forcer à travailler dur pour améliorer mes chronos et repousser mes limites sans rendre de comptes à personne d’autre qu’à moi-même »

Jeanelle Hazlett

 

Le mot du réalisateur

🎥 Pour en savoir plus sur le réalisateur Brice Ferré :

www.briceferre.com

www.instagram.com/briceferre

www.briceferre.com/youtube

🏃‍♀ Deux autres films réalisés par Brice sur Jeanelle Hazlett :

http://www.briceferre.com/limitless

http://www.briceferre.com/jeanelle

🎬 Retrouvez le film FKT dans le programme blanc du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021

 

Jeanelle Hazlett - FKT on Brusnwick - by Brice Ferre Studio

Imagine, un autre FKT

C’est un tout autre décor et une toute autre ambiance avec le film Imagine qui revient aussi sur un FKT (« fastest known time »), une tentative réalisée par le jeune athlète indien, Kieren D’Souza pour un film rare et inédit, tourné en noir & blanc, signé du réalisateur Prashant Bhatt.

Le jeune Kieren rêve depuis des années, de décrocher un record de vitesse (« FKT ») pour inciter ses compatriotes à découvrir le trail running et la montagne autrement. Loin de l’animation des grandes courses européennes, Kieren choisit l’ascension du mont Friendship (5 289 m), un sommet qu’il aperçoit de Manali, sa ville natale, pour un parcours de 53 km au coeur de l’Himalaya. Seul, en pleine pandémie mondiale, le jeune coureur se lance…

Imagine
Imagine
Nims Dai : le nouveau phénomène de l’alpinisme

Nims Dai : le nouveau phénomène de l’alpinisme

Depuis son ascension-événement du K2 cet hiver, sans oxygène, le nom de l’alpiniste népalais Nirmal Purja, alias Nims Dai, fait la une des médias du monde entier. Rencontre avec le nouveau phénomène de l’himalayisme !

Nims, l’homme de tous les records

Une trentaine d’années et déjà plusieurs vies. Le CV de l’alpiniste népalais Nirmal Purja, plus connu sous le nom de Nims Dai (« Dai » est une appellation familière au Népal, traduisible par « garçon » ou « gars »), est bien trop long pour être ici décrit. L’homme est un phénomène. Sur les sentiers de l’Himalaya comme sur les réseaux sociaux, qu’il occupe généreusement. Cet ancien soldat des forces spéciales britanniques, répondant au doux diminutif de Nims pour les initiés, semble se nourrir de toutes les expériences. Un physique hyper affûté, une équipe ultra rôdée et une force mentale inébranlable pour faire la différence. Et une soif de vivre, sans limites. Emportant avec lui toute une nation, le Népal, pas peu fière de son enfant prodige. Avec Nims, rien ne semble impossible…

@nimsdai

14x8000m en 6 mois et 6 jours

Nous sommes en octobre 2019 quand l’alpiniste népalais réussit son pari fou, jugé irréalisable par beaucoup, le « Possible Project » : gravir les quatorze plus hauts sommets de la planète en moins de sept mois, alors que le précédent record (détenu par le Coréen Kim Chang-Ho) était donné en sept… ans, 10 mois et 6 jours ! Déjà adulé au Népal et en Asie, l’ancien des forces spéciales britanniques éclot alors aux yeux du monde : ce nouveau record planétaire au compteur, Nims entre dans l’histoire de l’alpinisme et attire définitivement la lumière. L’aura de ce nouveau sprinteur des cimes grandit, expé après expé. Mais son utilisation de l’hélico pour se rendre sur les camps de base et l’usage de l’oxygène sur les expés nourrissent encore les débats au cœur du sérail montagnard. Quand bien même, Nims embrasse un nouveau rêve : être le premier alpiniste à réaliser l’hivernale du K2… sans oxygène, cette fois…  Du jamais vu.

@nimsdai

Objectif K2 réussi !

