This Mountain Life

This Mountain Life

Avec This Mountain Life le réalisateur canadien Grant Baldwin a remporté le Prix du Meilleur Film de Sports d’Hiver du festival de Banff en 2018. La version intégrale du film transporte le public au cœur de la Colombie-Britannique, à la découverte de personnages vivant une relation passionnelle avec la montagne. 

Martina Halik, photographe et prévisionniste avalanche, est à l’origine de cette aventure. Tout a commencé après qu’elle ait lu un article sur une expédition similaire. «Je trouvais que ça avait l’air cool. C’était la chose la plus dure et la plus folle que quelqu’un pouvait avoir envie de faire», raconte Martina, qui explique qu’elle traversait sans doute une petite crise existentielle : «Ma vie devenait monotone, trop facile. Ça semblait donc la chose la plus difficile, le défi que je recherchais. J’ai demandé à ma mère de m’accompagner. Elle a dit oui sans hésiter !». La dite maman, Tania Halik, est moniteur de ski, auxiliaire médicale et elle entraîne également des chiens d’avalanche.

Pendant la traversée, le réalisateur Grant Baldwin et son coéquipier les ont suivies sur trois segments stratégiques. Le réalisateur explique qu’il a senti Martina en grande difficulté morale et physique lors de leur première venue. « La seconde fois, elle était sortie de “la noirceur”» dit-il. Martina explique qu’elle a en effet mis du temps à réaliser que même si elle voulait arrêter, elle ne pourrait pas abandonner. « Il y a eu très peu de moments où elles auraient pu demander qu’un hélicoptère vienne les récupérer», continue Grant Baldwin. « Pour y parvenir, le pilote aurait dû prévoir à l’avance un dépôt de carburant pour être en mesure de les rejoindre.»

Sa mère adopta dès le début une tout autre philosophie comme l’explique le réalisateur :«Pour Tania, ce n’était pas une question de vie ou de mort, c’était sa décision d’être là. C’est en ville qu’elle n’est pas à l’aise. La montagne, c’est sa place »

Certaines journées ou semaines furent plus difficiles que d’autres : « C’est la météo qui, comme un dieu, décidait de nos journées. Allions-nous avancer, être détrempées, avoir froid ou même juste être en mesure de nous parler ?». La quantité d’efforts demandés dépendait également du temps entre les ravitaillements. « Quand on doit prévoir trois semaines entre deux largages, cela donne une charge considérable à tirer avec nos traîneaux…».

Le terrain a aussi été une difficulté… et contrairement à ce qu’on imagine – des cols infranchissables, de dangereux glaciers – c’est la végétation qui a ralenti les deux aventurières ! « Il n’y a pas de sentier et il faut se frayer un passage à travers la broussaille et les arbres. Nos traîneaux se coinçaient sans cesse. C’était vraiment difficile et terriblement lent », se rappelle Martina. Il leur a fallu parfois 10h d’efforts pour parcourir seulement… 3 km.

Mais elles ont aussi vécu des moments exceptionnels, de pur bonheur. « Sortir la nuit et voir des aurores boréales, découvrir une grotte de glace ou encore une source d’eau chaude et s’y baigner toutes nues faisait partie des plaisirs qui illuminaient nos journées», se remémore Martina.

Et passer 6 mois, 24h/24 toutes les deux, dans un quotidien éprouvant, les a délibérément rapprochées. « Particulièrement quand c’est la seule personne à qui tu as à parler !», s’exclame Martina. « J’en ai donc appris plus sur son passé, d’où elle venait et les épreuves qu’elle a traversées. On peut désormais lire dans nos pensées respectives », dit-elle en riant.

Comment retrouver une vie « normale » après un tel périple ? En planifiant d’autres aventures ! Martina et Tania ont déjà prévu de poursuivre leur route en Alaska pour un voyage de 3 mois au printemps : « Il devrait faire moins froid, ce sera plus lumineux et il n’y aura pas de broussailles !», explique Martina.

 

Site officiel :https://mountainlifefilm.com/

Source : Christian Geiser, La Presse, Québec, Canada

Home : Le tour du monde de Sarah Outen

Home : Le tour du monde de Sarah Outen

En 2011, l’aventurière britannique Sarah Outen s’élance pour un tour du monde qui ne s’achèvera pas avant 2015. Partie de Londres, elle traverse océans et continents à la seule force des bras et des jambes, en vélo, en kayak et en bateau à rames, totalisant plus de 32 000km.Un long périple en solitaire semé de difficultés et d’épreuves, dont une violente tempête en plein océan Pacifique qui poussera Sarah au-delà de ses limites physiques et psychologiques.