Là encore, Nims, qui n’entre « en compétition avec personne d’autre qu’avec lui-même », déjoue tous les pronostics. Le 16 janvier dernier, la nouvelle tombe. Et les bras de nombreux himalayistes par-delà la planète, avec : entouré d’une dizaine de Népalais, Nims vient de réussir la première ascension hivernale du K2 (8611m), le deuxième plus haut sommet du monde. Cerise sur le sac à dos, lui (et lui seul) l’a gravi sans oxygène. L’Hivernale du K2 sans ox ?! Craaaazy. Bien sûr, comme l’a fait judicieusement remarquer l’ultra-traileur Kilian Jornet, Nims a profité du travail de ses compagnons de cordée qui ont installé les cordes fixes sous oxygène. Mais le moment est historique : Nims vient ici de signer un nouveau coup de maître. Même la « montagne sauvage » n’aura pas résisté au sourire solaire de l’ancien Gurkha. Et si ce n’était que le début…

🗻 Pour en savoir plus :

https://www.nimsdai.com/

🔎 Article autour du « Possible Project » (14x8000m) :

Article paru sur Montagnes Mag

Climbing Blind : Non-voyant, Jesse Dufton grimpe « Old Man of Hoy » en tête

Climbing Blind : Non-voyant, Jesse Dufton grimpe « Old Man of Hoy » en tête

Le grimpeur britannique Jesse Dufton a quatre ans quand on lui diagnostique une maladie génétique rare qui lui détruit les cellules de la rétine. À 20 ans, il n’arrive plus à lire. À 30 ans, sa vision est réduite à une simple perception de la lumière avec un champ de vision d’environ 1 ou 2%. Pourtant, Jesse Dufton défie les diagnostics comme les lois de l’apesanteur. Il continue à grimper. En trad. Et en tête, s’il vous plaît ! Un destin hors-du commun à retrouver dans le documentaire Climbing Blind, primé dans les plus grands festivals de films d’aventure au monde (Kendal, Vancouver, Bilbao, Dijon), qui suit le parcours exceptionnel de Jesse autour d’un défi tout aussi incroyable : être le premier grimpeur non-voyant à escalader en tête l’emblématique pilier écossais du « Old Man of Hoy ». Près de 140m de grès friable, balayé par la mer et par les vents. Chiche ?

Un destin hors du commun

Suivre le parcours du grimpeur britannique Jesse Dufton, c’est à la fois découvrir une détermination et une force de caractère hors-normes mais c’est aussi embrasser un destin exceptionnel, qui renverse les idées toutes faites et repousse les frontières du handicap. Sur les traces de son père, alpiniste émérite et membre d’une équipe de secours en montagne, Jesse Dufton commence à grimper très jeune : première voie à 2 ans, première falaise à 11 ans. Mais entre ces deux périodes, un diagnostic médical vient bouleverser la vie du jeune Britannique : Jesse est atteint d’une maladie génétique rare qui lui fait, petit à petit, perdre la vue. Étudiant à la fac de Bath, le jeune homme s’inscrit au club d’alpinisme. Entouré d’amis qui le soutiennent dans sa pratique, il s’adonne avec joie à sa passion, fait de l’escalade sur glace, découvre le style alpin. Et par-dessus tout, Jesse rencontre Molly, une jeune femme sportive et brillante qui sera sa plus fidèle compagne de cordée avant de devenir « ses yeux » au pied des voies et sa femme dans la vie.

Climbing Blind - Jesse & Molly

Quand Jesse rencontre Molly

À tout juste 20 ans et un doctorat en cours, la vue du jeune homme se détériore. Jesse n’arrive plus à lire. Face à la maladie et au handicap, cet amoureux du rocher et des belles choses s’adapte. Il continue ainsi à vivre sa passion de l’escalade, malgré sa cécité grandissante. À 30 ans, il ne perçoit désormais plus que des ombres… Pourtant, en paroi comme dans sa vie comme, Jesse agit avec calme et sérénité. Certains diraient aisément avec un flegme et des traits d’humour dont seuls les Britanniques ont le secret : « Pour moi, traverser la route est bien plus dangereux que faire de l’escalade ! » s’écrit-il, face caméra, un généreux sourire en bandoulière.