Sarah Outen

Sarah a démarré sa carrière d’aventurière quand elle avait tout juste 20 ans, à la suite du décès soudain de son père. Elle s’engagea alors dans le projet de traverser l’océan Indien à la rame et en solitaire, à sa mémoire, tout en levant des fonds pour des organismes caritatifs. En 2009, à 24ans, après 124 jours à ramer seule de l’Australie à l’île Maurice, Sarah devenait la première femme et la plus jeune personne à avoir traversé l’océan Indien à la rame en solitaire. Cet exploit lui valut les honneurs de son pays à travers un MBE (Member of the Order of the British Empire).

Tout en ramant au beau milieu de l’océan germa un nouveau rêve : celui de découvrir des paysages, de rencontrer des gens, et de parcourir les autres océans… Le projet « De Londres à Londres à travers le monde » était né, avec l’objectif d’une nouvelle levée de fonds pour plusieurs associations, de donner envie à chacun de vivre ses aventures, et au final, de revenir à la maison saine et sauve… 

Image Home Sarah outen

En novembre 2015, à l’âge de30 ans, Sarah achevait ainsi sa plus grande expédition, et la dernière en date : une itinérance autour de l’hémisphère nord à travers l’Europe et l’Asie, l’océan Pacifique, l’Amérique du Nord et l’Atlantique, en pédalant, en ramant et en pagayant pendant 32 000 km. Une odyssée de quatre années et demi pour parcourir cultures, climats et paysages, face à elle-même et à ses démons intérieurs, aux éléments naturels impitoyables et au temps qui passe. D’innombrables imprévus, parfois de taille, ont donné à ce périple toute sa richesse, et le voyage géographique s’est doublé d’un voyage intérieur, remuant zones d’ombre et blessures passées, duquel Sarah est revenue grandie.

Désormais mariée à sa compagne Lucy, Sarah travaille sur d’autres projets de voyages dans un genre différent. L’aventurière est très investie dans le monde associatif, et parraine plusieurs associations. Sarah est également auteur de deux livres (« A Dip in the Ocean »et « Dare to Do »), et conférencière. Son credo : encourager les gens à sortir davantage et inciter les jeunes à oser se lancer à l’aventure.

Jen Randal

Jen réalise des documentaires qui parlent de terroirs et d’identité, et a vu son travail plusieurs fois récompensé. Elle a travaillé pour, entre autres, la BBC, Channel 4 et SenderFilms, et ses films ont été primés dans des festivals internationaux de films de montagne tels que ceux de Banff,Vancouver, 5Point et Kendal.

Sarah – Combien d’heures de prises de vues avais-tu ? Est-ce que la contrainte permanente de faire des images a été un problème ?

Je ne saurais même pas vous dire combien il y avait d’heures de rushes. Jen s’est retrouvée avec une sacrée mission ! Parfois ça a été dur, oui. À certains moments, je me forçais vraiment à filmer parce que je n’en avais aucune envie, ou parce que c’était frustrant d’avoir en permanence la présence de la caméra, à d’autres moments c’était des remarques extérieures qui me perturbaient. En mer, c’était parfois trop dangereux, ou parfois j’avais trop peur pour arriver à filmer. Parfois c’était un ennui technique qui empêchait de tourner, comme la casse ou la perte d’une pièce du matériel, ou le délai de chargement des batteries, ou la nécessité de les garder au chaud quand il faisait trop froid… Mais malgré tout j’étais convaincue que quelque part dans toutes ces images il y aurait un film à partager, et la plupart du temps, la caméra constituait une présence amie très importante.

Jen –Tu peux nous parler du dérushage ? Ça a dû représenter un travail monstre !