Climbing Blind - Old Man of Hoy

Une aventure humaine plus qu’un défi sportif

En 2017, Jesse Dufton rejoint l’équipe nationale britannique d’handi-grimpe. Mais à mesure que ses bras prennent de la puissance, ses yeux l’abandonnent : Jesse ne voit plus que du flou, ne distingue même plus sa main devant son visage. Pour autant, rien ne l’arrête. Courant 2019, avec deux premières au Groenland (par – 20° !) en compagnie de Molly en poche, l’insolite défi d’aller se confronter au grès rouge de « The Old Man of Hoy » en trad et en tête arrive tout naturellement. Jesse se sent prêt. Nous sommes sur la côte ouest de l’île Hoy dans les Orcades, au Nord de l’Écosse, à cinq heures de route de la capitale Édimbourg. Deux ferries et une marche d’approche vertigineuse plus tard, Jesse est au pied de ce pilier légendaire de 137 mètres de haut (côté 6a+ > 6a). Entre roche délicate, rafales de vent et mouettes rieuses, Jesse s’élance dans la voie. En trad et en tête, donc. Son seul guide face à la puissance des éléments ? La voix de Molly, son alter ego dans la vie comme sur le caillou. On laissera à Jesse le mot de la fin : « I am not disabled, but blind and able », comprenez « Je ne suis pas handicapé mais aveugle et capable ». Une phrase qui claque plus fort qu’un clip de dégaine. Et nous voilà, derrière l’écran, à transpirer sévère. Mais surtout à prendre une belle leçon de vie. « Vaché, Molly ! ».

Alastair Lee, réalisateur de l’extrême

Pour filmer ce destin hors du commun, il fallait bien tout le génie du réalisateur et producteur Alastair Lee (Al pour les intimes !) déjà à l’œuvre sur The Asgard Project (2010) et Spectre Expedition : Mission Antarctica (2019), deux films mythiques sélectionnés pour le Banff Centre Mountain Film and Book Festival. Amoureux des sports extrêmes, le photographe et réalisateur britannique a parcouru le monde, de l’île de Baffin à la jungle vénézuélienne, pour filmer et photographier les plus grands athlètes. Mais surtout, révéler à l’écran le portrait de personnages hors normes, d’aventures humaines exceptionnelles avec un sens aigu du storytelling. Pour Climbing Blind, au-delà de l’histoire incroyable de Jesse & Molly Dufton et des paysages époustouflants qu’offrent les falaises emblématiques de « The Old Man of Hoy », il y a pour Al Lee à la fois un défi technique considérable et un questionnement d’ordre éthique : alors qu’il va être au-dessus de Jesse pour filmer sa progression sur la paroi, se doit-il d’intervenir si l’athlète dévie de la voie ? Le résultat est saisissant : au-delà de la prouesse technique, le film s’élève, tel cette tour de grès d’une sauvage beauté au milieu des éléments déchaînés, comme un monument de sincérité et d’humanité. Et résonne comme un hymne au dépassement de soi et à la résilience.

🧗‍♂ Pour en savoir plus sur le grimpeur Jesse Dufton :

https://jessedufton.com

🎥 Pour en savoir plus sur le réalisateur Alastair Lee :

https://www.posingproductions.com

🔎 Articles autour du film :

Article paru sur Montagnes Mag

Article paru sur Outside.fr

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🎬 Retrouvez le film Climbing Blind dans le programme vert 100% escalade du meilleur du Festival de Banff sur Bonne Projection jusqu’au 18 avril 2021