Quand je me suis attelée à ce projet, je n’avais pas vraiment mesuré la montagne à laquelle je m’attaquais. J’avais planifié un mois pour passer les images en revue, mais au final il m’en a fallu quatre ! Au bout d’un moment on a recruté un assistant monteur pour m’aider et surtout pour que je puisse commencer le montage, parce que sinon j’y serais encore ! Donc oui c’était un énorme travail de parcourir les rushes, et de rassembler les pièces du puzzle, mais ce qui m’a beaucoup plu dans ce projet c’était l’authenticité et le naturel des images, qui faisaient qu’ici ou là je tombais sur une séquence magique qui me redonnait de l’élan pour le film. J’ai été impressionnée par l’assiduité avec laquelle Sarah a filmé tout au long de son voyage, car cela demande beaucoup d’énergie et de concentration.

Sarah – Si les spectateurs devaient retenir de ton film un message principal, lequel serait-ce ?

Je veux qu’ils se disent qu’on a le droit d’être mal de temps en temps, et que ce n’est pas un problème, et qu’il y a moyen d’aller mieux. Qu’être fragile et oser demander de l’aide, c’est bien. Plus on fait preuve d’ouverture d’esprit en matière de bien-être mental, et c’est valable aussi dans le monde de l’aventure où on peut être tenté d’en faire trop face à la pression ou aux stéréotypes, et plus on évitera les maux et les suicides en aidant les gens à se sentir mieux. Je veux que les gens osent faire face à leurs peurs, en se disant que cela va leur apporter quelque chose, qu’il s’agisse de se lancer dans un défi ou un nouveau projet, ou de persévérer dans une entreprise difficile, ou même d’être assez courageux pour renoncer et arrêter. Faites preuve de courage, de gentillesse, de curiosité.

Hunza : Freeride initiatique au Pakistan

Hunza : Freeride initiatique au Pakistan

Quand trois potes d’enfance, tous passionnés de montagne et originaires de Chamonix, partent ensemble à l’aventure au fin fond de la vallée des Hunza, aux confins du Pakistan, cela donne d’incroyables lignes de freeride dans un décor XXL bien sûr, mais aussi un voyage humain riche et vibrant au cœur d’une culture oubliée… Sam Favret nous parle du rêve derrière cette expé. 

Vous annoncez la couleur dès les premières séquences : votre idée était de faire un film qui « échappe aux clichés »…Lesquels ?

Ce qu’on entendait par « casser les clichés », c’était l’idée de casser notre routine, de partir à l’aventure dans un lieu qui n’est pas commun. Disons qu’il y a moins de skieurs au Pakistan qu’au Canada ou au Japon ! On voulait sortir de notre zone de confort et nous confronter à l’inconnu. On ne peut pas dire que ce soit encore vraiment le cas dans le massif du Mont-Blanc…

Avez-vous ressenti vous-mêmes surplace « la force invisible » de cette vallée un peu magique ?

De toutes façons, on ne peut pas rester indifférent dans ce genre de voyage. Mais disons que oui, nous avons ressenti cette force dans la vallée des Hunza. Sans doute d’abord parce que l’endroit regorge de légendes et de mythes, et que les habitants eux-mêmes vénèrent ces montagnes sans trop s’y aventurer. Et également parce que la démesure des paysages à la fois chaotiques et magnifiques force le respect et l’admiration. Chamonix suscite déjà l’émerveillement. Hé bien dans la vallée des Hunza, tout est décuplé, plus grand, plus pur.

Avez-vous goûté l’eau au « secret de jouvence » ? A-t-elle vraiment quelque chose de spécial ?

Nous l’avons goûtée, et utilisée pour nous laver. Je ne pourrais pas dire si cette eau a eu des bien faits sur notre corps, mais en tous cas, elle descend directement des grands glaciers du Karakoram et n’est pas traitée. Son apparence est trouble, voire sale, et elle est remplie de minéraux. Des expériences ont été faites sur cette « dancing water » comme l’appellent les locaux. La longévité des habitants est peut-être due en partie à cette eau, mais sans doute aussi à leur hygiène de vie globale, meilleure que la nôtre sans aucun doute !

Le film donne l’impression que tout s’est super bien passé pendant cette expé. Il n’y a vraiment pas eu de problèmes ni d’imprévus ?

Le film est vraiment transparent et n’embellit pas l’histoire. Et tant mieux que tout se soit bien passé sur le terrain, car on sait l’ampleur que peuvent prendre les problèmes là-bas. Quand on est dans une région reculée et austère, et qu’on ne peut compter que sur soi, il faut redoubler de prudence car le moindre couac peut devenir un véritable enfer. L’équipe de tournage a notamment été choisie pour son expérience et la capacité de chacun à se rendre en montagne en terre inconnue !

Plus d’infos : @samfavret

Crédits photos Jeremy Bernard

The Ladakh Project : interview de Nouria Newman

The Ladakh Project : interview de Nouria Newman

Nouria Newman n’a plus grand-chose à prouver dans le domaine du kayak d’aventure. Elue trois fois meilleure kayakiste extrême de l’année, elle a également trois titres de championne du monde à son actif. Mais loin des rivières artificielles, Nouria aime aussi partir seule découvrir de nouveaux rapides sauvages. Comme les eaux des tumultueuses et dangereuses rivières de l’Himalaya indien. Cette aventure en solo est capturée dans le film The Ladakh Project dont Nouria nous dit quelques mots.

Quelle a été la genèse de cette expé et comment t’es venue cette idée d’aller descendre cette rivière-là ?

« J’étais allée en Inde pour une compétition au Malabar River Festival, et comme je n’aime pas voyager dans un pays seulement pour une compétition, j’avais planifié dans la foulée une expé avec des copains pagayeurs allemands. Le projet était d’ouvrir desrivières dans l’état de Kerala, mais ça a été hyper compliqué et au final on n’a pas réussi. On nous refusait tous les permis, les gens nous dénonçaient à la police, c’était une expérience désagréable.

Pourtant j’avais toujours entendu parler de l’Inde en bien, et là j’étais vraiment frustrée d’avoir visité principalement des commissariats. Je me suis dit que si je restais sur cette mauvaise impression, je ne remettrais jamais les pieds dans ce pays. Un copain indien, Shalab, m’avait parlé des rivières de « Ladakh Project », alors je me suis dit « rate ton avion, va faire ces trois rivières, et tu te feras une idée définitive par toi-même ».

Mon billet d’avion retour n’était ni échangeable ni remboursable, et comme je n’avais pas beaucoup d’économies, j’ai approché RedBull Inde pour leur proposer le projet en dernière minute, ils m’ont aidée pour le soutien logistique sur place, et…………. »

Surfer Dan

Surfer Dan

Daniel Schetter a 40 ans, vit dans un mobil home, cultive du cannabis thérapeutique, aime se balader avec ses deux chiens et surfe environ 150 jours par an sur le lac Supérieur, été comme hiver. Le film « Surfer Dan » nous présente son univers. On a cherché à en savoir plus sur ce personnage atypique et attachant.

Comment tout a commencé ?

Je suis né à Marquet dans le Michigan, où j’habite maintenant. Mon père était ouvrier dans la métallurgie. Petit, je jouais beaucoup dehors, je faisais de la luge, je pêchais. Avec les copains, on s’accrochait aux parechocs des voitures pour se faire trainer derrière en glissant. Parfois on se les gelait dehors, mais on s’amusait tellement. Je n’aimais pas être enfermé à l’intérieur, même quand il faisait moche.

Quand mes parents ont divorcé, ça n’a pas été facile, beaucoup d’instabilité, du coup je suis parti vivre chez ma tante au Japon. Elle travaillait sur une base militaire. Je rentrais passer l’été chez ma mère dans le Michigan. Un été, on a fait escale à Hawaï. J’ai pris ma première vague là-bas. J’ai tout de suite été accro. Puis j’ai découvert qu’il était possible de surfer sur le lac Supérieur et j’ai continué à surfer de retour au Japon.

Tu as fait des études ?

Oui, mais ça ne m’a pas réussi… Du coup j’ai fait plein de petits boulots et je suis devenu agriculteur, je fais pousser ma nourriture et mes herbes médicinales. J’ai été le premier agriculteur légal de marijuana à usage médical dans le Michigan.

 Qu’est-ce qu’on ressent quand on est là, dans le lac, en plein froid, à attendre une vague ?

Quand une vague arrive, je stresse. Je sais que je dois me placer au bon endroit pour l’attraper. Et là quand je nage et que je décolle, j’adore regarder la vague se former, décider dans quel sens elle me lance et où elle va m’engloutir. C’est difficile ici de prendre un rouleau et d’arriver à en ressortir. Le truc que je veux absolument, c’est une photo de moi sortant du tube avec ma barbe couverte de glace ! C’est ce qui me motive, c’est mon but !